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Culture - Concert

Pour que les jardins d’Adonis fleurissent partout au monde

Après Paris, le Festival international de Baaalbeck et le Centre du patrimoine musical libanais présentent l' opéra d'Orient « Les Jardins d'Adonis » de Wassim Soubra, le lundi 27 octobre, en l'église du collège Notre-Dame de Jamhour. À cette occasion, le compositeur libanais se dévoile en quelques questions.

Wassim Soubra : « Respecter les différences pour les dépasser. »

Est-ce votre première œuvre d'art lyrique pour la scène ?
J'avais déjà écrit des œuvres lyriques qui ont été chantées sur scène, des œuvres pour petites formations : duo piano et voix, quatuor et voix.
En ce qui concerne Les Jardins d'Adonis, c'est le premier opéra que j'écris, et la dimension « œuvre d'art lyrique » y prend tout son sens, d'où son appellation opéra... d'Orient.

En quoi consiste musicalement la nouveauté de l'opéra «Adonis» ?
La nouveauté est partout ! Sur le plan musical, c'est une musique originale. Sur le plan instrumental, il s'agit d'une combinaison inédite d'instruments : oud, saxo, violoncelle, piano, percussions. Du point de vue « vocal », c'est une voix parlée, chantée, psalmodiée. Pour les textes, ils sont écrits par Bertrand Leclair. Pour l'interprétation du poème, c'est le poème Femmes de mon pays de Nadia Tuéni. Quant à la conjugaison texte/musique, le texte est traité comme une partition musicale, ce qui permet à la musique et au texte d'avoir une vie autonome tout en « cohabitant » ensemble.
C'est aussi très novateur de vouloir transcender les frontières temporelles, spatiales et culturelles.
J'espère donc l'avoir réussi en réactualisant le mythe d'Adonis, mythe millénaire, mais tellement actuel.

Comment concilier musicalement un opéra de chambre et un thème mythologique grandiose comme celui d'Adonis ?
La première réponse qui me vient à l'esprit est une question : « Comment faire pour transformer l'équation un plus un font deux et un plus un font un ? »
Je dirais que l'élément unificateur dans ce travail a été le désir profond de réunir, puis de respecter les différences pour les dépasser. En d'autres termes : rencontrer la dualité pour arriver à l'unité.
Le meilleur moyen pour moi était de renouer avec l'enfance et de travailler avec tous mes partenaires comme si nous étions des enfants jouant dans une cour de récréation. Ainsi, l'Occident joue avec l'Orient.
Le mythe d'Adonis m'a été conté quand j'étais enfant et j'ai vu la mer devenir rouge avec les pluies diluviennes qui charriaient le sable ocre du Mont-Liban. « C'est le sang d'Adonis », m'a dit mon père.
Le drame est vivant et l'art, ici musique et littérature, est un des meilleurs moyens pour parler de toute une panoplie d'émotions que véhicule ce mythe.
Donc, aucune antinomie entre opéra de chambre et mythe d'Adonis. CQFD 1+1=1.

Dans quel sillage et à quelle influence musicale vous placez « Les Jardins d'Adonis » ?
C'est un opéra d'Orient qui innove tout en se plaçant dans une continuité artistique qui trouve ses origines dans les formes musicales et scéniques de l'ancienne Méditerranée.
Cet opéra se veut être un pont qui relie le théâtre phénicien et grec à la tradition orientale du « hakawati » (le conteur), en passant par les contes épiques des troubadours (la Chanson de Roland par exemple) et les premières œuvres lyriques occidentales, tels les opéras de Monteverdi et celles du début de l'ère baroque.
Dans ce travail, on trouve la simplicité de la trame, du texte et du geste.
Tout cela pour s'adresser d'une façon directe à l'auditoire qui devient un partenaire de l'événement scénique qui se déroule devant lui.
Partenaire et acteur, puisque son imagination est mise à contribution grâce à l'absence de tout artifice scénique, costumes, décors, jeux de rôle... N'oublions pas que le but premier de ce spectacle est d'honorer Adonis, de le ramener à la mémoire vivante.
Plus qu'un opéra, c'est un rituel.

Quelle est la part d'orientalité du point de vue rythme, cadence et mélodie en ces jardins enchantés d'un dieu qui renaît de ses cendres ?
La part d'orientalité dans cet opéra est... Wassim Soubra ! ! !
Celui qui a baigné dans la musique libanaise et orientale, s'il veut respecter son héritage musical, et qui cherche à exprimer cette mémoire musicale. J'utilise les rythmes qui ont bercé mon enfance. J'utilise aussi les règles du contrepoint rigoureux, elles me donnent une liberté d'écriture et me permettent de renouer avec la musique orientale. Je sens que la musique baroque (surtout celle de J.-S. Bach, mon maître et ami avec qui je travaille chaque jour) est très proche de celle orientale.

À quel point le décor, les costumes et les accessoires de scène sont-ils importants pour contribuer à une atmosphère lyrique ?
J'utilise comme accessoires scéniques la sobriété, le respect de l'espace et la lumière. Je préfère (pour le moment) travailler sans décor, costumes et autres accessoires.
Cela me permet de me concentrer sur l'essence même de l'émotion : mon souci principal est celui de communiquer une émotion à l'auditoire et de rendre réel un imaginaire.
Pour terminer, j'aimerais mentionner le rôle important que le CPML a joué dans la naissance de ce projet.
Aussi pour dire toute l'estime et l'admiration que j'ai pour ce centre et toute son équipe qui font un merveilleux travail afin que continuent à fleurir tous les jardins du Liban, dans ce pays comme partout dans ce monde.
Quant au Festival international de Baalbeck, je lui souhaite longue vie. Avec lui, l'activité culturelle ne cessera jamais d'illuminer nos cœurs et nos esprits pour un Liban meilleur et éternel.

Est-ce votre première œuvre d'art lyrique pour la scène ?J'avais déjà écrit des œuvres lyriques qui ont été chantées sur scène, des œuvres pour petites formations : duo piano et voix, quatuor et voix.En ce qui concerne Les Jardins d'Adonis, c'est le premier opéra que j'écris, et la dimension « œuvre d'art lyrique » y prend tout son sens, d'où son appellation opéra......

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