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Culture - Flash Design

La grande marche des « Dolls » de Carlo Massoud

Ses Arab Dolls investissent New York du 5 au 8 mars. Présentées à The Armory Show par la curatrice Maria Cristina Didero avec la collaboration de House of Today, elles clôturent la première tournée internationale de Carlo Massoud, jeune vedette du design libanais à l'allure de rock star.

Carlo Massoud, une allure de rock star...

Demain s'ouvrira sa première exposition new-yorkaise. Pour conquérir Big Apple, Carlo Massoud a emmené son bataillon d'Arab Dolls (en édition limitée à soixante). Quatre rangées de quinze pièces fuselées en bois laqué, alignées directement sur le sol du Armory Show et qui, nonobstant leur épurement extrêmement stylisé, évoquent les silhouettes voilées de noir des musulmanes.
À travers ces poupées arabes, qu'il a baptisées Maya, Zeina, Racha et Yara, et qu'il a percées de 4 manières différentes de façon à servir de vase, de pique-fleurs ou simplement de cache-objet, le jeune designer libanais ironise sur les clichés et paradoxes de représentation des femmes voilées et des femmes-objets. Tout en rendant aussi hommage à la beauté intérieure de ces Orientales cachée sous leur niqab, hijab et autres chapes de soie.
Designer de produits, Carlo Massoud cherche toujours à introduire du sens dans son travail du beau. Ce trentenaire a été désigné par la Beirut Art Fair comme l'un des dix jeunes talents prometteurs dans son domaine. Après des études d'architecture intérieure et une maîtrise en conception de produits à l'Alba, il a poursuivi une maîtrise en design de produits pour l'industrie du luxe à l'École d'art de Lausanne (Ecal) où il a eu l'occasion de travailler sur plusieurs projets sous la supervision de designers internationaux comme Ronan Bouroullec, Barber Osgerby, Marti Guixé, Pierre Charpin ou encore Umberto et Fernando Campana... De ces expériences et influences, il a tiré son propre style : des créations souvent inspirées d'une critique sociale habillée d'humour pour donner un « objet » utile et ludique.

 

En passant par Cape Town...
Touche-à-tout, Carlo Massoud multiplie les projets et les expérimentations de matériaux avec bonheur. Tout comme il n'hésite pas à répondre présent à des sollicitations venues de différents pays et continents. Ainsi, juste avant les États-Unis, il avait été l'invité de la Guild Fair de Cape Town, en Afrique du Sud, où, sous la férule de Carwan, le designer avait exposé une série de six tabourets/tables d'appoint en bronze et grès noir spécialement réalisés pour l'événement en collaboration avec sa sœur Mary-Lynn, céramiste d'art.
D'outre-mer, Carlo Massoud a répondu à quelques questions de L'Orient-Le Jour.

 

Il semblerait que vous ayez créé les objets spécialement pour l'occasion. Comment est née l'idée ?
« En novembre dernier, ma sœur et moi avions passé un mois à Cape Town pour rencontrer des artisans locaux et des ateliers de production. Et cela à l'initiative de la (pop up) galerie Carwan qui nous avait approchés un mois plus tôt pour nous proposer ce projet. Nous avons d'abord mené une recherche basée sur l'architecture tribale de la région. Mais une fois sur place, nous avons vite changé de direction, fascinés que nous étions par les poupées de fertilité (amulettes) des tribus Zulu et d'Afrique centrale. Ces poupées, chacune unique et décorée de manière singulière, sont transmises de mère en fille et de génération en génération. Elles représentent la continuité et la fragilité de la vie. »

 

Pouvez-vous détailler votre démarche ?
« Sur place, nous avons travaillé avec la fonderie de bronze Bronze Age et le céramiste Andilé de Imiso. Car l'idée première était de mixer deux matériaux différents. À savoir le bronze, qui est un matériau fascinant, nécessitant énormément de travail avec des possibilités sans fin de patine et de finitions. Et la terre locale, un grès noir, qui est différente de ce que l'on connaît au Liban.
Nous avons baptisé ce projet Autopsy, en référence à une dissection de la poupée de fertilité. Et avons décidé que la céramique (matériau fragile) représentera, de façon géométrique, l'œuf ou le noyau de la vie qui sera protégé par une coquille beaucoup plus solide (le bronze).
Les maquettes ont été travaillées dans l'atelier de ma sœur à Beyrouth puis envoyées pour la production des moules. Une fois les objets coulés, nous avons-nous même exécuté le travail de patine. Chaque résultat était surprenant et nouveau. Cela nous a permis de produire au total 6 pièces uniques dans leur forme et leurs couleurs. Et c'est exactement ce que l'on désirait : des objets qu'on ne puisse pas reproduire deux fois à l'identique. »


Est-ce votre première collaboration avec votre sœur, céramiste d'art ? Est-ce une expérience que vous renouvelleriez avec d'autres créateurs ?
« Oui. C'est la galerie qui nous a proposé ce défi de collaborer ensemble pour la première fois. Et je dois avouer que je ne me suis jamais aussi bien entendu avec Mary-Lynn et que le travail d'équipe a été très enrichissant pour nous deux. Tout comme l'a été notre collaboration avec les artisans locaux. Car nous avons pu mixer notre savoir-faire et notre culture avec les leurs. Et je renouvellerai, sans hésiter, cette expérience avec différents créateurs tout autant qu'avec des artisans et des personnes qui ne sont pas du métier. Chacun a quelque chose à dire et à montrer, et travailler avec des gens d'horizons différents ne peux qu'être productif et bénéfique. »
Carlo Massoud, ou le jeune design libanais ouvert au monde !

 

Demain s'ouvrira sa première exposition new-yorkaise. Pour conquérir Big Apple, Carlo Massoud a emmené son bataillon d'Arab Dolls (en édition limitée à soixante). Quatre rangées de quinze pièces fuselées en bois laqué, alignées directement sur le sol du Armory Show et qui, nonobstant leur épurement extrêmement stylisé, évoquent les silhouettes voilées de noir des musulmanes.À...

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