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Moyen Orient et Monde - Tribune

La Charte des Nations unies à 70 ans : vers un avenir plus sûr et durable pour nous les peuples

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Frederick Florin/AFP

Bien avant que je devienne secrétaire général, l'Organisation des Nations unies occupait une place spéciale dans ma vie. J'avais 6 ans quand la guerre de Corée a éclaté. Je me souviens de mon village en flammes, alors que ma famille trouvait refuge dans les montagnes voisines. Mais une autre image est encore plus durable : le drapeau de l'Onu. Nous avons été sauvés de la faim par les opérations de secours alimentaires des Nations unies ; nous avons reçu des manuels de l'Unesco ; et, lorsque nous nous demandions si le monde extérieur se souciait de nos souffrances, des soldats de nombreux pays ont sacrifié leur vie pour rétablir la sécurité et la paix.
Je sais depuis mon enfance, et maintenant après plusieurs dizaines d'années de service public, combien l'Onu peut changer la donne. Au moment où nous célébrons l'anniversaire de l'adoption, le 26 juin 1945 à San Francisco, de la Charte fondatrice de l'organisation, j'espère que les membres de la famille humaine se rassembleront pour œuvrer avec plus de détermination en faveur d'un avenir plus sûr et plus durable pour « nous, les peuples », au nom desquels la Charte a été rédigée.
À 70 ans, l'Onu peut faire un retour sur un fier bilan, celui d'avoir travaillé avec de nombreux partenaires pour éliminer le colonialisme, vaincre l'apartheid, maintenir la paix dans des lieux en proie à des troubles et formuler un ensemble de traités et de droit pour protéger les droits de l'homme. Chaque jour, l'Onu nourrit des personnes souffrant de la faim, offre un abri aux réfugiés et vaccine les enfants contre la poliomyélite et d'autres maladies mortelles. Nos travailleurs humanitaires bravent des environnements reculés et dangereux pour fournir l'aide humanitaire, et nos médiateurs s'efforcent de trouver un terrain d'entente entre les parties belligérantes et des solutions pacifiques aux griefs et aux différends. L'Onu a été créée pour prévenir une nouvelle guerre mondiale, et elle a atteint cet objectif essentiel ; malgré de graves revers, les sept dernières décennies auraient certainement connu plus d'effusion de sang sans elle.
Pourtant, nous sommes parfaitement conscients qu'aujourd'hui, le monde est ravagé par les conflits, l'exploitation et le désespoir. Au moins 59,5 millions de personnes ont fui leur domicile – soit plus de réfugiés, de déplacés et de demandeurs d'asile qu'à tout autre moment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La violence à l'égard des femmes est un fléau dans toutes les sociétés. À un moment où les besoins humains prennent un caractère urgent, d'énormes sommes d'argent continuent d'être gaspillées sur les armes nucléaires et d'autres arsenaux militaires déstabilisateurs. Les conséquences des changements climatiques sont plus que jamais manifestes – et elles n'en sont qu'à leurs prémices. Et bien que le monde ait dit « plus jamais encore » après l'Holocauste, et à nouveau après les génocides au Rwanda et à Srebrenica, nous continuons d'être les témoins de crimes atroces commis par des extrémistes violents et autres.
De nouvelles puissances sont apparues depuis que les représentants de 50 pays se sont rassemblés pour rédiger la Charte, et le nombre de membres de l'organisation est passé à 193. La mondialisation, l'urbanisation, les migrations, les changements démographiques, les avancées technologiques et autres événements sismiques continuent de remodeler nos sociétés et de transformer les relations internationales. Pourtant, l'idéal d'un monde de paix énoncé dans la Charte et les valeurs consacrées dans le texte – dignité, égalité des droits, tolérance et liberté – restent un parangon pour tous partout dans le monde.
Le soixante-dixième anniversaire survient au cours d'une année où des décisions d'une importance capitale pourraient être prises concernant notre avenir commun. Les membres sont en train de donner forme à ce qui, nous l'espérons, sera un exaltant nouveau programme de développement durable et progressent vers un accord significatif sur les changements climatiques. Notre objectif, c'est de parvenir à une transformation : nous sommes la première génération qui peut éradiquer la pauvreté de la terre − et la dernière qui peut agir afin d'éviter les pires effets du réchauffement de la planète.
À mesure que s'estompent les distinctions entre les échelons national et international, les problèmes rencontrés par l'un deviennent des problèmes auxquels tous doivent faire face, parfois progressivement mais bien souvent de manière soudaine. Notre sort étant plus que jamais imbriqué, notre avenir doit être marqué par une coopération chaque jour plus profonde − des nations unies dans un esprit de citoyenneté mondiale qui soit à la hauteur de la promesse du nom de l'organisation.

*Secrétaire général des Nations unies

Bien avant que je devienne secrétaire général, l'Organisation des Nations unies occupait une place spéciale dans ma vie. J'avais 6 ans quand la guerre de Corée a éclaté. Je me souviens de mon village en flammes, alors que ma famille trouvait refuge dans les montagnes voisines. Mais une autre image est encore plus durable : le drapeau de l'Onu. Nous avons été sauvés de la faim par les...

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