Une aggravation de la crise de l'immigration menace d'arracher "l'âme" de l'Union européenne, a estimé dimanche le ministre italien des Affaires étrangères, s'alarmant d'une possible remise en question des accords de Schengen.
Des scènes chaotiques comme celles de vendredi et samedi à la frontière entre la Grèce et la Macédoine représentent une réelle menace pour la libre-circulation des personnes à travers le bloc, a regretté Paolo Gentiloni dans une interview publiée par le quotidien romain Il Messaggero.
Des débordements ont eu lieu à la frontière gréco-macédonienne où plusieurs milliers de personnes avaient finalement pénétré en Macédoine, et une vaste opération en Méditerranée a permis de secourir environ 3.000 migrants. Pendant des semaines, la Macédoine a toléré l'entrée massive de migrants sur son territoire en provenance de la Grèce, mais le gouvernement de Skopje avait décrété jeudi l'état d'urgence et dépêché dans cette zone des forces de police et l'armée pour contenir ce flux.
L'Europe court le risque de montrer "le pire d'elle-même" en matière d'immigration, a mis en garde le ministre: "égoïsme, prises de décision hasardeuses et disputes entre les Etats membres", "Je suis très inquiet. Aujourd'hui, c'est sur cette question (de l'immigration, ndlr) que l'Europe soit redécouvrira son âme soit la perdra pour de bon", a-t-il asséné, exhortant les partenaires européens à commencer à travailler sur une solution commune à la crise.
L'alternative, a averti le ministre italien, serait l'effondrement des accords de Schengen permettant de circuler librement dans une grande partie de l'Europe continentale. "Ce qui est en danger est l'un des piliers fondamentaux de l'Union européenne: la libre circulation des personnes", a insisté Paolo Gentiloni. "De la côte sicilienne à Kos, de la Macédoine à la Hongrie et à Calais, les tensions montent et, au fil du temps, pourraient remettre Schengen en question".
"Pouvons-nous imaginer une Union sans Schengen ? Un retour aux anciennes frontières ?", s'est-il interrogé. "Les migrants n'arrivent pas en Grèce, en Italie ou en Hongrie. Ils arrivent en Europe. Voilà pourquoi les règles d'accueil doivent être +européanisées+", selon lui.
Dimanche également, le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel et le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier ont appelé à une politique du droit d'asile dans l'UE unifiée et renforcée, ainsi qu'une juste répartition des réfugiés entre les pays.
Avec la Grèce, l'Italie est un des pays les plus exposés à l'afflux massif de migrants. Plus de 104.000 migrants d'Afrique, du Proche-Orient et d'Asie du Sud ont atteint les ports d'Italie méridionale depuis le début de cette année après avoir été secourus en Méditerranée.
Des scènes chaotiques comme celles de vendredi et samedi à la frontière entre la Grèce et la Macédoine représentent une réelle menace pour la libre-circulation...
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