Un peuple déraciné comme le fut, en 1948, le peuple palestinien. Photo FN
Le patriarche des syriaques-catholiques Ignace Joseph III Younane a commémoré hier, dans une déclaration, l'exode catastrophique de « dizaines de milliers de croyants déracinés de Mossoul et de la plaine de Ninive par le terrorisme le plus atroce de l'histoire moderne ». Il a attiré l'attention sur le fait que « un an après l'exode, ils sont toujours réfugiés au Kurdistan, et beaucoup parmi eux errent dans les prairies et les montagnes ».
Mgr Younane a réaffirmé « son soutien aux chrétiens d'Orient, notamment les syriaques présents dans la région depuis deux millénaires, que se soit en Irak ou en Syrie. Il a appelé en particulier à la libération d'un prêtre d'Alep, Jacques Mourad, enlevé il y a trois mois probablement par le Front al-Nosra ». Le patriarche des syriaques a renouvelé ses prières « pour que ce cauchemar prenne fin, et que les déplacés regagnent leurs foyers dans la liberté et la dignité ».
Dans la nuit du 6 au 7 août 2014, 120 000 chrétiens étaient chassés de leur foyer ancestral, la plaine de Ninive en Irak. Les troupes jihadistes de l'État islamique venaient de mener une offensive foudroyante les contraignant à l'exode.
La proximité de François
À l'occasion de cet anniversaire, le pape François a adressé une lettre à Mgr Maroun Laham, vicaire patriarcal pour la Jordanie, dans laquelle il souhaite faire part de sa proximité envers les chrétiens d'Irak.
Le Saint-Père déplore avec force le « silence de tous » face à la perséution de nombreux chrétiens, « victimes du fanatisme et de l'intolérance », « un crime inacceptable ». Il demande à la communauté internationale de ne pas rester « muette et inerte ». L'Église, assure le pape François, n'abandonne pas ses fils exilés en raison de leur foi : « Qu'ils sachent qu'une prière quotidienne s'élève pour eux, en plus de la reconnaissance pour le témoignage qu'ils nous offrent. »
Cette lettre a été confiée au secrétaire de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Nunzio Galantino, qui s'est rendu en Jordanie, à l'invitation du patriarcat latin de Jérusalem, pour commémorer l'anniversaire de cet exode. Proche du souverain pontife, Mgr Galantino doit visiter des centres d'accueil et participer à différentes initiatives et rencontres. Le pape François a donc profité de son déplacement pour exprimer sa solidarité envers les réfugiés irakiens contraints d'abandonner leurs maisons et leur terre, et pour leur adresser des paroles d'espérance.
François remercie tous ceux qui leur viennent en aide et appelle, une fois encore, la communauté internationale à agir face à cette situation dramatique. « À plusieurs reprises, rappelle-t-il, je me suis fait l'écho des persécutions atroces, inhumaines et inexplicables de ceux, les chrétiens en particulier, qui sont victimes du fanatisme et de l'intolérance dans le silence général. Ils sont les martyrs de notre temps, humiliés et discriminés en raison de leur fidélité à l'Évangile. »
Le Saint-Père rend un hommage appuyé à la communauté qui les prend en charge : « Par le partage des souffrances et l'aide solidaire, elle annonce la résurrection du Christ ; par son service fraternel, elle soigne les souffrances qui risquent d'étouffer l'espérance de ces milliers de réfugiés et éclaire ce moment si sombre de leur existence. »