Rechercher
Rechercher

Liban - Crise

Contacts vs lobbying autour de l’affaire des mandats des généraux

Le gouvernement survivra-t-il à une rallonge technique du mandat du commandant en chef de l'armée ?

Le ministre de la Défense a été reçu hier par le président de la Chambre.

Au Liban, il est de tradition qu'une crise chasse l'autre. Après avoir réussi à surmonter l'écueil du mécanisme de travail qui a failli faire voler en éclats sa structure, le gouvernement se trouve aujourd'hui confronté à un autre, celui des mandats – qui arrivent à expiration – de trois responsables de sécurité : le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, le chef des services militaires de renseignements, le général Edmond Fadel, et le directeur des Forces de sécurité intérieure, le général Ibrahim Basbous.


Traditionnellement, le chef de la troupe est nommé par le président de la République. Or, à l'aune de la vacance présidentielle qui se prolonge, le ministre de la Défense n'a d'autre choix que de retarder le départ à la retraite du commandant des forces régulières. Mais pour le leader du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, une telle mesure reste absolument hors de question, pour les raisons qu'on connaît mais qu'il est bon de rappeler. Un départ à la retraite du général Kahwagi, prévu en septembre prochain, réduirait pratiquement à néant ses chances d'accéder à la magistrature suprême et éliminerait ainsi un rival de taille face au général Aoun qui brigue la présidence de la République. Retarder ce départ ne le laisserait pas seulement dans le cercle des favoris dans la course à la présidentielle, mais barrerait la voie à une éventuelle nomination du général Chamel Roukoz, gendre de Michel Aoun, à la tête de la troupe. Et pour cause : le général Roukoz, chef des forces spéciales de l'armée, doit prendre sa retraite en octobre prochain, et le général Kahwagi n'a pas de motifs pour proposer au ministre de retarder son départ, d'autant qu'en ce faisant, il devrait dans le même temps faire en sorte que d'autres officiers ayant le même grade que le général Roukoz bénéficient de ce même avantage.


Le CPL réclame donc au nom de l'alternance, un train de nominations que le gouvernement n'est pas en mesure de réaliser en l'absence d'un président de la République et étant donné les clivages politiques profonds dans le pays. C'est d'ailleurs pour ces mêmes raisons que le départ à la retraite du secrétaire général du Haut Comité de secours, Mohammad Kheir, avait été repoussé en février dernier, sur base d'une décision du ministre de la Défense, Samir Mokbel. Ce dernier s'était fondé pour cela sur l'article 50 de la loi sur la défense. En vertu de ce même texte, le ministre a également retardé le départ à la retraite du général Fadel, dont le mandat vient à expiration demain, vendredi.

 

Menaces
Samir Mokbel n'avait pas d'autre choix, sinon le Conseil supérieur de la défense, qui doit compter six officiers mais qui est amputé de trois de ses membres pour cause de retraite, aurait été réduit à deux personnes, le commandant en chef de l'armée et son chef d'état-major, Walid Salman, qui fait partie, soit dit en passant, des personnalités dont il est question de retarder également la mise à la retraite.
Le même raisonnement est donc valable pour le commandant en chef de l'armée et le général Salman, mais le CPL ne l'entend pas de cette oreille et menace de retirer ses ministres du gouvernement si jamais le mandat du général Kahwagi est prolongé.


Le dossier ne sera pas examiné aujourd'hui en Conseil des ministres qui sera seulement notifié du maintien du général Fadel à la tête des renseignements militaires. Des contacts sont cependant effectués en coulisse pour essayer de régler cette question de manière à préserver la cohésion gouvernementale et à ne pas provoquer de vacance à la tête de l'armée.
Plusieurs solutions sont sous étude pour l'écueil que représente l'affaire du mandat Kahwagi, étant donné que celle du mandat Basbous a été réglée. Le ministre de l'Intérieur doit adopter une « mesure administrative » que la loi lui autorise pour retarder le départ à la retraite du directeur des FSI. Il doit aussi en informer le Conseil des ministres aujourd'hui.

 

Pas de réponse du Hezb
Plusieurs propositions de solutions sont en revanche sous étude pour le commandement de l'armée, dont une série de rallonges techniques qui engloberaient le général Roukoz et plusieurs autres officiers. Mais cette proposition est également loin de faire l'unanimité. En désespoir de cause, le ministre de la Défense, Samir Mokbel, s'est rendu récemment auprès du président de la Chambre, Nabih Berry – favorable à une rallonge technique –, pour discuter avec lui d'issues possibles, dont une initiative parlementaire pour maintenir le général Kahwagi à son poste : dix députés présenteraient une proposition de loi prévoyant un ajournement du départ à la retraite des chefs des services de sécurité. Le texte serait à l'ordre du jour de la première réunion parlementaire prévue en principe en avril prochain. Il est assuré d'une majorité confortable au Parlement et pourrait ainsi être approuvé en dépit de l'opposition du CPL, qui multiplie les contacts dans le sens contraire.


Hier, deux députés de ce courant ont réaffirmé leurs réserves par rapport aux rallonges techniques. Le député Nagi Gharios a ainsi considéré que ces prolongations « ne sont pas utiles pour le pays, parce qu'elles privent les successeurs des responsables dont le départ à la retraite est retardé d'une promotion bien méritée ». Son collègue Sélim Salhab a indiqué pour sa part que le bloc parlementaire auquel il appartient « effectue un lobbying en faveur du principe de l'alternance à la tête des services de sécurité ». Interrogé par l'agence locale al-Markaziya, il a situé dans ce cadre la visite de Michel Aoun, mardi, au chef druze, Walid Joumblatt, à Clemenceau. Il a aussi fait état d'une coordination pour ce même sujet avec les ministres du Hezbollah. « Mais nous n'avons toujours pas eu de réponse d'eux. Nous ne savons pas comment ils réagiront si jamais la question de retarder les départs à la retraite est soulevée » en Conseil des ministres, a ajouté M. Salhab.

 

Pour mémoire

La polémique autour du mandat Kahwagi, un bras de fer Hezbollah-CPL ?

 

 

Au Liban, il est de tradition qu'une crise chasse l'autre. Après avoir réussi à surmonter l'écueil du mécanisme de travail qui a failli faire voler en éclats sa structure, le gouvernement se trouve aujourd'hui confronté à un autre, celui des mandats – qui arrivent à expiration – de trois responsables de sécurité : le commandant en chef de l'armée, le général Jean...

commentaires (2)

LE PARAVENT EST LÉSÉ POUR LA QUATRIÈME FOIS PAR "SON VENT"... MAIS LE RÊVE DE LA CHAISE EST TELLEMENT ANCRÉ DANS SON SANG ET SES VEINES QU'IL VENDRAIT "TOUT" PAR "ESPOIR" D'Y ACCÉDER !!!

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 12, le 19 mars 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • LE PARAVENT EST LÉSÉ POUR LA QUATRIÈME FOIS PAR "SON VENT"... MAIS LE RÊVE DE LA CHAISE EST TELLEMENT ANCRÉ DANS SON SANG ET SES VEINES QU'IL VENDRAIT "TOUT" PAR "ESPOIR" D'Y ACCÉDER !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 12, le 19 mars 2015

  • c une republique bananiere...ou orangeade...ou seulement..une dictature deguisee..et dirigee par des megalos irresponsables...franchement...il y a de quoi pleurer....hee vous les chretiens qui suivent cet octogenaire....vous ne pensez pas qu'il est temps de tourner la page et commencer a constuire un vrai pays...civilise..et libre...

    Houri Ziad

    09 h 15, le 19 mars 2015

Retour en haut