La belle Rapunzel du petit écran, Dima Sadek, a introduit avec un ton dramatique et sur un air grave l'épisode du talk-show matinal, Nharkoun Saiid, lundi dernier, devant ses invités, deux des principales figures de la campagne « Vous puez ! », Assaad Thebian et Marwan Maalouf. L'heure était grave. Après avoir repassé les derniers soubresauts qui ont pimenté les manifestations du week-end dernier au centre-ville, la journaliste expose, outrée, sur l'écran, la première page du quotidien L'Orient-Le Jour.
En roulant langoureusement ses « r », pour plus de crédibilité de journaliste polyglotte, elle se lance dans une traduction littérale du titre de la manchette en expliquant aux téléspectateurs ce que les inventeurs de la langue de Molière ne savaient pas. La vraie signification, à son sens, de l'expression : « Lâcher ses chiens », une locution dont on ne retient que le sens figuré qui signifie donner l'ordre ou la permission à une personne ou un groupe de personnes d'attaquer quelqu'un, chose élémentaire pour les francophones. C'est en appuyant sur le mot « kilab », traduction du terme « chiens » pris en dehors du contexte de l'expression, que la jeune femme a fait comprendre à l'opinion publique deux vérités qui lui auraient échappé. La première est qu'une partie des manifestants a été traitée par L'OLJ d'animaux, et la seconde est que l'auteur du titre ainsi que la direction du journal sont d'une part, racistes et sectaires et, de l'autre, des aristocrates qui méprisent les classes défavorisées.
Madame s'indigne et s'offusque en direct en oubliant que c'est elle la seule personne responsable de cette comparaison, vu que le sens de l'expression ne prête à aucune confusion. C'est son ignorance de la langue française et sa mauvaise préparation de son devoir tôt le matin qui l'ont induite en erreur. Une expression ou une locution est une phrase utilisée pour son sens figuré, un deuxième sens qui dépasse la traduction de Google, madame. Des élèves de CE auraient pu la comprendre.
La gravité de l'interprétation de Rapunzel c'est qu'elle a réussi à attiser encore davantage la haine entre les différentes couches sociales et asséner un coup franc à l'un des médias, qui a participé dès le premier jour, tout comme la LBC, à la campagne (Vous puez !). Tout comme l'expression attendrissante utilisée par plusieurs politiciens et journalistes : « Les chiens aboient, la caravane passe », il n'y a aucun chien ni sur la photo pointée du doigt et encore moins dans le titre de la manchette.
L'agilité linguistique et intellectuelle de Madame la journaliste a beaucoup à envier à son agilité féline qu'elle ne manque pas de ronronner tout au long de ses apparitions.
Il est triste pour des journalistes manipulant l'information au plus haut niveau de se réduire à des pions de haine dynamisant leur épisode en attaquant d'autres médias tandis que l'heure est grave et que c'est la première fois depuis dix ans que le peuple réagit, mis à part qui en profite actuellement ou qui le fera prochainement. Les sujets ne manquent pas pour les journalistes, regardons vers l'avant pour ne pas rester sur le bord de la route et que la caravane passe sans nous.
commentaires (11)
Ben quoi, n'est pas qui veut Moon Najjar, Linda Noujaim, Edmonde Baladi, Elise Amiouny, ou Marie-Therese Arbid qui tenait si bien, et a juste titre, "Le Dernier Salon Ou L'On Cause" ... Pauvre Liban !
Remy Martin
13 h 11, le 31 août 2015