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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Fini le « Cuba si, Yankees no » : aujourd’hui, c’est « Yankees si »

Avant même l'ouverture des ambassades, les USA et Cuba étaient déjà sur les rails.

Un match de hockey sur glace (artificielle) entre les employés du Bronx Museum of the Arts (New York) et du National Museum of Fine Arts of Havana a été organisé à La Havane par l’artiste américain Duke Riley. L’installation est supposée symboliser le réchauffement diplomatique entre les deux pays. Alexandre Meneghini/Reuters

Après 56 ans de rupture, les États-Unis et Cuba s'apprêtent donc à s'accueillir mutuellement à bras ouverts. Le président Barack Obama avait donné ce signal, le 17 décembre dernier, après consultations avec le chef d'État cubain, Raul Castro, et la bénédiction du pape François, avec son fameux « somos todos americanos ». Un nouveau chapitre, avait-il dit, qui a commencé à être écrit sur-le-champ.
Aujourd'hui, les deux parties sont arrivées à la finition des détails concernant la réouverture des deux ambassades. Le week-end dernier, les délégués des ministères des Affaires étrangères ont tenu plusieurs réunions de travail à ce sujet. « Une tâche difficile, vu la complexité de notre histoire », a expliqué la secrétaire d'État US adjointe chargée de l'Amérique latine, Roberta Jacobson, précisant que « néanmoins, des progrès significatifs ont été effectués ces cinq derniers mois ». Les deux parties seraient « très proches » d'atteindre leur objectif commun, c'est-à-dire des relations diplomatiques en bonne et due forme. Pour cela, il faudrait notamment que le Congrès américain approuve l'annulation des sanctions imposées à Cuba. Bien que les républicains (qui ont la majorité) n'en soient pas convaincus, il leur serait difficile de s'y opposer durant cette année électorale, car ils s'aliéneraient alors le substantiel vote hispanique.

 

(Lire aussi : Obama prévoit d'ôter Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme)

 

Même les cigares
En attendant, des mesures moins restrictives, relevant des prérogatives présidentielles (executive orders), ont été prises : l'allègement des conditions d'obtention d'un visa, la facilitation des opérations bancaires, l'accélération des échanges scientifiques, la capacité de ramener légalement, et pour usage personnel, des cigares de Cuba (pas encore sur le marché américain) et la remise en marche des ferry-boats, dont la régulation est différente de celles des bateaux de croisière.
À noter qu'avant l'annonce officielle de la reprise des relations américano-cubaines, des pourparlers secrets avaient été amorcés au Canada entre les deux pays avec la bénédiction du pape François. Ensuite, une fois les choses étalées au grand jour, le président Obama s'était exprimé : « À présent, nous allons en finir avec cette approche caduque qui a échoué à faire avancer nos intérêts. » Dans cette perspective d'ouverture sur un nouveau partenaire si proche – 150 km séparent Cuba de la Floride –, tous les secteurs du pays sont déjà à pied d'œuvre : qui pour baisser les prix des trajets aériens, qui pour construire des hôtels, en perspective du boom touristique vers l'île. Même la communauté des exilés cubains de Floride, en mal avec le régime Castro, peine à résister à l'attrait de cette nouvelle dynamique des affaires.

 

(Lire aussi : Quand la glace a fondu entre Cuba et les Etats-Unis)

 

La science et les églises
Par ailleurs, les USA lorgnent, également, dans une tout autre direction : le monde de la science, en plein développement et pour lequel Cuba a consacré de très gros budgets. Les centres de recherches et les laboratoires ont réalisé de grandes avancées, en particulier dans le domaine des vaccins contre le cancer, l'hépatite et la sclérose en plaques. Également à l'actif de ce pays, des méthodes d'agriculture high tech et une grande connaissance des systèmes de détection des catastrophes naturelles : tornades, tremblements de terre, etc.
Autant de potentialités qui pourraient être exploitées une fois l'embargo levé. Un vaste champ d'action pour les États-Unis, dont les citoyens catholiques – ils sont 50 millions et fortunés – vont participer à la réconciliation historique en restaurant les très nombreuses églises cubaines (une quinzaine seulement à La Havane) fermées durant l'ère communiste. Précisons que ces mêmes citoyens US assurent une bonne partie du budget du Vatican.
Selon un expert en relations extérieures, la double normalisation que tentent les États-Unis avec l'Iran et Cuba pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire de la diplomatie. Ce que n'avait pas pu voir venir une agence de presse mondiale qui vient de quitter les chambres d'un hôtel qu'elle louait, à l'année, à La Havane, dans le but d'avoir, en scoop, une vue imprenable sur les funérailles de Fidel Castro...

 

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