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À La Une - philippines

Devant une foule immense à Manille, François défend l'enfance

"Si nous n'apprenons pas à pleurer, nous ne pouvons pas être de bons chrétiens", martèle le pape dans un des moments les plus forts du voyage.

D'après le président de l'Autorité du développement de l'agglomération de Manille Francis Tolentino, six millions de Philippins ont afflué pour assister à la messe célébrée dimanche par le pape François. AFP PHOTO / GIUSEPPE CACACE

Le pape François a célébré la messe dimanche à Manille devant une foule record de six millions de Philippins enthousiastes, qui se sont reconnus dans son exaltation d'une foi populaire et ses dénonciations de la corruption et de la pauvreté.

Au quatrième jour de sa visite dans ce bastion catholique d'Asie, les fidèles avaient afflué très tôt de toute l'agglomération de Manille et certains, de régions reculées, pour assister à la messe au parc Rizal, en bord de mer.
Une tempête tropicale était arrivée du Sud, provoquant de fortes pluies. Fidèles, prêtres, sœurs et quelque 40 000 policiers s'étaient enveloppés de ponchos de plastique colorés pour écouter le pape argentin.

Jorge Bergoglio a fait son entrée en papamobile Jeepney. Il a été follement acclamé par la foule très pieuse, chez qui trouve une résonance toute particulière la dénonciation par le pape du dévoiement des richesses, des inégalités sociales et des catastrophes climatiques. Certains brandissaient des statuettes de la Vierge ou du "Nino" ("petit Jésus") à bout de bras.

Le pape François, dont les prières étaient prononcées en anglais et en tagalog, a exhorté les Philippins à être des " missionnaires" dans toute l'Asie". "C'est un don de Dieu, une bénédiction! Mais c'est aussi une vocation!"
Plus de 80% des 100 millions de Philippins pratiquent un catholicisme extrêmement fervent mais l’Église ne représente que 3,2% de la population de la région dans son ensemble.

Le cardinal de Manille, Luis Antonio Tagle lui a répondu : "Oui, s'il vous plaît, envoyez-nous !". "Tous les Philippins voudraient partir demain avec vous, mais pas pour Rome ! Pour aller dans les périphéries, les bidonvilles, les prisons, les hôpitaux, le monde de la politique, des finances, des arts, des sciences, de la culture, de l'éducation et des communications", a ajouté l'archevêque charismatique de Manille, étoile montante du christianisme asiatique.

Prêt à tomber malade pour lui
"Nous sommes dévoués au pape", a expliqué à l'AFP Bernie Nacario, venu avec sa femme et ses deux enfants. "Le pape est l'instrument du Seigneur et si l'on peut communiquer avec lui, c'est comme parler à Dieu lui-même!", a-t-il ajouté.
"Je suis prêt à être trempé pour François, à tomber malade pour lui. J'espère que ma foi va être renforcée après son message aux familles philippines", a témoigné de son côté May Dupaya.
Mafe Vival, qui était à la messe de Jean Paul II en 1995, au même endroit, estime qu'aujourd'hui "les Philippins sont plus religieux maintenant" et qu'"il y a une ferveur plus grande".
Ce pape "nous touche au cœur. Dans ces moments on ne sent plus la faim", a ajouté Mafe Vival.

Alors qu'il quittait le parc en papamobile, ayant endossé lui aussi un poncho de plastique, la foule scandait "Mabuhay (Longue vie), pape François".
D'après le président de l'Autorité du développement de l'agglomération de Manille Francis Tolentino, six millions de Philippins ont afflué pour assister à la messe au parc, dans les rues et les quartiers alentours. D'après les autorités philippines, le précédent record pour un rassemblement papal dans le monde datait de 1995, lorsque Jean-Paul II avait réuni cinq millions de personnes.

"Le pape a voulu dans ce voyage donner une impulsion pour une voie concrète pour une société philippine plus cohérente avec les valeurs chrétiennes", a expliqué le porte-parole Federico Lombardi, relevant l'insistance du pape sur les inégalités dans cette société très catholique.

Lors son séjour entamé jeudi et qui s'achève lundi matin, François a conquis les cœurs des Philippins en dénonçant les inégalités criantes et la corruption, et en rendant visite samedi aux victimes du cyclone de Tacloban (7 300 morts et disparus en novembre 2013). Il a aussi lancé de nombreux appels pour la famille traditionnelle, dénonçant le "relativisme", les "menaces insidieuses" et la "confusion" sur le mariage.


"Pleurer" pour les enfants des rues
Dans la matinée, devant 30 000 jeunes, François avait appelé à la "compassion" pour la souffrance des enfants des rues victimes de la prostitution et de la drogue.

Jun Chura, 14 ans, a été secouru par la Fondation ANAK-Tnk, une association qui vient en aide aux enfants des rues, dirigée par le père français Matthieu Dauchez. Dans un témoignage émouvant, il a raconté le destin de ces enfants abandonnés par leurs parents, et qui tentent de survivre, volent, tuent parfois, ou sont victimes de pédophiles.

Une adolescente de 12 ans, Glyzelle Aries Palomar, également accueillie par ANAK-Tnk, a éclaté en larmes quand elle a demandé au pape pourquoi il y avait "si peu de gens qui aident ces enfants qui vivent des choses terribles comme la drogue et la prostitution ?" "Pourquoi Dieu permet-il ces choses, quand les enfants n'ont commis aucune faute ?", a lancé Glyzelle avant de se serrer spontanément contre le pape. Celui-ci alors caressé la tête des deux enfants pour les consoler.

"Pourquoi des enfants souffrent tant ! Il n'y pas de réponse immédiate", a-t-il dit. "C'est seulement quand nous pouvons pleurer que nous sommes près d'une réponse. N'ayez pas peur des larmes. Jun a parlé avec des mots nés de nos larmes", a-t-il dit en espagnol, avant d'être traduit par un prêtre en anglais.
"Ce n'est pas la compassion mondaine qui peut être utile, consistant à mettre seulement sa main à la poche, non ! Aujourd'hui le monde vit un manque de capacité à savoir pleurer. Avons-nous appris à pleurer pour les enfants qui se droguent, qui endurent la prostitution ? Si nous n'apprenons pas à pleurer, nous ne pouvons pas être de bons chrétiens", a-t-il martelé le visage grave, dans un des moments les plus forts du voyage.

 

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