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Économie - Dette

La Grèce entreprend des réformes sans rassurer ses créanciers

Le chemin paraît encore long avant la conclusion d'un accord entre la Grèce et l'UE ainsi que le FMI. À l'optimisme du Premier ministre grec répond la perplexité des créanciers sur la réussite des réformes envisagées par Athènes.

« Malgré la cacophonie et les confidences et déclarations intempestives venant de l’autre partie, je demeure fermement optimiste sur la conclusion d’un accord d’ici à la fin du mois », a déclaré le Premier ministre grec à Reuters. Angelos Tzortzinis/AFP

À court d'argent, la Grèce peine à trouver un compromis avec ses créanciers sur les réformes que ces derniers réclament avant de lui verser la dernière tranche des prêts internationaux de 7,2 milliards d'euros. Mais le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est dit hier « fermement optimiste » sur la conclusion d'ici à la fin avril d'un accord avec ses créanciers que sont l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), malgré des différends sur plusieurs grandes questions. Dans une déclaration à Reuters, le chef du gouvernement de la gauche radicale a fait état de « progrès notables » sur les questions de la collecte de l'impôt et de la lutte contre la corruption. Il a en revanche évoqué quatre points de désaccord avec l'UE et le FMI : l'emploi, la réforme des retraites, la hausse de la TVA et enfin les privatisations, qu'il préfère qualifier de « développement des actifs de l'État ».
Cette déclaration fait suite aux récents propos pessimistes émanant des partenaires européens d'Athènes sur les chances de parvenir la semaine prochaine à un accord qui permettrait de débloquer une nouvelle tranche d'aide et d'écarter le risque de défaut de paiement sur la dette grecque. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, un des plus virulents contempteurs d'Alexis Tsipras, avait ainsi déclaré mercredi que « personne n'a la moindre idée » de la date à laquelle un accord pourrait être conclu, jugeant peu probable l'émergence d'un compromis lors de la réunion de l'Eurogroupe prévue le 24 avril à Riga.
« Malgré la cacophonie et les confidences et déclarations intempestives venant de l'autre partie, je demeure fermement optimiste sur la conclusion d'un accord d'ici à la fin du mois », a ainsi déclaré M. Tsipras, qui s'est dit convaincu que l'UE choisirait la voie de « la recherche du compromis » et de la « stabilité ». Il a éludé la question cruciale des concessions qu'Athènes pourrait faire à ses créanciers, qui réclament notamment une réforme du système de retraites, une hausse de la TVA sur certains produits et la poursuite du programme de privatisations. « Le gouvernement grec travaille dur sur tous les aspects des négociations, à Bruxelles comme Athènes, afin de parvenir à une solution bénéfique pour tout le monde, un compromis honorable avec nos partenaires », a-t-il assuré.
Cependant, une série de mesures visant à réduire les frais de fonctionnement des ministères et organismes publics pour parer à l'assèchement des caisses de l'État a été dévoilée jeudi par le ministre grec adjoint des Finances, Dimitris Mardas. Ces réductions, qui pourraient permettre une économie supérieure à 300 millions d'euros, concernent surtout « les frais de communication et de publicité des ministères », selon le ministre.
« Nous allons commencer par exemple à louer les bâtiments publics non utilisés », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Le ministre a annoncé un projet de loi sur la réduction de la bureaucratie, escomptant économiser 177 millions d'euros. Des initiatives ont également été prises pour lutter contre le trafic de carburant et de cigarettes, mieux contrôler les dépenses de santé et taxer les fuites des capitaux à l'étranger, « une mesure dont il est difficile d'évaluer le bénéfice », a-t-il avoué. « Le principe sera de faire payer les fraudeurs au plus vite en leur proposant une amnistie », a-t-il ajouté.

Exploitation des biens du clergé
Une autre source de financement explorée par le Premier ministre grec, en accord avec le chef de l'Église, est l'exploitation de la fortune du clergé grec. Alexis Tsipras a annoncé hier le lancement d'un « dialogue » avec la puissante Église grecque en vue d'exploiter les biens du clergé au profit des caisses de l'État à la suite d'une récente proposition en ce sens du chef de l'Église, Mgr Leronymos. Lors d'une interview sur une télévision grecque à l'occasion de Pâques, l'archevêque Leronymos avait, selon les médias grecs, expliqué que ces biens, sans être vendus, pouvaient être exploités en vue d'en tirer des revenus. M. Tsipras a annoncé dans la foulée « l'activation immédiate » d'une commission ouvrant le dialogue sur la proposition de l'Église.
L'Église orthodoxe grecque, non séparée de l'État, passe pour être l'un des plus importants, si ce n'est le plus important, propriétaires fonciers de Grèce : des milliers d'hectares de terrains, de forêts et de plages, des monastères, dont la quantité exacte fait l'objet de tous les fantasmes. Le primat de Grèce a régulièrement démenti, depuis le début de la crise, les critiques sur les privilèges fiscaux de l'Église orthodoxe, affirmant qu'elle s'acquittait depuis 2010 d'une taxe de 20 % sur ses revenus bruts et qu'elle menait une vaste action sociale.
Alexis Tsipras semble avoir assoupli sa position d'homme de gauche radicale par rapport à l'Église. Avant les élections, sa visite aux moines du mont Athos avait créé la surprise et une éventuelle séparation de l'Église et de l'État ne semble pas faire partie de ses priorités. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis avait relevé que « l'immense richesse que possède (l'Église) ne lui procure pas un revenu très élevé qui puisse être taxé ».

À court d'argent, la Grèce peine à trouver un compromis avec ses créanciers sur les réformes que ces derniers réclament avant de lui verser la dernière tranche des prêts internationaux de 7,2 milliards d'euros. Mais le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est dit hier « fermement optimiste » sur la conclusion d'ici à la fin avril d'un accord avec ses créanciers que sont l'Union...
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