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Liban - L’éclairage

La présidentielle, une carte de négociations importante pour Téhéran

Les milieux politiques qui suivent de près les contacts entre les différentes parties sur la scène locale et entre les responsables arabes et internationaux ne s'attendent guère à ce que l'élection présidentielle ait lieu de sitôt. Les circonstances ne seraient toujours pas propices, et il n'existerait toujours aucun accord définitif dans la région, notamment concernant la crise syrienne. Sans compter le fait que certaines parties internes ne seraient toujours pas prêtes à donner le feu vert à l'élection d'un nouveau président en raison de leurs liens avec des parties étrangères, d'autant qu'il n'est un secret pour personne que ces parties appliquent un ordre du jour en provenance de l'étranger. Partant, nul au Liban ne peut agir de manière à sortir ce dossier de l'état de catalepsie dans lequel il se trouve, dans la mesure où certaines parties régionales préfèrent que le dossier présidentiel reste sur la table des négociations, qu'il serve de carte ou d'outil d'exploitation dans le cadre d'un éventuel dialogue.
La situation n'est donc pas opportune pour l'élection d'un président, en attendant des développements positifs au plan régional, notamment au niveau du dossier syrien – quand bien même nombre d'autorités de référence au Liban craignent que le sort du Liban soit de nouveau lié à une solution de la crise syrienne.
Pour un ancien député du 14 Mars, l'on ne saurait faire assumer aux leaders chrétiens la responsabilité de l'absence d'élection présidentielle, dans la mesure où cette échéance est de la responsabilité de toutes les parties, et non seulement des chrétiens ou des maronites. Aussi, estiment certaines parties, la réunion au sommet, qui s'était tenue entre les quatre principaux leaders chrétiens et le patriarche maronite pour sceller le sort de la présidentielle et verrouiller l'échéance au plan communautaire, a-t-elle constitué une erreur historique. Ces parties auraient également souhaité que les leaders en question respectent leurs engagements face au patriarche, concernant la nécessité de participer aux séances électorales.
Le Hezbollah, quant à lui, s'est contenté de dire que son candidat était bien connu et que le 14 Mars devait négocier avec lui. Cependant, le président de la Chambre Nabih Berry soutient-il la candidature du général Michel Aoun ? Pourquoi n'en a-t-il jamais fait part d'une manière franche? Pourquoi les leaders du 8 Mars ne tiennent-ils pas des assises pour désigner un candidat, comme l'a fait le 14 Mars ? Autant de questions que l'on se pose dans les milieux parlementaires 14 marsistes.
Par ailleurs, le 14 Mars, ainsi que certaines autorités chrétiennes, refusent net toute discussion portant sur un président élu pour une période de transition de deux ans seulement, en attendant une solution. Des sources proches du courant aouniste estiment, elles, que ceux qui pourraient accepter l'élection de Michel Aoun pour deux ans peuvent donc accepter le fait qu'il soit élu pour un mandat de six ans. Partant, l'idée d'un président de transition est rejetée. Les tenants de cette proposition pensent pourtant qu'un président élu pour deux ans, par exemple, permettrait de consolider la stabilité et d'éviter un effondrement sécuritaire du pays, jusqu'à ce qu'une solution soit enfin prête à l'échelle de la région. Mais, selon des sources diplomatiques occidentales, cette idée a déjà été abandonnée, après l'opposition de certaines capitales occidentales et du Vatican, qui refusent que le mandat du président chrétien soit écourté, même à titre exceptionnel.
Des milieux politiques proches du 14 Mars font assumer directement à Téhéran la responsabilité du blocage de la présidentielle, en dépit des positions officielles de soutien des dirigeants iraniens à la présidentielle au Liban. Des sources diplomatiques occidentales indiquent cependant que les responsables iraniens répondent à la question de savoir quel sera le sort de la présidentielle libanaise de cette façon : « Demandez à Bachar el-Assad et Hassan Nasrallah. Nous soutenons leur position, quelle qu'elle soit. » C'est pourquoi, dans les rangs politiques du 14 Mars, l'on juge que l'Iran s'attache coûte que coûte à la carte libanaise, qu'il souhaite exploiter dans le cadre des négociations à venir. Pourquoi le Hezbollah accepterait-il d'ailleurs de lâcher la candidature de Aoun sans bénéficier, en retour, de garanties et de gains politiques, lui qui possède une longue liste de conditions à satisfaire dans ce domaine, afin d'éviter une répétition de l'expérience du mandat Sleiman ? Le parti n'est en effet pas prêt d'oublier comment l'ex-président avait fini, dans les derniers mois de son mandat, par remettre en question le triptyque sacré de la résistance.
Selon un diplomate, le climat n'a toujours pas évolué pour que le 8 Mars abandonne Aoun, d'autant que le 14 Mars reste attaché à la candidature de Samir Geagea, et que, finalement, l'élection aura lieu suite à un marché global concocté entre Washington, Paris, le Vatican, l'Arabie saoudite et l'Iran. Des sources politiques révèlent, elles, que la France a évoqué avec Téhéran la question de faciliter l'échéance présidentielle, sans obtenir la moindre promesse en échange. Mais un ancien ministre en contact avec les leaders du 8 Mars et avec Rabieh croit savoir que nous ne sommes désormais plus très loin de l'heure H et qu'il existe des signaux positifs prouvant que les leaders du 8 Mars souhaitent vraiment passer à l'étape suivante et à un nouveau round de candidats, après l'échec des quatre leaders chrétiens à bâtir un consensus autour de leur candidature. Selon ce ministre, les discussions porteraient actuellement sur les détails de la solution, en parallèle avec la question de la prorogation pour deux ans et sept mois du mandat de la Chambre, qui viendra compléter la première prorogation déjà effectuée, le Parlement actuel ayant, de cette manière, assuré d'un mandat complet la prolongation de son existence.
Cependant, des sources politiques craignent, dans ce cadre, que la prorogation, au demeurant peu populaire dans la rue chrétienne, ne passe pas et que le bazar politique échoue, face à la détermination de l'Iran à faire en sorte que les législatives aient lieu, dans une tentative de faire pression sur les parties locales et étrangères. Car Téhéran est toujours à la recherche d'un rôle régional et international, et n'hésiterait pas, dans ce cadre, à embraser la région et relancer le conflit israélo-arabe à partir du front du Liban-Sud.

Les milieux politiques qui suivent de près les contacts entre les différentes parties sur la scène locale et entre les responsables arabes et internationaux ne s'attendent guère à ce que l'élection présidentielle ait lieu de sitôt. Les circonstances ne seraient toujours pas propices, et il n'existerait toujours aucun accord définitif dans la région, notamment concernant la...

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