Tunisie : une émission suspendue pour "apologie du terrorisme"

L'instance de l'audiovisuel Tunisien (Haica) a annoncé mercredi la suspension pendant un mois pour "apologie du terrorisme" d'une émission télévisée pendant laquelle un invité s'est vanté de son amitié avec le leader d'un groupe jihadiste recherché.

La Haica a indiqué dans un communiqué avoir décidé de "suspendre la diffusion et la rediffusion de l'émission +Pour qui ose seulement+ pendant un mois" et a ordonné à la chaîne privée Al Hiwar Attounsi de la retirer de son site et de ses pages sur les réseaux sociaux.

L'émission a comporté une "apologie du terrorisme, ce qui peut représenter une incitation à la violence", selon la Haica. L'un des invités, le journaliste Nasreddine Ben Hadid, avait dit d'Abou Iyadh qu'il était son "ami". "C'est mon ami et son amitié m'honore", avait-il lancé. Seif Allah Ben Hassine, dit Abou Iyadh, est le leader d'Ansar al-Charia, le principal mouvement jihadiste Tunisien, classé terroriste par la Tunisie et les Etats-Unis.

L'animateur de l'émission, Samir el Wafi, connu pour ses interviews provocantes notamment d'hommes politiques, s'est dit "choqué" par la décision de l'instance, assurant sur les ondes de la radio privée Mosaïque FM être intervenu pour faire contrepoids à son invité.

Mais la Haica a rejeté ses explications, rétorquant dans son communiqué que l'émission était enregistrée et non en direct. L'instance a également jugé que l'animateur avait "provoqué" son invité et qu'il aurait dû lui demander "de ne pas se vanter de son amitié avec Abou Iyadh".

La Tunisie est confrontée depuis la révolution de janvier 2011 à un essor de la mouvance jihadiste. Les autorités ont ainsi attribué à Ansar Asharia les assassinats en 2013 de deux opposants de gauche, et des dizaines de membres des forces de l'ordre ont été tués dans des incidents impliquant des jihadistes présumés.