Naturellement à l’aise dans ses propres compositions.
Elles sont deux à tenir le haut de l'affiche en ce mois chaud d'août. Deux de nationalités différentes mais portant le même nom de baptême. Si la Suédoise Rebecca Ferguson accompagne Tom Cruise dans ses aventures de Mission Impossible, l'autre, la Britannique Rebecca Ferguson – et c'est elle qui intéressait les Libanais hier soir –, chante le blues à Beiteddine.
D'abord intimidée, presque apeurée de porter l'habit de la Lady, Rebecca Ferguson a pu, lentement mais sûrement, dépasser son émoi pour offrir quelques émotions. Dans une longue robe, on dirait tantôt vert émeraude, tantôt bleue, celle qui a été révélée dans The X Factor et qui a récolté un succès fou après son premier album Heaven, s'est retrouvée un peu étriquée dans la peau de Billie Holiday. Et pourtant, rien ne lui manquait : ni la voix, ni la douceur, ni cette allure jazzy qu'ont les grandes divas du blues.
La chanteuse originaire de Liverpool (l'accent était difficile à décrypter lorsqu'elle s'adressait au public) avait bouleversé dans Teach Me How to Be Loved. D'ailleurs, il suffisait, hier soir, qu'elle interprète une de ses compositions pour qu'elle dévoile son talent et toute la portée de sa voix, jusque-là refoulée dans l'ombre de Billie Holiday. Simple et épurée, Ferguson, dans The Lady Sings the Blues, rend hommage à cette grande dame du jazz partie trop tôt et essaie de réécrire l'histoire d'Eleanora Fagan : ses blessures, ses amours , ses déceptions et ses joies. On dit que Billie Holiday jouait sur scène plus qu'elle ne chantait. Rebecca Ferguson, elle, du mouvement de ses bras, dessinait des circonvolutions.
Entourée d'un très bon orchestre (mentions spéciales au pianiste et au trompettiste), elle enchaînera les tubes à sa manière. C'est Summertime puis God Bless the Child et My Man qui, enfin, marqueront un tournant au milieu du concert et réveilleront un public panaché. On distinguait en effet jeunes et moins jeunes dans cette cour intérieure de Beiteddine où la musique ressemblait un peu au son cristallin de l'eau du bassin.