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Moyen Orient et Monde - Discussions

Moscou aura du mal à convaincre l’opposition syrienne de son initiative

Des opposants syriens se retrouvent cette semaine à Moscou, mais les rencontres risquent de se transformer en dialogue de sourds car la Russie veut promouvoir la création d'une coalition antijihadiste incluant le régime de Bachar el-Assad. Ce projet russe visant à faire revenir sur la scène internationale le dirigeant syrien relève de la gageure car ce dernier est honni par l'opposition et vilipendé par l'Occident et les poids lourds du monde arabe.
La première rebuffade est venue mardi de la part du ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir qui, lors de son entretien avec son homologue russe Sergueï Lavrov, a rejeté l'idée de créer une large coalition contre le groupe jihadiste État islamique (EI) et exigé le départ de Bachar el-Assad. L'Arabie saoudite figure avec la Turquie et le Qatar parmi les principaux soutiens des insurgés qui luttent depuis quatre ans contre les forces du régime dans une guerre qui a fait 240 000 morts.
La Russie aura aussi du mal à se faire entendre de la coalition de l'opposition, principale formation en exil, dirigée par Khaled Khoja, proche de la Turquie, qui est attendu aujourd'hui à Moscou. Pour Hicham Marwa, adjoint de M. Khoja, « affronter le terrorisme passe par la mise en place d'un organe transitoire qui unit tous les Syriens. Il est clair aussi qu'Assad et les criminels autour de lui n'ont pas leur place dans cette phase, ni dans le futur de la Syrie ».
Quant aux dirigeants de la Conférence du Caire, l'autre rassemblement d'opposants, qui seront reçus demain à Moscou, ils estiment que « la victoire contre l'EI passe par un changement politique en Syrie, qui unifiera toutes les forces syriennes », a déclaré à l'AFP l'un d'eux, Haytham Manna.

« Pragmatisme »
« Nous voulons convaincre vendredi Lavrov d'adhérer à l'approche pragmatique de (l'émissaire de l'Onu pour la Syrie Staffan de) Mistura, c'est-à-dire d'avancer en parallèle sur différents sujets dans un processus pouvant conduire à une nouvelle conférence de paix dénommée Genève 3 », a-t-il souligné, en référence à deux autres conférences de paix à Genève qui avaient échoué.
M. de Mistura a proposé fin juillet la création de quatre comités réunissant régime et opposants sur la sécurité (mettre fin aux sièges, accès aux soins médicaux, libération des détenus), les questions politiques (dont les élections et un éventuel gouvernement de transition), l'aspect militaire (lutte contre le terrorisme et cessez-le-feu éventuel) et la reconstruction du pays.
Pour le régime, il faut mettre en place un gouvernement transitoire, formé du régime et de l'opposition sous l'autorité de Bachar el-Assad, organiser des élections législatives à l'automne, réformer ensuite la Constitution pour définir les pouvoirs du chef de l'État, « soit un processus qui peut durer plusieurs années en tout cas durant tout le mandat de Bachar el-Assad qui se termine en principe en 2021 », a expliqué un homme politique syrien.

« Processus complexe »
M. Lavrov doit aussi recevoir Saleh Moslem, dirigeant de l'Union démocratique kurde (PYD), principale formation kurde en Syrie, car pour ajouter à la complexité du conflit, les Kurdes ont établi une zone autonome dans le nord de la Syrie au grand dam de la Turquie qui craint de les voir gérer un territoire tout le long de sa frontière.
Mais pour l'expert de la Syrie, Thomas Pierret, l'initiative russe n'a aucune chance de réussir. « L'opposition n'a aucune raison de s'engager dans cette opération de réhabilitation du régime. La Russie n'a rien à offrir, elle campe sur la même position depuis 2011 : Assad reste au pouvoir. » « Moscou aura bien sûr l'aval d'Assad et de l'Iran et le rejet de l'opposition et de ses parrains régionaux », a-t-il dit.Malgré tout, Moscou reste optimiste, tout en reconnaissant que c'est un processus complexe. « Nous ne voyons aucun plan alternatif (...) notamment chez les Occidentaux, qui pourrait fonctionner. Et nos propositions sur le désarmement chimique de la Syrie ont fonctionné. Elles ont été acceptées aussi bien par le régime de Damas que par Washington (en 2013) et ont apaisé les tensions », a affirmé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
Interrogée sur les chances de succès de l'initiative, elle a répondu : « Nous ne sommes pas là pour faire des pronostics. Tout ce que nous faisons, nous le faisons en contact avec nos partenaires étrangers. »
(Source : AFP)

Des opposants syriens se retrouvent cette semaine à Moscou, mais les rencontres risquent de se transformer en dialogue de sourds car la Russie veut promouvoir la création d'une coalition antijihadiste incluant le régime de Bachar el-Assad. Ce projet russe visant à faire revenir sur la scène internationale le dirigeant syrien relève de la gageure car ce dernier est honni par l'opposition et...

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