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Culture - Théâtre

L’apologie du mouvement

La compagnie libanaise Zoukak a accueilli l'artiste espagnole Carme Torrent et son spectacle, « 100 Horizontal Fires », pour deux représentations dans le cadre des « Zoukak Sidewalks ».

Carme Torrent évoluant sur scène dans le silence.

C'est au deuxième étage d'un immeuble de Badaro que le studio Zoukak a ouvert ses portes pour la performance 100 Horizontal Fires issue de To Move on Nothing. Ce dernier spectacle est né, en fait, d'un projet de collaboration autour du thème de «la pluralité des modes d'existence» en se focalisant surtout sur l'expression du corps et ses limites. «Que peut faire le corps?»
Dans un appartement aménagé en modeste salle de spectacle rappelant la pauvreté des mises en scène de Grotowski, Carme Torrent est parmi le public, peut-être par manque de coulisses. Elle monte sur scène avec la même nonchalance qu'un technicien parti arranger des câbles en fond de scène. Puis elle s'allonge, les jambes posées sur le mur du fond et commence son spectacle en restant immobile. Suit après un long moment de silence, on se rend compte que son immobilité est, en fait, un mouvement très lent, une métamorphose du corps, presque une éclosion de chrysalide.
Carme Torrent n'est pas une actrice, c'est une scientifique de laboratoire et son sujet d'étude est le corps. Elle explore, fouille les différentes possibilités que ce dernier peut offrir. Chaque mouvement, chaque respiration, chaque frétillement de cils est minutieusement étudié pour délivrer une émotion. Car l'histoire n'est pas explicite, elle est dans le silence du mouvement. Le récit qu'elle raconte est imbriqué dans l'enchaînement des gestes et des immobilismes. De temps en temps, elle arrête sa chorégraphie, revient vers le public et contemple la scène. Comme pour y chercher une trace de son histoire et de ses gestes dans l'espace vide du plateau. C'est dans cette sorte d'appel d'air que résident la vraie émotion du spectacle et la véritable catharsis qui permet au spectateur de se projeter dans l'œuvre.
Lorsque le silence est brisé, c'est avec une extrême délicatesse que les mots sont prononcés. L'artiste demande à une assistante de bien vouloir traduire ses paroles en arabe avec une grande simplicité, comme un service qu'elle voudrait bien lui rendre. Il ne faut pas considérer ce spectacle comme une histoire scénarisée, mais plutôt comme plusieurs émotions forgeant des milliers de possibilités.
C'est cette ambiance-là qui rend cette pièce «pauvre» au sens «grotowskien» du terme. Un théâtre où l'acteur est démuni de tout sauf de son corps et où le spectacle est offert en sacrifice au public. Car, comme le disait Grotowski lui-même: «Le théâtre doit reconnaître ses propres limites. S'il ne peut pas être plus riche que le cinéma, qu'il soit pauvre. S'il ne peut pas être aussi prodigue que la télévision, qu'il soit ascétique. S'il ne peut pas être une attraction technique, qu'il renonce à toute technique. Il nous reste un acteur "saint" dans un théâtre pauvre.»

C'est au deuxième étage d'un immeuble de Badaro que le studio Zoukak a ouvert ses portes pour la performance 100 Horizontal Fires issue de To Move on Nothing. Ce dernier spectacle est né, en fait, d'un projet de collaboration autour du thème de «la pluralité des modes d'existence» en se focalisant surtout sur l'expression du corps et ses limites. «Que peut faire le corps?»Dans un...

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