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Lifestyle - Hotte d’or

Tellement, tellement folle de lui

Photo AFP

Ce vendredi-là, j'avais chassé Louisa. Le bonheur faisant scintiller ses moustaches, elle m'avait annoncé qu'elle allait au cinéma pour voir 50 Shades of Grey, Madame, c'est mon livre-culte à la base. Quelle ânesse. Son QI est une négation gargantuesque de l'évolution humaine. Une fois seule, j'ai hermétiquement fermé tous les rideaux parme de ma chambre. Éteins toutes les lumières. Allumé les 711 bougies que j'avais commandées chez Rigaud il y a trois mois, toutes dans la même couleur : le vert J, un mélange de vert chou et de vert wasabi. Parfumées à l'ambre et à la cerise. Je m'étais mise nue. Fondamentalement nue. Le bras gauche entièrement recouvert de bracelets en platine que la sympathique Sylvie Saliba m'avait créés, le bras droit noyé de bracelets-serpents en titane et en rubis dessinés pour moi par l'impertinente et divine Ranya Sarakbi, et mes dix doigts bagués par les bons soins de la mignonne comme tout Rosa Maria, Rosy Abourrousse, que je considère comme ma petite fille. Trois bouteilles de Veuve Clicquot rosé cuvée 1982 ronflotaient dans un immense seau Alessi. Ma gorge était sèche. Je suçais gentiment une dragée au fenouil et à la cardamome. Le téléphone, naturellement, était débranché. Mon portable asphyxié. Ma tachycardie prenait des proportions désobligeantes. Ma vie durant, décennie après décennie, de mes premières années avec Gabrielle Chanel jusqu'à ma toute récente escapade amazonienne, mon cœur n'a battu que trois fois : quand Jean Cocteau m'a dit qu'il aurait adoré être la femme que je suis, quand Neil Armstrong sur la Lune m'a fait un clin d'œil que personne n'a compris (nous avions eu une vague amourette six mois avant) et quand Houssam, du haut de ses 23 ans, après quatre ans de vie commune, a décidé de divorcer après qu'il m'eut craché au visage qu'être gérontophile n'est pas un métier dont il avait toujours rêvé. Mais là, ma tachycardie occupait toute la pièce. Sur le petit écran de mes plus grands troubles, il allait apparaître. Le Bang and Olufsen allait imploser. Dans quelques minutes, on annoncera le vainqueur. J'avalais mon champagne avec la gloutonnerie d'un Stéphane Bern dévorant l'arbre généalogique de la duchesse d'Albe. Dans ma tête, les images se télescopaient. Comment j'avais giflé Louise Bourgoin quand je l'ai surprise dans les bras de J. Quel plaisir proche de l'orgasme j'ai ressenti lorsque, ivre de rage dans une robe longue Elsa Schiaparelli, j'ai noyé la voiture de Marina Hands sous des douzaines et des douzaines d'œufs crus. La lettre ouverte de 5 477 mots que mon Serge (July) a réussi à publier pour moi dans Libération et dans laquelle j'exigeais, c'était en 2007, que Marianne James soit non seulement licenciée pour faute grave de La Nouvelle Star, mais qu'elle soit aussi embastillée et interdite d'éclairs au chocolat. La fois où J. et moi, incognito dans les rues de San Francisco, avions chanté dans la rue, à tue-tête, sous la pluie, À quoi ça sert l'amour que cette pauvre Édith avait créée en duo avec son bimbo de l'époque, Théo quelque chose. Comment il m'a quittée, puis reprise, puis requittée, puis rereprise, Je t'ai dans la peau, Gottine, me disait-il, aussi sérieux que Jean d'Ormesson dans une rave party à Ibiza, un camélia entre les dents, en jeans Kooples et pieds nus, écrivant : Parle-moi de nos vices que cachent les jolies choses / Des solstices d'été et puis du poids des roses / De l'opéra Garnier gavé à l'overdose / De ton pervers anglais déchirant toutes tes poses. Et il a eu l'incommensurable culot de titrer ce morceau Glenn Close. Cette bonniche. Et puis j'ai hurlé : Julien. C'est lui qui a gagné. Interprète masculin (machoissime) de l'année aux Victoires de la musique. Et puis il est apparu. Ce salaud. Mon homme, mon seul échec. Et puis j'ai couiné, martyre sous les roses : miam-miam.

Ce vendredi-là, j'avais chassé Louisa. Le bonheur faisant scintiller ses moustaches, elle m'avait annoncé qu'elle allait au cinéma pour voir 50 Shades of Grey, Madame, c'est mon livre-culte à la base. Quelle ânesse. Son QI est une négation gargantuesque de l'évolution humaine. Une fois seule, j'ai hermétiquement fermé tous les rideaux parme de ma chambre. Éteins toutes les...

commentaires (3)

PRIÈRE LIRE : DANS LE NU... ETC... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 04, le 18 février 2015

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • PRIÈRE LIRE : DANS LE NU... ETC... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 04, le 18 février 2015

  • DIVAGATION(S)... DANS LE NUE... AU GOÛT DES VINS... ET LES RÊVES INSOLITES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 22, le 18 février 2015

  • Rafraichissant le matin:)

    Michele Aoun

    08 h 43, le 18 février 2015

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