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Moyen Orient et Monde - Burkina Faso

Blaise et Chantal Compaoré, réfugiés de luxe au Giscardium

Les Ivoiriens très partagés sur l'ancien homme fort destitué vendredi et désormais installé à Yamoussoukro.

Les manifestants prodémocratie entonnent des slogans contre les règles militaires sur la place de la Nation à Ouagadougou. Joe Penney/Reuters

Un anonymat complet dans l'une des résidences les plus prestigieuses de Côte d'Ivoire : l'ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, qui a démissionné vendredi après une journée d'émeutes, a trouvé refuge à Yamoussoukro, la capitale administrative ivoirienne.
Pas un mouvement n'est palpable derrière les grilles en fer forgé de la « villa des hôtes ». Il faut monter sur un léger surplomb pour voir la grande bâtisse aux nombreux balcons et au toit plat, entourée d'une vaste pelouse bien taillée, protégée par un haut mur rehaussé de grilles. Rien ne laisse deviner qu'elle est actuellement occupée. Le Giscardium, un surnom attribué au bâtiment car il fut inauguré par l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing lors de sa première visite officielle dans les années 1970, héberge pourtant un homme qui paraissait encore il y a quelques jours au faîte de sa puissance. Le couple Compaoré, Chantal et Blaise, y a posé ses valises vendredi soir après une journée de voyage tourmentée. Parti à la mi-journée de Ouagadougou, alors que la démission du chef de l'État, après 27 ans de pouvoir, était annoncée par communiqué, un convoi de... 27 voitures, selon une source sécuritaire, se dirigeait vers Pô. Mais les habitants de cette ville de garnison, qui abrite un centre d'entraînement commando stratégique pour le pouvoir, avaient annoncé l'érection de barricades pour accueillir leur ancien dirigeant, devenu persona non grata. « Il n'est donc jamais venu », raconte l'un d'eux. Le convoi, vraisemblablement averti, aurait contourné la ville, selon la source sécuritaire. On perd ensuite sa trace. Faute d'information, Blaise Compaoré est d'abord annoncé au Ghana, proche de Pô. Accra dément. Puis on l'imagine au Togo. Mais c'est finalement à Yamoussoukro que les nombreux véhicules pénètrent dans la nuit de vendredi.

« On ne veut pas de problèmes en Côte d'Ivoire »
Un employé de l'hôtel Président, autre immeuble au futurisme daté voulu par « le père de la nation ivoirienne » Félix Houphouët-Boigny, témoigne avoir servi l'ex-chef de l'État burkinabé et sa femme à la villa pour le dîner puis leur petit déjeuner. La présidence ivoirienne finit par confirmer l'accueil du couple de marque. La télévision publique l'annonce à son tour. La nouvelle ne provoque aucune réaction dans la capitale administrative, aux avenues disproportionnées et aux immeubles épars. Une équipe croise un petit groupe de journalistes locaux près de la villa, en quête de renseignements. Mais aucun autre curieux ne pointe à l'horizon. Dans un quartier plus peuplé de la ville, les réactions oscillent entre accueil enthousiaste et franche hostilité. « Quand nous étions en crise, on avait des frères qui étaient réfugiés au Burkina, observe Lassina Fofana, un ingénieur de 32 ans. Il est le bienvenu en Côte d'Ivoire. » « Blaise n'a pas envoyé de mercenaires en Côte d'Ivoire (...). Il était un médiateur », estime Yacouba Bakayoko, en référence aux accords de Ouagadougou signés en 2007, qui visaient à ramener la paix en Côte d'Ivoire et à réunifier le pays. Mais certains Ivoiriens ne cachent pas leur aversion pour l'ancien homme fort du Burkina Faso. « Il est le parrain de la rébellion en Côte d'Ivoire, rétorque Banhy, 60 ans. Donc s'il s'agit de le sauver aujourd'hui, qu'il reste là-bas ou bien qu'il aille ailleurs ! »
Évelyne AKA / AFP

Un anonymat complet dans l'une des résidences les plus prestigieuses de Côte d'Ivoire : l'ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, qui a démissionné vendredi après une journée d'émeutes, a trouvé refuge à Yamoussoukro, la capitale administrative ivoirienne.Pas un mouvement n'est palpable derrière les grilles en fer forgé de la « villa des hôtes ». Il faut monter sur un...
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