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Économie - Dette

Le spectre d’un « Grexit » se précise

Dans une intervention très politique, la Banque de Grèce juge que la conclusion d'un accord entre la Grèce et ses créanciers est un « impératif historique ».

« Défaut de paiement de la Grèce puis, au bout du compte, sortie du pays de la zone euro et, très probablement, de l’Union européenne », prédit la Banque de Grèce dans son rapport annuel sur l’économie du pays, en cas d’échec des négociations entre Athènes et ses créanciers. Archives AFP

La Banque de Grèce s'est à son tour fendue d'une mise en garde alarmiste au gouvernement grec, hier, alertant sur le risque d'une sortie de l'euro, voire de l'UE, en cas d'échec des négociations entre Athènes et ses créanciers qui se retrouvent aujourd'hui à Luxembourg sans perspective de dénouement immédiat.
Faute d'accord, le couperet tombera, prédit la Banque de Grèce : « Défaut de paiement de la Grèce puis, au bout du compte, sortie du pays de la zone euro et, très probablement, de l'Union européenne », écrit l'institution dans son rapport annuel sur l'économie du pays, tout en estimant pourtant que « peu de chemin reste à parcourir » vers un compromis.
Syriza, le parti du Premier ministre Alexis Tsipras, a reproché au gouverneur de la Banque centrale Yannis Stournaras, ancien ministre des Finances du gouvernement de coalition droite-socialiste d'Antonis Samaras battu en janvier, d'outrepasser ses fonctions par cette intervention à la tonalité très politique.
L'incompréhension mutuelle entre la Grèce et ses créanciers, qui s'est accrue ces derniers jours, rend le scénario d'un accord de dernière minute sur le déblocage d'une tranche de prêts de 7,2 milliards d'euros (8,1 milliards de dollars) – vitale pour le pays – moins probable qu'un Grexit, sortie de la Grèce de la zone euro (35 % contre 40 %), selon les analystes de Berenberg.
Le Royaume-Uni se prépare d'ailleurs à l'éventualité d'un défaut de paiement grec dont le risque va « croissant », a reconnu le Trésor britannique.
Une fois n'est pas coutume, c'est du président de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, qu'est venue une incitation à la retenue contre les « prédictions prématurées » et autres « conclusions hâtives ».
Il conduira aujourd'hui la reprise du dialogue entre les deux parties lors de la réunion des ministres des Finances à Luxembourg. Mais le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a confié à des députés avoir peu d'espoir d'un dénouement à cette occasion.
Signe de la faiblesse des attentes, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, s'est contenté d'espérer que ce rendez-vous sera « utile ».
Alexis Tispras sera, lui, en Russie à partir d'aujourd'hui, pour un forum économique à Saint-Pétersbourg, malgré un appel pressant des États-Unis à prendre une « initiative sérieuse » pour sortir de l'impasse.
Dans la lignée de son discours de fermeté de la veille, devant les membres de son parti, il a martelé hier que « si l'Europe insiste sur les retraites (l'un des points d'achoppement des négociations, NDLR), elle devra en accepter le prix ».

Donnant donnant
Il ne cesse cependant de réaffirmer sa volonté d'un accord bénéfique aux deux parties. Premier dirigeant d'un pays européen à venir à Athènes depuis l'arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale, le chancelier autrichien Werner Faymann a tenté de mettre de l'huile dans les rouages en prônant des solutions pour la Grèce « qui n'accroissent pas la pauvreté ».
Dernière occasion pour une solution de dernière minute : le sommet européen prévu fin juin, ou un sommet exceptionnel dans l'intervalle. Sans le feu vert des créanciers, la Grèce pourrait être dans l'incapacité des rembourser les quelque 1,5 milliard d'euros qu'elle doit au FMI d'ici à la fin juin.
Pour éviter la rupture, la Banque centrale grecque appelle les deux camps à faire preuve de souplesse. Elle invite le gouvernement à reconnaître que l'abaissement des objectifs d'excédent budgétaire primaire (solde du budget avant charge de la dette) accepté par l'UE et le FMI lui donne « quelques degrés de liberté supplémentaire dans la conduite de la politique budgétaire », et les créanciers à « préciser leur volonté » d'octroyer à la Grèce un allègement de sa dette publique « comme initialement prévu » en 2012.
Si l'effort demandé à Athènes est désormais trois fois moindre, avec un objectif d'excédent primaire, avant paiement de la charge de la dette, revu à 1 % du PIB en 2015, contre 3 % auparavant, les moyens de réaliser ces économies continuent de diviser la gouvernement grec et les institutions (UE, BCE, FMI) qui lui prêtent de l'argent depuis que le pays a plongé dans la crise fin 2009, en raison d'une dette publique explosive.
La pression venue des rangs de Syriza est également forte : le Parlement grec a entendu hier les premières conclusions des experts internationaux qui ont planché depuis avril au sein de la « Commission pour la vérité sur la dette publique ».
Selon un de ses membres, la Commission estime que « la Grèce ne devrait pas payer sa dette car elle est illégale, illégitime, et odieuse », et que le pays a été victime « d'une attaque concertée » de ses créanciers pour sauver les banques au détriment des citoyens.

(Source : AFP)

La Banque de Grèce s'est à son tour fendue d'une mise en garde alarmiste au gouvernement grec, hier, alertant sur le risque d'une sortie de l'euro, voire de l'UE, en cas d'échec des négociations entre Athènes et ses créanciers qui se retrouvent aujourd'hui à Luxembourg sans perspective de dénouement immédiat.Faute d'accord, le couperet tombera, prédit la Banque de Grèce :...

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