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Moyen Orient et Monde - Ukraine

La réforme constitutionnelle vire à la bataille rangée à Kiev

Un mort et une centaine de blessés dans des affrontements entre policiers et militants d'extrême droite opposés à « l'abandon de territoires » aux rebelles.

Les heurts sanglants, hier à Kiev, ont opposé les forces de l’ordre à des membres du parti nationaliste et antirusse Svoboda. De nombreux manifestants ont jeté des grenades fumigènes sur la police. Un membre de la garde nationale a succombé à un éclat dans le cœur. Genya Savilov/AFP

L'adoption par le Parlement ukrainien d'un projet de loi octroyant une plus grande autonomie aux régions séparatistes prorusses en guerre avec Kiev a tourné, hier, à l'affrontement meurtrier entre policiers et militants d'extrême droite opposés à cette réforme.
Un total de 265 députés, pour un minimum requis de 226, ont voté en faveur de ce projet, en première lecture, lors d'une séance houleuse au cours de laquelle des députés opposés à cette réforme ont bloqué l'accès à la tribune parlementaire aux cris de « honte ». Le projet octroie davantage de pouvoirs aux conseils des élus régionaux et locaux, notamment ceux situés dans la zone actuellement sous contrôle rebelle. Il autorise également l'organisation d'une « police populaire ». Mais contrairement aux attentes des séparatistes, il ne confirme pas définitivement le statut de semi-autonomie des territoires sous leur contrôle. Selon le texte, ce statut doit être déterminé par une loi séparée et seulement pour une durée de trois ans. Le projet doit encore être voté en deuxième lecture, à une date encore non fixée, cette fois à une majorité des deux tiers des 450 députés, une barre qui pourrait s'avérer difficile à passer.
C'est la première fois depuis le soulèvement pro-européen de Maïdan début 2014, qui avait conduit à la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch, que la capitale ukrainienne est le théâtre de telles violences. Les heurts ont opposé les forces de l'ordre à, notamment, des membres du parti nationaliste et antirusse Svoboda, en colère à l'idée de voir les députés accorder une plus grande autonomie à leurs ennemis jurés des territoires sous contrôle rebelle. Cette nouvelle crise politique s'est cristallisée dans la matinée quand plusieurs centaines de manifestants, dont de nombreux nationalistes et des militants de Svoboda, ont commencé à jeter des grenades fumigènes sur la police, qui défendait le Parlement, quand ils ont appris que le texte avait été adopté.
Rapidement, le ton est monté : un engin explosif lancé depuis la foule est tombé devant l'entrée principale du Parlement, faisant de nombreux blessés, essentiellement des membres des forces de l'ordre, mais aussi plusieurs journalistes. Un membre de la garde nationale a succombé à un éclat dans le cœur, selon Natalia Stativko, porte-parole du ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov. Selon la police de Kiev, jusqu'à 100 personnes ont été blessées, dont plusieurs gravement. Dans un bilan séparé, les autorités municipales ont indiqué que les secours avaient identifié 56 blessés, soit 54 policiers et deux journalistes.

Action antiukrainienne...
« Trente personnes ont été arrêtées, il y aura d'autres arrestations. Le lanceur de grenade a été attrapé » en possession d'autres grenades, a indiqué M. Avakov, précisant qu'il s'agissait d'un militant de Svoboda, combattant dans un bataillon paramilitaire dans l'est de l'Ukraine. Le parquet de Kiev a pour sa part annoncé l'ouverture d'une enquête pour « meurtre, violences, troubles massifs et violations de l'ordre public ».
Dans la soirée, le président ukrainien, Petro Porochenko, a pris la parole pour dénoncer un « coup dans le dos » de l'Ukraine et a promis de punir les responsables des violences. « C'était une action antiukrainienne » dont les organisateurs « devront être sévèrement châtiés », a-t-il déclaré dans une claire allusion à Svoboda, déjà qualifiés de « bandits » et accusés d'être à l'origine des violences par M. Avakov. Ces affrontements ont suscité la « vive préoccupation » de l'Union européenne et de la Russie. Pour sa part, Berlin a condamné « avec la plus grande fermeté » ces « émeutes sanglantes ».
Svoboda, qui ne siège plus au Parlement, est un parti d'extrême droite dont le leader, Oleg Tyagnibok, s'est fréquemment illustré pour ses excès verbaux contre les Russes ou les juifs. La question de l'autonomie des « républiques populaires » autoproclamées de Donetsk et de Lougansk est au cœur des accords de paix de Minsk 2, signés en février avec la médiation de la France et de l'Allemagne. Mais elle est synonyme pour beaucoup de nationalistes d'abandon de ces territoires aux rebelles.

(Source : AFP)

L'adoption par le Parlement ukrainien d'un projet de loi octroyant une plus grande autonomie aux régions séparatistes prorusses en guerre avec Kiev a tourné, hier, à l'affrontement meurtrier entre policiers et militants d'extrême droite opposés à cette réforme.Un total de 265 députés, pour un minimum requis de 226, ont voté en faveur de ce projet, en première lecture, lors...

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