Dans « L’Orient » du 3 août 1968 Le Liban décidé à riposter aux mesures vexatoires syriennes

À la suite des mesures vexatoires prises sur le plan économique par la Syrie à l'encontre du Liban – et celles-ci ayant dépassé les bornes –, le gouvernement libanais envisage sérieusement d'adopter des mesures de rétorsion à l'encontre de la Syrie. C'est la première fois depuis la rupture de l'union douanière que le Liban paraît déterminé à riposter aux mesures discriminatoires syriennes.
Hier, une série de réunions ont été tenues, notamment sous la présidence du chef de l'État, pour décider des dispositions à prendre.
Parmi les mesures envisagées on cite :
– L'interdiction aux Libanais de se rendre en Syrie.
– Le boycottage par le Liban de la foire internationale de Damas qui s'ouvre le 25 août.
– L'imposition de taxes douanières élevées sur certaines marchandises syriennes importées au Liban, et la soumission au régime de la licence préalable d'autres marchandises afin d'interdire leur importation au Liban.
– Le renvoi des ouvriers syriens travaillant au Liban.
Dans les milieux compétents, on déclare que ces mesures seront préjudiciables à la Syrie car, d'une part, nombreux sont les Libanais qui se rendent à la foire de Damas, et, d'autre part, la balance commerciale du Liban avec la Syrie présente un déficit de 122 millions de livres au détriment du Liban.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement libanais, avant d'adopter définitivement ces mesures de représailles, a décidé d'adresser à Damas une note de protestation contre les mesures vexatoires décidées par la Syrie à l'encontre du Liban.
Une note qui a été établie en ce sens par le ministère des Affaires étrangères sera soumise prochainement à l'approbation du Conseil des ministres.
Ces mesures – que « L'Orient» était le premier de la presse libanaise à signaler – consistent à créer des entraves au commerce du Liban avec la Syrie et les pays de l'hinterland arabe, et ce par l'imposition de taxes et de droits exorbitants sur les camions libanais et les marchandises libanaises ou étrangères exportées en Syrie ou via le territoire syrien. Ces mesures, indique-t-on, ont été décidées par les autorités de Damas qui accusent le gouvernement libanais d'être complaisant vis-à-vis des réfugiés politiques syriens au Liban.