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Culture - Festival de Beiteddine

La promesse de douce « tempête » de Marcel Khalifé

C'est une tempête chargée de rêves et de musique. Une douce tempête que Marcel Khalifé et son sextuor font lever sur le palais de Beiteddine. Trente ans après son premier spectacle, intitulé « Wo3oud mina al-Assifa », présenté dans le même cadre, le barde accompagné de son oud promet des aubes nouvelles pour ce mercredi 5 août.

Marcel Khalifé et son oud, en toute intimité musicale.

Il a toujours cette lumière qui brille au fond de la pupille, cette voix douce qui raconte des histoires, qui les chuchote comme si c'étaient de précieux secrets. Et si les cheveux ont pris un peu de grisaille, le rêve demeure frais et jeune. Intact.
À la fois témoin du temps qui passe et passeur de mots, Marcel Khalifé a toujours la même énergie, la même fougue. Il a tenu à faire cette rencontre « chez lui », à Jbeil près de la mer. Pour parler du projet qu'il avait présenté il y a une trentaine d'années, et qu'il offre encore une fois à Beiteddine, avec des saveurs nouvelles.

Facteur de l'amour
Bien sûr qu'il y a ses fils Bachar et Rami qui l'accompagnent dans ce projet, ainsi que d'autres musiciens, mais le oudiste compositeur ne cesse de se renouveler lui-même, (sauve)gardant son âme d'enfant et cette curiosité du monde qui l'entoure. « Je ne passe pas devant une fleur sans la regarder, et pour moi le soleil a chaque jour une autre brillance. » Et pourtant ! L'artiste, soixante ans sonnés, mais d'aspect juvénile, a traversé des jours bien sombres. En dépit de toutes les attaques, l'enfermement, l'isolement et les nombreux départs vers d'autres rivages, le jeune Khalifé, nourri du sel de la mer de Byblos et de cette mère, partie trop tôt, mais toujours omniprésente, est resté debout. Un être libre qui ne capitule devant aucune bataille, ne se laisse enchaîner par aucune mode et ne s'incline devant aucune ovation ou caprice de public.
« J'aime le contact du public, et la fusion avec lui, même si parfois j'ai des besoins de solitude. Ce que j'aime plus que tout, c'est lui transmettre mes choix musicaux. Et si, parfois, il a une certaine paresse à écouter des choses nouvelles, je suis confiant qu'au bout du compte, il finira par me suivre. D'ailleurs à tous mes spectacles, je perçois la présence de familles d'auditeurs : le grand-père qui a invité son fils, lequel a invité son propre enfant », raconte-t-il. L'artiste semble ainsi se rassurer de la transmissibilité et de la pérennité de sa musique. « Ce mercredi soir à Beiteddine, il y aura peut-être les enfants de ceux qui sont venus m'écouter il ya trente ans. Qui sait ? » On perçoit un certain plaisir qu'il ressent à revoir cette chaîne humaine qui se forme avec le temps.

L'enfant en lui...
Facteur de l'amour, Marcel Khalifé voyage toujours, emportant dans ses bagages des rêves d'enfant « qui ne sont pas morts » et des harmonies qu'il a reconstruites au fil des jours. Mais, surtout, cet amour qu'il donne et qu'il reçoit, « sans lequel un être ne peut être vivant ». Après un cheminement semé de bosses et de saillies, sa quête musicale qui a commencé par un jeu ludique, « en lisant les recueils de Mahmoud Darwiche durant mon enfermement », l'artiste s'est envolé pour Paris, a enregistré son premier disque avec les Chants du Monde et continué ses recherches tant musicales qu'intérieures. Si le parcours n'a pas été facile, « j'écrivais moi-même mes partitions alors qu'aujourd'hui, elles sont faites sur ordinateur », le chantre-poète ne regrette rien. Ce sont ces expériences à l'ancienne, qui sont faites pour perdurer.
Aujourd'hui citoyen du monde, les aérogares et les files d'attente connaissent ses pas. Le monde entier est devenu son pays et sa musique ne connaît plus de frontières. Elle a su traverser les âges, faisant fi des modes. De l'Albert Hall à la Scala de Milan, en passant par le théâtre des Champs-Élysées ou l'Opéra de Sydney ou de Amman, le message a été écouté. Mais le musicien n'est pas seulement un être qui boit, mange ou dort en pensant musique. L'art pour lui est une manière de vivre, de s'extasier devant le beau comme au premier jour.
Est-il croyant ? Pas de la manière traditionnelle, de la croyance de ceux qui s'inclinent devant Dieu, puis font du mal aux autres. Sa foi se prénomme amour « et le Christ est un être délicieux » dit-il. Évoquant sa foi, son cheminement et son rêve, l'artiste se dévoile et toute barrière tombe avec son interlocuteur. C'est dire combien l'art est un vocabulaire unificateur.
Pour Marcel Khalifé, la musique a toujours été un refuge. Face aux ordures qui blessent l'esprit et le cœur, les temps ravageurs et la laideur du monde, elle a été ce bouclier derrière lequel le musicien s'est protégé. Au palais des Émirs, il invitera le public à le suivre, se réfugiant tout comme lui... derrière ce rempart de sérénité.

 

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