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Moyen Orient et Monde

La journée où tout le monde a voulu être président...

Rumeurs en série, tentatives d'autoproclamation comme chef de la transition : le Burkina Faso a connu une folle journée hier avant que l'armée ne douche les enthousiasmes en s'emparant dans l'après-midi de deux lieux stratégiques de la capitale. « D'accord Compaoré est resté 27 ans, mais ce n'est pas une raison pour avoir quatre présidents en trois jours ! » s'est enflammée une jeune Burkinabè sur le réseau social Twitter, résumant la confusion générale.
En effet, depuis la chute du président Blaise Compaoré, chassé vendredi par la rue après 27 ans au pouvoir, le Burkina Faso est plongé dans l'incertitude. Ce qui apparaissait initialement comme une « révolution » populaire, voire la promesse d'un « printemps africain », a pris de plus en plus hier des allures de coup d'État militaire. Samedi matin, l'armée avait désigné comme chef d'un régime de transition le lieutenant-colonel Isaac Zida, numéro 2 du régiment de sécurité présidentielle, la garde prétorienne de l'ex-président. La veille, le chef d'état-major, le général Nabéré Honoré Traoré, l'avait pris de vitesse en déclarant assumer les fonctions de chef de l'État, dès l'annonce vendredi de la démission de Blaise Compaoré, avant de se rallier samedi à M. Zida.
Furieuses de se voir confisquer le pouvoir par l'armée, l'opposition politique et la société civile avaient appelé à un grand rassemblement de protestation hier sur la place de la Nation. Des milliers de personnes ont quitté la place vers 12 h 30 (heure locale et GMT) pour se diriger vers la télévision nationale RTB, à deux kilomètres de là. Une grande confusion a ensuite régné dans les locaux de la RTB pendant une heure. Le général Kouamé Lougué, ex-ministre de la Défense, a voulu se déclarer chef du régime de transition devant les caméras. « Le peuple m'a réclamé, je viens répondre à l'appel », a déclaré le général retraité, dont la foule avait scandé le nom dans la rue vendredi après la démission de M. Compaoré. Las, les techniciens ont quitté le plateau et la diffusion a été interrompue.
Parallèlement, des centaines de personnes avaient escorté avec enthousiasme jusqu'à la télévision Saran Sérémé, dissidente de l'ex-parti au pouvoir, devenue chef d'une petite formation d'opposition, lui demandant de se proclamer à son tour présidente de transition. Elle a finalement renoncé, expliquant à ses supporters qu'il fallait d'abord se concerter avec les autorités religieuses et le reste de l'opposition.
C'est alors que les militaires sont intervenus. Des soldats du régiment de sécurité présidentielle ont tiré en l'air plusieurs rafales et se sont rendus maîtres en quelques minutes du bâtiment de la RTB, d'où ils ont chassé les manifestants et évacué le personnel. Un jeune homme a été tué par balle lors de cet incident, selon l'armée, qui parle d'une balle perdue. Simultanément, les militaires ont pris le contrôle de la place de la Nation, où des milliers de manifestants étaient toujours réunis. Des soldats ont tiré en l'air et lancé des grenades lacrymogènes, faisant fuir la foule et interdisant l'accès à la place.
En soirée, l'armée burkinabée a réaffirmé son engagement à mettre en place un régime de transition dans la concertation, dans un communiqué lu lors d'une conférence de presse après des négociations avec l'opposition.

Rumeurs en série, tentatives d'autoproclamation comme chef de la transition : le Burkina Faso a connu une folle journée hier avant que l'armée ne douche les enthousiasmes en s'emparant dans l'après-midi de deux lieux stratégiques de la capitale. « D'accord Compaoré est resté 27 ans, mais ce n'est pas une raison pour avoir quatre présidents en trois jours ! » s'est enflammée une...
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