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Moyen Orient et Monde - Ukraine

Accord doux-amer entre Kiev et Moscou : et maintenant...

Un certain soulagement ressenti, mais une paix durable reste encore incertaine.

Arraché après 16 heures de pourparlers entre Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande, l’accord évite à court terme à la Russie un durcissement des sanctions occidentales. HO/AFP

L'accord sur un cessez-le-feu en Ukraine, signé hier à Minsk après une nuit marathon de négociations entre dirigeants allemand, français, ukrainien et russe, apporte un soulagement à ce pays déchiré par un conflit meurtrier, mais une paix durable est encore très incertaine selon les Européens.
« La négociation a été très difficile et nous ne nous attendons pas à une mise en œuvre facile du processus », a déclaré hier soir le président ukrainien Petro Porochenko, après une nuit blanche ponctuée de hauts et de bas, mais surtout de moments pleins de suspense. Cet « accord sur l'essentiel » annoncé par Vladimir Poutine « ne garantit pas un succès durable », a estimé quant à lui le président français François Hollande, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a fait état de « gros obstacles » subsistant sur la voie d'un rétablissement de la paix dans l'est de l'Ukraine. « Les négociations étaient constructives, mais parfois dures et très émotionnelles », a déclaré à l'AFP le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Mais « aucun ultimatum n'a été adressé ni à la Russie ni par la Russie », a-t-il assuré.
Signé par les séparatistes prorusses et Kiev, l'accord prévoit un cessez-le-feu à partir de dimanche minuit heure de Kiev (demain 22h00 GMT) et le retrait des belligérants et de leurs armes lourdes permettant la création d'une zone tampon d'une profondeur de 50 à 140 kilomètres. Les précédents accords fixaient une zone de 30 km. Il prévoit en outre l'adoption d'une nouvelle Constitution d'ici à fin 2015 prévoyant une « décentralisation » des régions de Donetsk et de Lougansk, en accord avec les représentants de ces zones. « Les deux problèmes étaient d'une part le contrôle des frontières, les Russes étaient très réticents, et d'autre part le statut des provinces de l'Est », a précisé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. « Si nous n'avions pas fait cette tentative, c'était la guerre. Là, il y a une chance de paix », a-t-il ajouté.

De justesse ?
Arraché après 16 heures de pourparlers, durant lesquelles rien n'a filtré jusqu'au dernier moment, entre Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande, l'accord évite à court terme à la Russie un durcissement des sanctions occidentales et compromet la perspective de livraisons d'armes américaines à Kiev, mais ne règle pas définitivement le conflit, soulignent des analystes. M. Poutine a ainsi relevé que les séparatistes attendaient des soldats ukrainiens encerclés à Debaltseve, localité devenue ces dernières semaines un point chaud particulièrement symbolique, qu'ils « déposent les armes » afin que le cessez-le-feu puisse entrer en vigueur. Le gouvernement ukrainien, pour sa part, considère qu'il n'y a pas d'encerclement, selon le chef de l'État russe.
Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a salué hier l'accord, réclamant un « cessez-le-feu véritable et durable ». L'Union européenne « n'hésitera pas à prendre des mesures » si le nouveau cessez-le-feu n'est pas appliqué, a pour sa part prévenu hier le président du Conseil européen, Donald Tusk. « Si cela marche bien, on sera ravi d'accompagner ce processus, s'il y a des difficultés, on n'exclut pas non plus d'autres sanctions », a indiqué de son côté la chancelière allemande Angela Merkel à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles. L'accord, « c'est certainement un pas dans la bonne direction, même si je sais que ça ne réglera pas tout », a réagi la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. « Il faut qu'on soit très clair envers Vladimir Poutine, qui doit savoir que les sanctions ne seront pas levées à moins que son attitude ne change », a insisté de son côté le Premier ministre britannique David Cameron. Les États-Unis ont pour leur part « salué » l'accord trouvé, tout en réclamant qu'il soit « suivi de mesures immédiates et concrètes ». L'accord « n'est pas une solution globale et encore moins une percée », a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, saluant le document, mais « sans euphorie ». Les dirigeants séparatistes considèrent, quant à eux, que l'accord peut faire espérer une « solution pacifique ». Le retrait des armes lourdes risque toutefois de « prendre plus de deux-trois jours », a prévenu Andreï Pourguine, un haut responsable séparatiste à Donetsk.

Espoir à Donetsk ?
Selon l'armée ukrainienne, au moment où MM. Poutine et Porochenko négociaient d'arrache-pied à Minsk, une cinquantaine de chars ont pénétré à partir de la Russie sur le territoire ukrainien. En outre, avant le sommet, soldats ukrainiens et rebelles avaient intensifié les combats sur le terrain pour arriver en position de force à la table des négociations : avec au moins 49 morts mardi et mercredi, l'Ukraine avait connu l'un des épisodes les plus meurtriers en dix mois. Au moins seize personnes, dont deux soldats ukrainiens, ont encore péri ces dernières heures dans des combats et des bombardements. Dans le fief rebelle de Donetsk, les tirs d'artillerie à partir des positions séparatistes n'ont pas cessé de la nuit. « J'espère que ce sera un vrai cessez-le-feu. Ça fait trois semaines que je ne sors pas de chez moi tellement j'ai peur. Je suis sortie après avoir vu sur Internet qu'un accord a été signé », racontait Elena Ivachova, 30 ans, une habitante de Donetsk.

L'accord sur un cessez-le-feu en Ukraine, signé hier à Minsk après une nuit marathon de négociations entre dirigeants allemand, français, ukrainien et russe, apporte un soulagement à ce pays déchiré par un conflit meurtrier, mais une paix durable est encore très incertaine selon les Européens.« La négociation a été très difficile et nous ne nous attendons pas à une...

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