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Économie - Liban - Santé

Application prochaine de l’ordonnance unifiée pour réduire les dépenses pharmaceutiques

En encourageant l'utilisation des médicaments génériques, l'ordonnance unifiée pourrait réduire la facture pour la sécurité sociale et pour le citoyen, mais depuis sa création en 2010, elle n'a jamais été utilisée. Décryptage.

Selon une étude, les dépenses pour les médicaments au Liban représentent 3,1 % du PIB, l’un des niveaux les plus élevés au monde.

« L'ordonnance unifiée sera bientôt appliquée », a promis hier le président de la commission parlementaire de la Santé, Atef Majdalani, après s'être réuni avec toutes les parties concernées : les médecins, les pharmaciens, le ministère de Santé et la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS).
Ce projet remonte à 2010. À l'époque, la loi qui réglemente la profession des pharmaciens avait institué une ordonnance numérisée et délivrée en trois copies, l'une au médecin, l'une pour le pharmacien et la troisième pour le patient. L'amendement a également autorisé les pharmaciens à proposer la substitution d'un générique au médicament princeps (l'original distribué sous son nom commercial) prescrit par un médecin sous réserve que plusieurs conditions soient remplies. Le générique doit être approuvé par le ministère de la Santé, son prix doit s'avérer inférieur au prix du médicament prescrit, et enfin, il faut que le patient et le médecin soient d'accord.
Cette réforme a trois objectifs principaux. D'abord, accroître la transparence au niveau des prescriptions médicales. Ensuite, financer la caisse de retraite des médecins puisque les carnets d'ordonnances sont vendus par l'ordre des médecins et lui assurent donc des revenus supplémentaires. Enfin, et surtout, réduire les dépenses en encourageant l'utilisation des génériques. L'enjeu est de taille. « Les dépenses pharmaceutiques s'élèvent à environ 1,3 milliard de dollars par an. L'utilisation des génériques va réduire cette facture pour la CNSS, mais aussi pour le citoyen car il paie en moyenne 70 % du prix des médicaments », explique Atef Majdalani à L'Orient-Le Jour. Selon un rapport dy Business Monitor International, les dépenses en médicaments ont représenté 3,1 % du PIB libanais en 2014, un niveau parmi les plus élevés au monde.
Mais malgré son intérêt économique, l'ordonnance unifiée n'a jamais été appliquée. En 2012, une étape décisive pour l'application de cette réforme semble être franchie lorsque l'ordre des médecins, la CNSS et le ministère de la Santé élaborent ensemble un formulaire type. Mais seul l'ordre des médecins du Nord s'en empare en imprimant des milliers d'exemplaires. Las, moins de 10 % d'entre eux seront effectivement utilisés par les praticiens.
Il y a plusieurs raisons à cela : d'abord le règlement de la CNSS – pourtant coauteure du document – interdit le remboursement d'un médicament qui n'est pas explicitement prescrit par le médecin. À cet égard, Atef Majdalani affirme avoir reçu hier l'assurance que ce règlement sera amendé. « Il semble aussi qu'il y ait eu des problèmes internes au sein de l'ordre des médecins sur le choix de l'imprimerie », ajoute-t-il. Enfin, il évoque une « réticence » de la part de certains médecins qui craindraient un contrôle fiscal plus strict du fait de la numérisation de ces ordonnances.
De son côté, le député Nagi Gharios évoque une autre raison. « De nombreux médecins ne font pas confiance aux génériques introduits au Liban. Ils remettent en cause la compétence de la commission chargée de les approuver au sein du ministère de la Santé. En 2014, une soixantaine de génériques ont été introduits au Liban contre moins d'une vingtaine aux États-Unis. Qu'est ce qui explique cette différence ? » s'interroge-t-il. À ce sujet, Atef Majdalani rappelle qu'il avait proposé lors de l'élaboration de la loi que seuls les génériques approuvés par les agences des médicaments européenne et américaine soient autorisés, mais certains députés s'y étaient opposés. Du coup, le législateur s'est contenté d'imposer à la commission du ministère de se baser sur les normes de l'Organisation mondiale de la santé.
Si partout ailleurs les grands laboratoires pharmaceutiques tentent de limiter la banalisation des génériques, les importateurs de médicaments au Liban affichent, eux, leur neutralité : « L'ordonnance unifiée ne change rien pour les importateurs. En revanche, elle donne la possibilité aux consommateurs d'acheter un médicament générique en principe moins cher s'ils le veulent et si leur médecin est d'accord », commente le président du syndicat Armand Pharès. Selon lui, les génériques représentent aujourd'hui 40 % du marché en volume et un peu moins du tiers en valeur.

« L'ordonnance unifiée sera bientôt appliquée », a promis hier le président de la commission parlementaire de la Santé, Atef Majdalani, après s'être réuni avec toutes les parties concernées : les médecins, les pharmaciens, le ministère de Santé et la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS).Ce projet remonte à 2010. À l'époque, la loi qui réglemente la profession des...

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