Imminence d’une opération militaire contre Boko Haram ?

Les troupes tchadiennes dépêchées au Cameroun pour contrer l'expansion de Boko Haram ont pris position dans la ville stratégique de Fotokol, poste frontière camerouno-nigérian à quelques dizaines de mètres des positions des islamistes armés, laissant présager l'imminence d'une opération militaire. Cependant, aucune indication n'a pu être obtenue sur le nombre d'hommes mobilisés.
Auparavant, les islamistes ont déjà lancé des actions à partir de cette ville, se heurtant aux troupes camerounaises, qui ont tenu le choc jusqu'à présent, quoique souvent critiquées pour leur inaction. Mais mercredi, des roquettes tirées par des islamistes embusqués à Gambaru sont tombées à Fotokol, selon une source proche des services de sécurité. De plus, des explosifs enterrés par Boko Haram sur la route reliant Fotokol à Kousseri, frontalière du Tchad, ont fait récemment des victimes militaires et civiles. Camionneurs et civils en provenance du Nigeria pour le Cameroun ou le Tchad fréquentaient auparavant cet axe stratégique, mais leurs mouvements ont quasiment cessé depuis que Boko Haram a miné le terrain.
Par ailleurs, arrivé au Cameroun le 17 janvier, le contingent tchadien entend aussi en découdre et reprendre la ville stratégique de Baga, sur les rives du lac Tchad au nord du Nigeria. Dans cette ville tombée début janvier, les islamistes ont perpétré des « crimes contre l'humanité », selon Washington et Paris. De plus, plusieurs habitants de Baga Sola, ville miroir tchadienne de Baga au Nigeria, ont affirmé avoir vu décoller des hélicoptères de la ville et avoir entendu « des explosions » à plusieurs reprises sur le lac Tchad ces derniers jours.
Les actions des armées camerounaise et tchadienne seront « conjointes », selon l'officier supérieur de l'armée. « Tout fait l'objet de planification. (...) Chaque pays doit préserver ses intérêts (mais) personne n'agira en cavalier (seul) », a-t-il expliqué. De même source, les orientations stratégiques dépendront de ce que veut « le politique », c'est-à-dire les responsables des deux États. Car le sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, qui a débuté aujourd'hui et où l'avancée de Boko Haram sera au centre des débats, pourrait accélérer la prise de décision.