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Culture - Exposition

Peindre, fenêtres ouvertes sur la vie

Chassez l'art par la porte, il rentre par la fenêtre. C'est par cet entrebâillement sur le monde extérieur, sur la vie, que se déploient les huiles, mixed médias, collages et pastels de Mireille Goguikian à la galerie SV *(Saifi Village).

Via dolorosa.

Armée de plus d'une vingtaine d'années de labeur, rompue à la tâche, elle présente aujourd'hui son dernier cru. Ni tout à fait le même que sa production antérieure ni tout à fait un autre. Et pourtant c'est un langage perpétuellement renouvelé.
Toujours des villes perdues ou retrouvées, des cités compressées et des mégapoles aux tours narguant le ciel. Des blocs monolithiques, des façades léchées par le vent, des fenêtres aux allures de meurtrières. Des hameaux isolés, groupés à flanc de colline ou à l'orée des forêts. Des toitures en ardoises rouges ou bleues, livrées indolemment ou nerveusement au firmament, aux nuits de velours, au crépuscule rose, au soleil, à la lune.
Monde coloré, serein, souriant, mystérieusement lové dans ses torpeurs, ses lassitudes, ses angoisses, ses sursauts de joie et de bonheur. Un monde dominé par une multitude de fenêtres, regards aux aguets de ce qui environne, rassure ou inquiète.
De ce retour aux sources (l'exposition de cette trentaine de toiles s'intitule «Racine carrée»), émerge l'hommage au cinéaste d'origine arménienne, Serguei Paradjanov. Tisserand d'images, convoyeur de poésie, habile assembleur d'objets divers pour des collages à la finesse de dentelle, adroitement agencés, l'artiste, emprisonné pour homosexualité dans une Russie bolchévique hostile à toute promotion nationaliste, n'en est pas moins un ardent et âpre défenseur des valeurs humaines.
Valeurs que pointe Mireille Goguikian en douce et parfois en un vigoureux coup de pinceau ou des collages aux tons acides et virulents, malgré leur atmosphère d'une maison de poupée. Et cela en des compositions qui disent beaucoup plus qu'elles n'en ont l'air...
Sous des dehors faussement lisses, voilà l'écheveau et le lacis d'états d'âme tourmentés. Souffrances, guerres, combats divers, désordre de tous acabits, tout se décline en une palette aux touches généreuses et à la technique à la fois spontanée et élaborée à travers l'emploi subtil des peignes, des couteaux et des grattages.
Style devenu griffe personnelle et qui s'est affiné avec le temps. Pour mettre en relief la thématique des villes et des intérieurs aux décors exubérants. Carte urbaine et rurale comme un conte du Grand Meaulnes d'Alain Fournier où tout n'est que magie et scintillement. En gommant l'espace, l'histoire aux détails précis et les fuseaux horaires, pour une géographie empreinte de poésie et d'un imaginaire qui favorise les songes, la narration picturale demeure ici une musique harmonieuse, à la fois proche et lointaine. Musique incantatoire, aux tons fragiles et heurtés, crus et estompés. Tout comme cette trépidante vie moderne où l'on traque un peu de tranquillité, de rêve et d'épanouissement.

* L'exposition « Racine carrée » de Mireille Goguikian à la galerie SV (Saifi Village) se prolonge jusqu'au 23 mai.

Armée de plus d'une vingtaine d'années de labeur, rompue à la tâche, elle présente aujourd'hui son dernier cru. Ni tout à fait le même que sa production antérieure ni tout à fait un autre. Et pourtant c'est un langage perpétuellement renouvelé.Toujours des villes perdues ou retrouvées, des cités compressées et des mégapoles aux tours narguant le ciel. Des blocs monolithiques, des...

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