L'Otan s'inquiète d'un possible engagement plus grand de Moscou en Syrie

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, s'est déclaré mardi inquiet des informations faisant état d'un engagement militaire accru de la Russie en Syrie, avertissant que tout renforcement du soutien au régime de Bachar el-Assad ne ferait qu'aggraver le conflit.

"Oui, je suis inquiet des informations selon lesquelles la Russie pourrait avoir déployé du personnel militaire et des avions en Syrie", a déclaré M. Stoltenberg dans un échange de vues organisé sur sa page Facebook, en réponse à une question de l'AFP.
"Tout soutien militaire au régime d'Assad pourrait mener à une escalade du conflit et à la perte de vies (de personnes) innocentes supplémentaires", a-t-il déclaré.

Il s'exprimait quelques heures après que la Bulgarie, pays membre de l'Otan, a annoncé avoir refusé à un nombre non précisé d'avions russes de traverser son espace aérien à la fin de la semaine dernière, sur fond de craintes des Etats-Unis d'un appui militaire croissant de Moscou au régime syrien.

Samedi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui exprimer l'"inquiétude des Etats-Unis" quant à un éventuel engagement militaire de la Russie en Syrie.
M. Lavrov avait souligné au cours de cet entretien que "la partie russe n'avait jamais caché livrer des équipements militaires aux autorités syriennes pour lutter contre le terrorisme", selon la diplomatie russe.

En réponse à une autre question, M. Stoltenberg a jugé que le groupe Etat islamique (EI) constituait "une grave menace pour le peuple irakien, le peuple syrien, pour la région, pour nos pays".
Jusqu'à un million de Syriens sont potentiellement en danger, alors que la guerre civile -qui a fait 250.000 morts depuis mars 2011- a déjà provoqué le déplacement de 11 millions de personnes, dont quatre millions ont fui leur pays, selon l'Onu.
"L'Otan travaille avec ses partenaires au Proche-Orient, en Afrique du Nord (...) pour les aider à retrouver la stabilité, afin qu'ils puissent sécuriser leurs propres pays et leur propre région", a en outre expliqué le secrétaire général de l'Alliance atlantique.
La plupart des 28 Etats membres de l'Otan jouent un rôle actif dans la coalition contre l'EI dirigée par les Etats-Unis, mais l'Otan en tant que telle n'y est pas directement impliquée.

Enfin, évoquant l'Ukraine, où il doit se rendre d'ici peu, M. Stoltenberg s'est dit "encouragé" par des signes récents indiquant que le cessez-le-feu décrété en février était enfin observé, après que les combats entre les troupes ukrainiennes et les rebelles prorusses eurent fait près de 8.000 morts, selon l'Onu.

Les relations entre la Russie et les Occidentaux se sont considérablement tendues depuis le début du conflit en avril et l'annexion de la Crimée, le mois précédent. L'Otan œuvre à renforcer la réactivité de ses troupes et a fortement accru ses manœuvres et ses patrouilles aériennes et navales sur son flanc oriental.