Morts de migrants à Ceuta: 16 gardes civils convoqués par la justice

La justice a convoqué 16 gardes civils dans l'enquête sur la mort d'une quinzaine de migrants qui tentaient de gagner à la nage l'enclave espagnole de Ceuta au Maroc en février 2014, a-t-on appris mercredi de source judiciaire.

Le tribunal d'instruction N°6 de Ceuta a convoqué ces gardes à partir du 3 mars afin de les entendre au sujet du drame de Tarajal, le nom d'une plage de Ceuta en bordure de laquelle une quinzaine de migrants ont péri noyés le 6 février 2014, selon un communiqué du Tribunal supérieur de justice d'Andalousie, dont dépend Ceuta.

Selon des témoignages diffusés à l'époque, les forces de l'ordre avaient ce jour-là tiré des balles en caoutchouc en direction de ceux qui se trouvaient dans l'eau et des billes en plastique pour crever les bouées auxquelles s'accrochaient les migrants, dont beaucoup ne savaient pas nager.
Les autorités espagnoles ont seulement admis avoir tiré des balles en caoutchouc en l'air.

La juge chargée de l'enquête veut déterminer si l'usage des balles de caoutchouc a pu "jouer dans la mort des cinq migrants trouvés sur les côtes espagnoles" et si les agents ont pu "se rendre responsables de l'homicide par imprudence" de ces personnes. L'enquête sur les autres victimes, n'ayant pas été retrouvées en territoire espagnol mais dans les eaux territoriales marocaines, dépend d'informations en provenance du Maroc, pays auquel la juge a adressé une commission rogatoire. La magistrate a notamment demandé à Rabat de lui communiquer le nombre de victimes retrouvées et le résultat des autopsies réalisées.

"C'est très important pour les familles (... ) qui veulent savoir qui a tué leurs enfants et pourquoi", a réagi mercredi Helena Maleno, membre de l'ONG Caminando Fronteras, qui défend les droits de ces migrants.
L'Espagne est régulièrement accusée de violation des droits de l'homme aux frontières de Ceuta et Melilla, son autre enclave en territoire marocain, qui sont aussi les deux seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Europe. Ces deux points de passage attirent des milliers de migrants, provenant notamment de zones de conflit, et qui espèrent franchir ses hautes barrières pour entrer en Europe.