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Liban - La situation

Le doute persiste quant au sort du cabinet, à l’heure du blocage aouniste

Le ministre de l’Intérieur recevant le ministre de l’Éducation.Photo Dalati et Nohra

Armé de ses prérogatives constitutionnelles et mû par ses responsabilités nationales, le Premier ministre Tammam Salam a tranché hier, convoquant le Conseil des ministres à une réunion jeudi pour procéder à l'examen d'un ordre du jour fixé au préalable. Le chef du gouvernement a donné à toutes les parties politiques la chance de revoir leurs positions et de se prendre conscience des retombées éventuelles d'un blocage du cabinet. Selon des sources ministérielles proches de M. Salam, citées par notre correspondante au Grand Sérail, Hoda Chédid, le dossier des nominations sécuritaires pourrait être soulevé durant la séance, même s'il n'existe aucune perspective d'accord sur ce sujet. Cela n'empêchera pas les ministres de passer à un autre point à l'ordre du jour. Des sources bien informées, citées par notre chroniqueur Philippe Abi-Akl, recoupent ces informations, affirmant que le ministre de la Défense Samir Mokbel prendra la parole, au cas où la question des nominations est soulevée par les ministres du Courant patriotique libre, pour affirmer que le dossier n'est pas encore fin prêt, et qu'il est donc nécessaire d'en reporter l'examen. Suite à quoi Tammam Salam devrait avancer dans l'ordre du jour fixé.

Mais qu'est-ce qui explique donc la reprise des séances du Conseil des ministres, alors qu'il était question d'un gel des activités du cabinet durant tout le mois de ramadan, comme l'affirmaient certains ministres du 8 Mars ?
Si certains milieux s'attendent à ce qu'il n'y ait aucun remous, en dépit du report du débat sur les nominations, des sources ministérielles du 14 Mars n'excluent pas, toutefois, que la crise gouvernementale s'aggrave si le général Michel Aoun ne fait pas de concessions et ne donne pas son aval à ce report de la discussion à septembre prochain. Si le chef du Courant patriotique libre ne fait pas preuve de souplesse jeudi, les ministres du 8 Mars assisteront à la séance, et devant l'absence de résultats lors de la discussion du dossier des nominations militaires, ce camp pourrait s'insurger et refuser de signer les décrets, ou même se retirer de la séance. Face à ces deux options, Tammam Salam peut soit refuser le diktat du 8 Mars et décider d'avancer contre leur gré dans l'examen de l'ordre du jour, au risque d'aller à grands pas vers l'escalade, soit se soumettre, mis devant le fait accompli de l'opposition. À ce moment-là, il pourrait lever la séance, consacrant implicitement l'état de fait selon lequel toute réunion du Conseil des ministres est impossible sans solution au dossier des nominations militaires. Dans la plupart des cas de figure, le sort du gouvernement est en jeu, et les prérogatives du président du Conseil pourraient se retrouver ébranlées, à l'ombre d'une situation de vacance présidentielle qui n'est pas près de se terminer.

Des sources bien informées estiment que l'escalade est cependant impossible et que le front du 8 Mars est désuni, en raison de la question de l'ouverture d'une session extraordinaire à la Chambre, actuellement sur le tapis. En vertu d'un accord donnant-donnant conclu entre le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre, ce dernier ne devrait pas craindre une réaction en flèche du 8 Mars. M. Berry, les Marada, le Tachnag, et même le Hezbollah n'emboîteront pas le pas aux ministres aounistes si ces derniers décident de se révolter et de claquer la porte, car la session extraordinaire est en jeu, et les décisions devraient en définitive être prises à la majorité des ministres.

 

(Lire aussi : Le ras-le-bol de Aïn el-Tiné : stop à la paralysie des institutions publiques !, le décryptage de Scarlett Haddad)


Mais les sources ministérielles précitées du 14 Mars pensent que cet accord sur l'ouverture de la session extraordinaire en contrepartie de la reprise des activités du gouvernement est intraduisible sur le terrain. Le général Aoun estimerait en effet que l'ouverture d'une session extraordinaire ne lui apporte rien, après son accord avec les Forces libanaises contre la législation de nécessité, sauf dans deux domaines : la loi électorale et la loi sur le recouvrement de la nationalité. Or les deux projets n'ont pas encore été finalisés.
Partant, les propos selon lesquels le décret permettant l'ouverture de la session extraordinaire pourrait être adopté avec la signature de 13 ministres ne sont pas exacts, poursuivent ces sources ministérielles. Il s'agit en effet d'un décret dont l'adoption relève des prérogatives du président de la République, et chaque ministre est tenu de le contresigner. Il a donc besoin des 24 signatures pour être adopté. Cela signifie que Tammam Salam pourrait renoncer à réunir le Conseil des ministres avant jeudi et oublier l'idée de l'ouverture d'une session extraordinaire en l'absence d'un consensus politique sur le mécanisme de signature des décrets.

C'est pour éviter une telle démarche que les partis du 8 Mars assisteront à la séance et accueillent positivement la convocation faite par le Premier ministre à la séance de jeudi. Ils estiment que cela est effectivement dans ses prérogatives. Cela n'empêche qu'ils campent invariablement sur leurs positions concernant les nominations militaires. Ils sont convaincus que la réunion ne sera que verbiages inutiles, et estiment que le Premier ministre, qui n'est pas un homme de défis et de provocations, ne pourra pas passer outre à leurs revendications et occulter la question des nominations pour avancer dans l'examen des autres points à l'ordre du jour.
Pourtant, les sources proches de M. Salam affirment que le Premier ministre, quoique réfractaire aux querelles et aux duels, ne badine pas et refuse net que le gouvernement soit paralysé. Il ne permettra pas que le cabinet ne puisse pas assumer ses devoirs vis-à-vis du pays et des citoyens.

Des contacts tous azimuts se sont poursuivis hier en attendant la séance de jeudi. Le Premier ministre a ainsi reçu au Grand Sérail les ministres Akram Chehayeb, Rachid Derbas, ainsi que les députés Kassem Hachem et Marwan Farès. Le président de la Chambre, Nabih Berry, s'est lui aussi entretenu avec le ministre Chehayeb. Quant au ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, il a accordé audience aux députés Antoine Saad, Henri Hélou et Amine Wehbé, ainsi qu'au ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, qui a souligné que son camp assisterait à la réunion du Conseil des ministres, mais camperait sur ses positions, en l'occurrence la nécessité de débattre d'abord de la question des nominations militaires.
Cette tendance s'est confirmée en soirée dans les propos du général Aoun lui-même, qui, s'exprimant lors d'une cérémonie partisane à Rabieh, est revenu à son antienne concernant « la spoliation des droits des chrétiens ». Ces derniers n'ont plus, selon lui, la possibilité de nommer ceux qui les représentent aux postes influents « et sont victimes d'une campagne » d'élimination. Il a également fait l'apologie de la transparence financière du CPL, à l'heure des WikiLeaks saoudiens et de la corruption généralisée.
En bref, rien de nouveau sous le soleil.

 

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commentaires (4)

"En bref, rien de nouveau sous le soleil." ! En effet, c'est c'la oui....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 25, le 30 juin 2015

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • "En bref, rien de nouveau sous le soleil." ! En effet, c'est c'la oui....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 25, le 30 juin 2015

  • LA SITUATION Des sources bien informées informent : TiTiTiTi, TiTiTiTi, متل ما رحتى متل ما جيتى Surtout à Rabieh, mon ami. A la moindre contrariété qu'elle ressent, la glorieuse invoque "la spoliation des droits des chrétiens". Au point que même les alliés (qui n'y ont jamais cru) sont sur le point de ne plus y croire.

    Halim Abou Chacra

    11 h 10, le 30 juin 2015

  • Continuez à douter, MESSIEURS LES IRRESPONSABLES INCAPABLES... à vous visiter les uns les autres avec photos diffusées dans tous les médias, et à discuter interminablement ! Pendant ce temps la nation que vous êtes censés représenter se désagrège lentement à tous les niveaux ! Nous, le peuple, par contre, ne doutons plus d'une chose : vous êtes TOUS totalement incapables de diriger ce pays de façon démocratique !!! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 05, le 30 juin 2015

  • EST-CE SEULEMENT LE PARAVENTISSIME QUI EN EST RESPONSABLE ? C'EST UNE MARIONETTE.... DONT LES DIVINS TIRENT LES FICELLES PAR ORDRE DE LA PERC(S)ÉE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    08 h 29, le 30 juin 2015

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