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Moyen Orient et Monde - Grande-Bretagne

« Cette loi vise la communauté musulmane. Rien d’autre. C’est raciste »

Londres présente une loi antiterroriste, les musulmans craignent l'amalgame.

Un policier armé dans le centre de Londres. Leon Neal/AFP

La nouvelle loi antiterroriste, présentée hier par le gouvernement britannique et qui cible spécifiquement les apprentis jihadistes, a été accueillie avec scepticisme et inquiétude par les musulmans de Londres, qui craignent leur mise à l'index.
« Cette loi vise la communauté musulmane. Rien d'autre. C'est raciste », juge Mohammad Ali, un marchand du quartier de Whitechapel qui accueille une forte communauté musulmane ainsi que la mosquée la plus ancienne de la capitale britannique. « Ce n'est pas parce qu'une partie de la communauté agit de façon criminelle qu'il faut considérer que c'est le fait de la communauté dans son ensemble », dénonce encore l'homme de 55 ans, entouré d'une multitude de foulards colorés et parés de sequins.
Dans les rues alentour, les stands de marché proposent djellabas et foulards, littérature islamique et nourriture halal. À quelques minutes de marche, la station de métro Aldgate a été le théâtre de l'explosion de l'une des quatre bombes des attentats du 7 juillet 2005 qui ont fait 52 morts et traumatisé le pays. Dimanche dernier, la police a affirmé avoir déjoué « quatre ou cinq complots terroristes » en 2014, contre un seul en moyenne les années précédentes, affichant son « inquiétude grandissante » notamment vis-à-vis de « loups solitaires » capables de commettre des attentats nécessitant peu ou pas de préparation.
Par ailleurs, les nouvelles lois visent à endiguer les départs et empêcher les retours de ces apprentis jihadistes. « Je comprends la logique des autorités, pourquoi elles veulent durcir les lois à cause d'une infime minorité de soi-disant musulmans », déclare Javad Iqbal, un autre commerçant de 51 ans. Néanmoins, « cette nouvelle loi risque surtout de porter atteinte à la liberté d'expression et de stigmatiser les musulmans », ajoute-t-il, estimant que les jeunes tentés par la radicalisation avaient avant tout besoin d' « être éduqués ». Fatima Ali, une infirmière de 46 ans, estime, quant à elle, que la communauté musulmane aurait dû être impliquée par les autorités dans la conception de cette loi. « Nous devons nous battre tous ensemble, dit-elle. Or, je pense que ces lois vont nous diviser, elles ont été faites de manière trop précipitée. »
Le président de l'organisation musulmane de défense des droits de l'homme, Islamic Human Rights Commission (IHRC), Massoud Shadjareh, affirme n'avoir aucune connaissance d'une quelconque consultation et craint aussi que la loi crée davantage de « différence dans notre société que de sécurité ». Il reproche aussi aux autorités britanniques de passer sous silence le fait que les groupes comme l'État islamique (EI) s'en prennent en premier lieu aux musulmans, tout en réussissant à les rendre suspects aux yeux du monde entier. « La réalité est que l'EI tue davantage de musulmans que n'importe qui en Irak et en Syrie », dit-il.
Le Muslim Council of Britain, la plus importante association de musulmans britanniques dans un pays qui compte 2,8 millions de musulmans (soit 4,4 % de la population), n'a pas commenté hier la nouvelle loi, mais a manifesté sa réticence, comme pour les législations antérieures.
Mohammad Abbas/AFP

La nouvelle loi antiterroriste, présentée hier par le gouvernement britannique et qui cible spécifiquement les apprentis jihadistes, a été accueillie avec scepticisme et inquiétude par les musulmans de Londres, qui craignent leur mise à l'index.« Cette loi vise la communauté musulmane. Rien d'autre. C'est raciste », juge Mohammad Ali, un marchand du quartier de Whitechapel...

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