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Liban - Décryptage

Du Yémen à la Syrie jusqu’à la frontière libanaise, un même front pour des enjeux régionaux

Quinze jours après le début de « Tempête de la fermeté » contre le Yémen et Ansarallah, le lancement d'une offensive terrestre divise les analystes. Pour certains, cette offensive est inévitable si les Saoudiens veulent essayer de renverser la situation à leur avantage. Pour d'autres, elle est compromise en raison de l'absence de combattants décidés à y participer. Mais les analystes sont d'accord pour affirmer que jusqu'à présent, « Tempête de la fermeté » n'a atteint aucun de ses objectifs déclarés, bien au contraire, elle montre un enlisement saoudien dans une campagne de bombardements aériens sans efficacité sur le terrain.


Des sources libanaises qui suivent de près le dossier précisent que les Saoudiens, et en particulier Mohammad ben Selmane, qui se veut le chef réel de la coalition, misaient sur l'offensive terrestre pour envahir le pays après l'affaiblissement d'Ansarallah et le glissement des forces en présence vers une guerre civile destructrice. Ils comptaient aussi, pour lancer cette offensive, sur la contribution des soldats pakistanais et égyptiens, essentiellement. Or les Saoudiens ont essuyé hier un refus du Pakistan de lancer ses soldats dans une invasion du Yémen, par le biais d'un vote du Parlement rejetant toute intervention dans ce conflit. La presse pakistanaise révèle que le Premier ministre s'est réfugié derrière le Parlement parce qu'il ne pouvait pas refuser une demande saoudienne... De leur côté, les Égyptiens se font tirer l'oreille. En dépit de la promesse de donner plus de 30 milliards de dollars à l'Égypte, décidée lors du sommet économique de Charm el-Cheikh, ce pays n'a encore reçu que près de six milliards de dollars qui constituent essentiellement des dépôts dans les banques. Il est clair que les Saoudiens utilisent contre le pouvoir du Caire l'arme économique sachant que le président actuel Abdel Fattah al-Sissi doit faire face à une grave crise économique et financière. Malgré cette réalité plus que morose, les Égyptiens, selon leur presse locale, sont hostiles à une intervention terrestre au Yémen, même si, depuis des années, ils considèrent, à l'instar des Saoudiens, que ce pays est vital pour eux. De plus, le projet de Sissi de développer le canal de Suez pour assurer de nouvelles rentrées financières à l'Égypte serait gravement compromis si la sécurité du détroit de Bab el-Mendeb était menacée. Mais les Égyptiens, qui ont de graves soucis économiques et sécuritaires en raison de la campagne menée par les autorités contre le terrorisme et contre les Frères musulmans, n'ont pas envie d'aller mourir au Yémen. Leur contribution se limiterait donc au maintien de la sécurité à Bab el-Mendeb et à quelques raids qui ne sont évoqués que par les médias prosaoudiens.


Riyad a bien essayé de regarder vers la Turquie, mais en dépit de l'appui verbal du président Erdogan à la campagne saoudienne contre le Yémen, les soldats turcs ne sont pas prêts non plus à se lancer dans une offensive terrestre au Yémen, sachant que la Turquie est membre de l'Otan et qu'elle ne peut déplacer ses troupes vers un pays étranger sans l'aval de l'Alliance atlantique. C'est pourquoi, face à toutes ces considérations, l'Arabie saoudite qui avait monté une grande coalition militaire pour « ramener le président légitime du Yémen Abed Rabbo Mansour Hadi au pouvoir » se trouve pratiquement en tête à tête avec le royaume de Bahreïn, qui a lui-même sollicité l'aide des soldats saoudiens pour maintenir le calme et étouffer l'opposition sur son propre territoire. Les Émirats arabes unis et le Qatar ne sont en effet pas favorables à une intervention terrestre alors que le sultanat d'Oman y est carrément opposé. Reste la Jordanie dont les moyens sont limités tant elle est soumise à des pressions contradictoires dans le cadre de la crise syrienne et tant son tissu social interne est fragilisé par les développements dans le monde arabe.


Ces données montrent donc que « Tempête de la fermeté » fait en quelque sorte du surplace et qu'elle n'est pas sur le point de venir à bout d'Ansarallah ni de défaire l'alliance entre ce groupe et l'armée yéménite, face aux partisans de Mansour Hadi. Comme l'a dit le secrétaire général du Hezbollah et comme l'a répété hier l'ayatollah Khamenei, l'Arabie saoudite est en train de perdre son pari au Yémen et si elle n'y prend pas garde, cette offensive pourrait bien se retourner contre elle.


Mais cela ne signifie pas que Riyad n'a pas d'autres cartes à jouer dans la région. Les sources libanaises qui suivent le dossier yéménite évoquent la possibilité d'une riposte saoudienne indirecte en Syrie. Une nouvelle offensive des combattants en Syrie pourrait donc redistribuer les cartes et détourner l'attention générale de l'enlisement au Yémen. De plus, une nouvelle offensive contre les forces du régime syrien aurait l'aval de la Turquie qui continue à vouloir sa part du gâteau dans ce pays et qui a récemment ouvert la voie à des milliers de combattants qui ont réussi à reprendre Idleb à l'armée syrienne. Selon les sources libanaises précitées, l'offensive pourrait être lancée à partir du nord et du sud, en direction de la capitale Damas. Déjà, la Jordanie a fermé le point de passage de Nassib, permettant ainsi aux combattants de l'opposition d'étendre leur déploiement dans la région, face aux forces du régime. Les combattants de Daech ont aussi repris la ville de Bassora près de Soueïda pour prendre la capitale et ses faubourgs en tenailles. Mais les forces du régime sont, de leur côté, en train de consolider leur présence le long de la frontière libanaise repoussant les combattants dans la région de Zabadani. Les développements sur le terrain en Syrie annoncent donc des semaines chaudes qui pourraient s'étendre à la frontière avec le Liban. La fameuse bataille du printemps...

Quinze jours après le début de « Tempête de la fermeté » contre le Yémen et Ansarallah, le lancement d'une offensive terrestre divise les analystes. Pour certains, cette offensive est inévitable si les Saoudiens veulent essayer de renverser la situation à leur avantage. Pour d'autres, elle est compromise en raison de l'absence de combattants décidés à y participer. Mais les...

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BARATINO AUX VINGT ÉPICES PERSIQUES... COMME L'ONT DIT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU HERBOLLAH ET KHAMENEI... DEUX SOURCES DIVINES DIGNES DE FOI(E) !!! TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... OUI, FAITES-NOUS RIRE...

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 46, le 11 avril 2015

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  • BARATINO AUX VINGT ÉPICES PERSIQUES... COMME L'ONT DIT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU HERBOLLAH ET KHAMENEI... DEUX SOURCES DIVINES DIGNES DE FOI(E) !!! TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... OUI, FAITES-NOUS RIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 46, le 11 avril 2015

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