Noyés dans les affaires de corruption et étouffés par les relents des déchets qui continuent de s'entasser à tous les coins de rues, les responsables libanais ne semblent pas conscients de l'importance des développements sur la scène régionale. Le ballet diplomatique qui se joue entre Moscou et Mascate les laisse totalement indifférents et selon les informations en provenance du palais Bustros, aucun contact officiel n'a été établi avec les ambassadeurs de Russie, d'Iran et d'Arabie saoudite pour leur demander de placer le Liban, avec le dossier des réfugiés syriens, sur la liste des problèmes à régler dans le cadre de la solution de la crise syrienne. Or jusqu'à présent, il n'a nulle part été question du Liban, dans toutes les discussions et les négociations en cours, qu'elles aient lieu au Qatar, à Oman, en Russie ou ailleurs. Pourtant ce qui se passe est loin d'être ordinaire. La réunion prévue demain entre les ministres russe et saoudien des Affaires étrangères pourrait, si elle est positive, s'élargir à une rencontre tripartite entre Lavrov, Joubeïr et... Walid Moallem qui se trouvera aussi à Moscou pour des concertations avec les dirigeants russes, sachant que la rencontre entre le vice-héritier du trône saoudien et le général syrien Ali Mamlouk avait eu lieu grâce à une initiative russe.
Même la visite, demain, du ministre iranien Mohammad Jawad Zarif à Beyrouth ne semble pas avoir été bien préparée. La visite a visiblement été décidée à la hâte et l'ambassade d'Iran à Beyrouth a demandé d'urgence une série de rendez-vous avec le Premier ministre Tammam Salam, le président de la Chambre Nabih Berry et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil. Quant à la rencontre entre Zarif et le secrétaire général du Hezbollah, elle se prépare par des canaux spéciaux.
Du côté libanais, les sujets qui seront évoqués sont les suivants : les conséquences de l'accord de Vienne sur la situation au Liban, la teneur de l'initiative iranienne pour le règlement de la crise syrienne et la vérification qu'elle comporte un volet sur la lutte contre le terrorisme et un autre sur le dossier des réfugiés syriens, en particulier au Liban, sachant que l'Iran a jusqu'à présent donné 3 millions de dollars en guise d'aide aux réfugiés syriens au Liban.
Les discussions devraient ensuite aborder des questions plus politiques, notamment la crise interne et la vacance à la présidence de la République, ainsi que les discussions franco-iraniennes au sujet de la présidence libanaise.
Des experts économiques proposent aux responsables libanais de demander au ministre iranien d'ouvrir la porte des investissements libanais dans son pays. Il est vrai que l'Iran a demandé depuis longtemps la dynamisation de la commission conjointe libano-iranienne dans ce but, mais les Libanais craignaient une condamnation de la communauté internationale qui avait imposé des sanctions économiques à l'Iran. Maintenant, les sanctions ont été levées et les sociétés libanaises sont intéressées à investir en Iran, au même titre que les sociétés françaises, italiennes, indiennes et autres qui se précipitent désormais à Téhéran... De plus, le Liban est intéressé par une coopération avec l'Iran sur le plan de l'énergie. Il devrait donc y avoir un large éventail de sujets à évoquer mais tout dépendra de l'emploi du temps du ministre iranien.
Liban - Dans les coulisses de la diplomatie
Zarif demain à Beyrouth : beaucoup de dossiers en suspens...
OLJ / Par Khalil FLEYHANE, le 10 août 2015 à 00h00
Tel un marchant ambulant de quatre saisons, il vient refiler à certains de ces niais libanais(h) ses tôles et tapis Tabrîz ondulés et Per(s)cés !
17 h 01, le 10 août 2015