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Moyen Orient et Monde - Témoignage

« Ce qu’on subit à Alep est 10 fois pire que ce que j’ai vu à Beyrouth »

Selon la télévision syrienne, au moins 23 personnes ont été tuées et plus de 100 autres blessées, dont la moitié sont des enfants, hier, par des obus tirés sur plusieurs quartiers d'Alep contrôlés par le régime. « Un immeuble s'est effondré sur ses habitants », a ajouté la chaîne, montrant des images de l'immeuble en ruine et des blessés en sang arrivant sur des civières à l'hôpital de cette ville du nord de la Syrie. Pour sa part, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état de 13 morts, dont deux enfants, et de 100 blessés, dont 20 enfants. Selon cette ONG, 250 obus ont été tirés en quatre heures sur le quartier des Syriaques et la mosquée al-Rahmane, dans le centre de la ville. Il a confirmé qu'un immeuble s'était effondré.


« En fin d'après-midi, je me trouvais chez moi avec ma famille quand nous avons entendu une déflagration », confie Bassel*, joint par téléphone par L'Orient-Le Jour.
La vue panoramique que lui offre son balcon lui permet rapidement de voir quel quartier a été visé. La première déflagration a touché un quartier musulman, vers la mosquée al-Rahmane. « Vous entendez les tirs de kalachnikov ? Et les obus qui continuent de tomber? C'est effrayant. Même si nous sommes habitués, aujourd'hui c'est différent », poursuit-il. Les rues se sont rapidement vidées, les habitants rentrant rapidement chez eux. Certains suivent le déroulement des violences en direct sur les chaînes de télévision locales, d'autres observent le spectacle affligeant de leur balcon.
« Je me dis que, maintenant, mon immeuble peut s'effondrer d'une minute à l'autre », confie Bassel d'un ton grave.

 

(Pour mémoire : Assad devra choisir : sauver Damas ou sauver Alep ?)


Ce Syrien vit avec quatre membres de sa famille dans un quartier chrétien qu'il considère « sûr ». Sa grand-mère et sa tante ont quitté un autre quartier chrétien, de Aziziyé, pour se réfugier chez eux. Pourtant, sa rue non plus n'a pas été épargnée par les obus. En outre, le 15 janvier 2013, un double attentat à l'Université d'Alep, proche de chez lui, avait fait plus de 90 morts parmi les étudiants.
Bassel, qui a de la famille au Liban, a connu l'époque de la guerre, lorsqu'il venait leur rendre visite. « Je peux vous dire que ce qu'on subit ici à Alep est 10 fois pire que ce que j'ai vu à Beyrouth », confie-t-il. « C'est l'une des plus sales guerres au monde. Une guerre d'usure. L'armée qui nous défend manque cruellement d'effectifs. Défendre son pays, d'accord. Mais les soldats ne sont pas suicidaires non plus. Alors que les jihadistes n'ont peur de rien. Ils ont des moyens financiers considérables. On en tue 10, il en vient 100 », poursuit-il.


Depuis juillet 2012, l'ancienne capitale économique est divisée entre les rebelles et les forces du régime.
Dans la soirée, les deux camps se bombardaient mutuellement, selon des habitants. Ces bombardements surviennent le jour de l'arrivée à Damas de l'émissaire spécial de l'Onu Staffan de Mistura. Dimanche, le porte-parole de l'émissaire avait indiqué dans un communiqué qu'il comptait soulever avec le gouvernement syrien « la question de la protection des civils », « l'usage inacceptable des barils d'explosifs et le devoir incontestable pour tout gouvernement, en toutes circonstances, de protéger ses civils ».

*Le nom a été modifié à la demande de la personne interviewée pour des raisons de sécurité.

 

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