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Moyen Orient et Monde - Le point

Le pétrole ou la bombe

C'est tout bête un problème d'arithmétique. Que faire quand on a besoin, pour équilibrer son budget, d'un pétrole à 140 dollars le baril et que les cours peinent à dépasser les 80 dollars, ce qui se traduit par un trou de 2,25 milliards qu'il importe de combler dans les trois mois à venir ? Confronté à cette grave question existentielle, l'Iran, s'il n'y a toujours pas trouvé de réponse, a élaboré une panoplie de palliatifs qui font l'admiration des experts de la Banque mondiale : dépréciation du taux de change de la monnaie nationale, ce qui a eu pour effet de booster certaines exportations qui ne sont pas frappées par l'embargo, relèvement de la capacité de production du segment non pétrolier, autonomie plus large de la Banque centrale, réactivation de l'organisation du planning et du management...
Malgré ces mesures, l'économie continue de se contracter à un rythme annuel estimé à 1,7 pour cent, encourageant l'Occident à maintenir ses mesures coercitives et la République islamique à faire traîner les négociations avec le groupe dit des 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) fixé sur le programme nucléaire du pays. Mais l'horloge du temps, elle, ne s'arrête pas : dans un mois, le 24 novembre pour être précis, expire le délai pour la conclusion d'un accord. Washington a même décidé qu'il ne saurait y avoir de prorogation de cette date butoir. Téhéran de son côté a mis de l'eau dans son vin (on demande pardon aux mânes de Rouhollah Khomeiny), faisant savoir qu'il n'exigeait plus une levée de toutes les sanctions mais simplement un allègement de certaines d'entre elles, les plus dures, qui portent sur l'énergie et les banques, en vigueur depuis 2012.
Conformément à l'article 1245 de l'US national defense authorization act, les principaux clients de l'Iran sont requis de réduire leurs achats de pétrole s'ils ne veulent pas voir leurs établissements bancaires scratchés du système financier américain. L'enjeu du différend est de taille puisqu'il porte grosso modo sur le nombre de centrifugeuses : pas plus de 5 000 pour Washington, alors qu'il en existe actuellement 19 000 dont une dizaine de milliers tournant à plein rendement. Parce que les Iraniens sont patients et que les Américains ne veulent à aucun prix d'un clash, il est probable que l'on n'irait pas plus loin qu'un constat de « no deal » sans gravissime conséquence... au grand dam du sieur Benjamin Netanyahu, spécialiste ès lutte contre les moulins à vent – et qui finira par se rabattre sur une multiplication par deux des colonies de peuplement dans les territoires occupés.
L'adversaire le plus acharné de la République islamique est l'Amérique dont les premières sanctions remontent au 14 novembre 1979 quand, en riposte à une prise d'otages à l'ambassade US, le président Jimmy Carter décrétait un gel de tous les avoirs iraniens. Cinq ans plus tard, en janvier 1984, à la suite de l'attentat du 23 octobre 1983 contre une base de marines à Beyrouth, précédé de la destruction le 18 août de la même année de l'ambassade américaine dans la capitale libanaise, le pays était placé sur la liste des États appuyant le terrorisme.
Depuis, la gravité des mesures est allée crescendo, l'Union européenne emboîtant le pas au Big Brother sans pour autant contribuer à ralentir un programme destiné, selon ses détracteurs, à déboucher sur la fabrication de l'arme suprême, ce dont l'intéressé se défend sans trop convaincre. Aujourd'hui, les mollahs ont beau jeu d'évoquer le précédent de l'Irak de Saddam Hussein et le spectre de Mouammar Kadhafi. Dans le premier cas, font-ils valoir, on a évoqué des armes de destruction massive qui n'existaient pas. Dans le second cas, le « roi des rois d'Afrique » avait renoncé à ses ambitions atomiques sans pour autant éviter un sort arrêté d'avance. Il n'en reste pas moins que les décisions prises au fil des années devaient aboutir à l'élection de Hassan Rohani, le 14 janvier 2013.
Décourager des États de faire des affaires avec l'Iran est une chose ; obtenir de celui-ci qu'il se détourne de ses rêves d'hégémonie grâce à la bombe en est une autre. Voilà ce que l'Occident n'arrive pas à comprendre et voilà pourquoi il maintient ce thème au centre des pourparlers de Genève.
« La patience est amère mais son fruit est doux. » Comment dites-vous, cette citation n'est pas perse ? (En fait, elle est prise à Rousseau). Certes, mais elle mériterait de l'être.

C'est tout bête un problème d'arithmétique. Que faire quand on a besoin, pour équilibrer son budget, d'un pétrole à 140 dollars le baril et que les cours peinent à dépasser les 80 dollars, ce qui se traduit par un trou de 2,25 milliards qu'il importe de combler dans les trois mois à venir ? Confronté à cette grave question existentielle, l'Iran, s'il n'y a toujours pas trouvé de...

commentaires (1)

Enfin on retrouve la finesse de l'analyse qui fait Merville ! en comparaison d'un autre article où on avait droit à un parallèle entre les régimes binsaouds et celui de l'Iran !!! Il y a 3 ou 4 jours de cela sur France 2 une émission intitulée nos nouveaux amis iraniens avait fait sensation , imaginez que le but de cette dernière était de pousser les français à aller visiter l'Iran , présentée comme un joyau de visite touristique .Incroyable d'entendre le commentateur parler comme si de rien n'était et même de présenter la femme iranienne , malgré le léger voile sur la tête , comme étant partie intégrante du progrès de la société iranienne . Oui , on dira les perses et les juifs du temps du shah et de l'histoire commune etc... étaient des alliés etc... et bla bla bla , comme font les perroquets quand le vent tourne. Force est de constater que le citation de Rousseau est d'actualité chez nous au proche orient , quand on voit encore des personnes nous dire , la défaite suintant de leur front , laissez vous aller aux chants des sirènes occicons , ne résistez pas et tout ira pour le mieux ! ce qui fait que j'ajouterai à cette citation une cousine de citation , "un peuple qui décide de se réveiller , rien ne pourra plus jamais le forcer à se coucher". Les régimes passent , mais la fierté d'être , grâce aux acquis de ses prédécesseurs ne meurent jamais , NON JAMAIS !

FRIK-A-FRAK

12 h 40, le 30 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • Enfin on retrouve la finesse de l'analyse qui fait Merville ! en comparaison d'un autre article où on avait droit à un parallèle entre les régimes binsaouds et celui de l'Iran !!! Il y a 3 ou 4 jours de cela sur France 2 une émission intitulée nos nouveaux amis iraniens avait fait sensation , imaginez que le but de cette dernière était de pousser les français à aller visiter l'Iran , présentée comme un joyau de visite touristique .Incroyable d'entendre le commentateur parler comme si de rien n'était et même de présenter la femme iranienne , malgré le léger voile sur la tête , comme étant partie intégrante du progrès de la société iranienne . Oui , on dira les perses et les juifs du temps du shah et de l'histoire commune etc... étaient des alliés etc... et bla bla bla , comme font les perroquets quand le vent tourne. Force est de constater que le citation de Rousseau est d'actualité chez nous au proche orient , quand on voit encore des personnes nous dire , la défaite suintant de leur front , laissez vous aller aux chants des sirènes occicons , ne résistez pas et tout ira pour le mieux ! ce qui fait que j'ajouterai à cette citation une cousine de citation , "un peuple qui décide de se réveiller , rien ne pourra plus jamais le forcer à se coucher". Les régimes passent , mais la fierté d'être , grâce aux acquis de ses prédécesseurs ne meurent jamais , NON JAMAIS !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 40, le 30 octobre 2014

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