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Agenda - Ramadan

Les anciens musulmans de Jamhour se réunissent autour de Michel Eddé, le temps d’un iftar riche en partage

Mohammad Nokkari, Adnane Kassar, Michel Eddé et Bruno Sion.

Comme le veut la tradition depuis des dizaines d'années, les anciens du Collège Notre-Dame de Jamhour de confession musulmane ont répondu présent à l'appel de l'amicale des anciens et se sont réunis il y a quelques jours sur la colline du collège, le temps d'un iftar traditionnel qui s'est tenu au Centre sportif, culturel et social, salle Michel Eddé. L'ancien ministre était en tout cas présent, comme d'habitude, pour partager ce moment convivial de retrouvailles. Après une photo de groupe sur la pelouse du centre, M. Eddé a été rejoint à sa table par de nombreux invités, notamment Adnane Kassar, le cheikh Mohammad Nokkari et Ibrahim Chamseddine.
Dans son mot d'accueil, le secrétaire général de l'Amicale des anciens de Jamhour, Nagy Khoury, a rappelé que « le Liban est l'un des rares pays, peut-être le seul, à vivre Pâques et le ramadan avec la même intensité, le musulman partageant avec son frère chrétien les Pâques du Seigneur, et le chrétien partageant avec son frère musulman le mois du ramadan ». « Ramadan pour les uns, Pâques pour les autres : deux périodes de sacrifice, de jeûne, de retour sur soi, retour à l'essentiel, retour à l'Éternel, a-t-il déclaré. L'ensemble de notre pays vit au rythme de ces deux fêtes, un signe de communion et de richesse. Ces temps de coupure dans notre vie nous donnent à réfléchir : où en sommes-nous dans notre relation avec Dieu, dans notre relation avec nos frères ? Servons-nous les valeurs fondamentales qui font de nous des hommes et des femmes de Dieu ? Vivons-nous dans l'amour, l'humilité, le respect et l'honnêteté ? Cherchons-nous davantage la richesse matérielle ou la richesse intérieure ? Savons-nous pardonner ? Autant de questions qui nous font réfléchir et qui nous permettent de faire le point pour réajuster le tir. »
Et d'ajouter : « Notre région vit en ce moment des heures douloureuses. On nous avait annoncé un printemps arabe, et voilà que le plus dur des hivers est au rendez-vous, un hiver de toutes les craintes, de toutes les incertitudes, de tous les dangers. Un hiver qui ne présage rien de bon. D'iftar en iftar, depuis bientôt cinq ans, nous espérons voir les choses s'améliorer. C'est, hélas, tout à fait le contraire que nous vivons. Nous allons de mal en pis. Franchement, je n'ai pas envie de parler de Daech, de Nosra et de tout ce qui défigure l'islam. J'ai envie de parler de nous, de notre amitié, de notre société libanaise, de notre famille jamhourienne. C'est clair que notre pays est mis actuellement au congélateur, comme on dit. "On" n'a pas voulu que le conflit armé s'étende jusqu'ici ; "on" se contentera de maintenir la tension ... "on" dose... Eh oui, c'est la preuve évidente qu'il y a manipulation parce que si "on" voulait, "on" pouvait ! Profitons donc de ce répit que M. "on" nous accorde pour renforcer notre unité, notre solidarité, notre immunité, et envoyer des signaux à tous les manipulateurs régionaux et internationaux pour leur faire comprendre que le Liban ne marchera dans aucun plan ni aucune combine. Chacun de nous, à son niveau, dans son entourage, doit se sentir responsable, être un artisan de paix et œuvrer sans répit pour promouvoir et favoriser le vivre-ensemble, sans lequel le Liban perdra sa raison d'être et ne sera plus ce message que saint Jean-Paul II lui a soufflé. »
De son côté, Abdel Karim Ghandour, ancien du collège de la promo 2010, a mis l'accent sur toutes les significations du mois de ramadan, porteur de valeurs de foi, d'amour, de partage et de sacrifice, « où les plus nantis tendent la main aux plus démunis ». « Il s'agit évidemment d'un seul des aspects du ramadan, mais au sein de notre cher collège, nous découvrons un autre partage quand notre jeûne est partagé par ceux qui ne sont pas obligés de jeûner et quand nous recevons les félicitations à l'avènement de ce mois de la part de ceux qui ne suivent pas ce calendrier musulman, a-t-il affirmé. La raison de notre réunion aujourd'hui est bien notre appartenance à une communauté à laquelle Dieu a imposé le devoir de jeûne, mais derrière cette raison se cachent nos différences, que nous avons su transformer en bénédiction qui nous rend chaque année heureux de revenir en ces lieux qui nous ont vu grandir, depuis l'église du collège jusqu'à cette salle où la prière du coucher vient de retentir. C'est comme cela que nous avons appris à partager, et nous espérons que ce partage sera contagieux pour tous les Libanais. »
Le recteur du collège, le père Bruno Sion, qui s'apprête à passer le flambeau à son successeur, le père Charbel Batour, le premier septembre 2015, a enfin fait part de son admiration à l'égard de cet effort de partage entre communautés. « Le respect de l'autre n'est en effet pas inné chez nos élèves, a-t-il indiqué. De nombreux jeunes élèves musulmans nous ont fait part de leur difficulté à se faire des amis à l'école, et le Collège Notre-Dame de Jamhour veut apporter sa pierre à la construction du Liban diversifié. »

Comme le veut la tradition depuis des dizaines d'années, les anciens du Collège Notre-Dame de Jamhour de confession musulmane ont répondu présent à l'appel de l'amicale des anciens et se sont réunis il y a quelques jours sur la colline du collège, le temps d'un iftar traditionnel qui s'est tenu au Centre sportif, culturel et social, salle Michel Eddé. L'ancien ministre était en tout cas...