La défense de Sharia4Belgium plaide l'acquittement

La défense de Fouad Belkacem, figure de proue du groupuscule islamiste Sharia4Belgium, soupçonné d'être le plus grand pourvoyeur en Belgique de combattants pour la Syrie, a plaidé mercredi l'acquittement devant le tribunal correctionnel d'Anvers (nord).

"La seule chose qu'il (Fouad Belkacem) ait jamais voulu, c'est provoquer, tout comme les Femen ou les Pussy Riot le font. Il n'est pas responsable des départs de ces jeunes en Syrie ni des crimes qu'ils y ont commis", a déclaré l'un de ses avocats, John Maes, cité par l'agence Belga. "Il est facile de penser qu'il est le diable, ça permet de justifier le départ de tous ces jeunes en Syrie et les crimes qu'ils y ont commis. Mais Fouad Belkacem n'est pas l'explication à tous les maux, cette explication est bien plus complexe", a-t-il poursuivi.

La semaine dernière, l'accusation avait requis une peine de 15 ans de prison à l'encontre de Fouad Belkacem, 32 ans, jugé avec 45 autres membres présumés de Sharia4Belgium pour appartenance à une "organisation terroriste".

Le groupuscule salafiste, qui dans des vidéos et lors de conférence de presse avait prôné l'instauration d'un Etat islamique en Belgique, avait annoncé sa dissolution il y deux ans, mais ses anciens membres sont soupçonnés d'avoir continué à recruter des jihadistes. Au total, quelque 10% des 300 à 400 Belges partis au combat depuis 2012 en Syrie auraient été proches de Sharia4Belgium, selon l'accusation.

Lors de son réquisitoire, la procureur avait également requis une peine de quatre ans à l'encontre de Jejoen Bontinck, un jeune Anversois aujourd'hui âgé de 19 ans qui avait rejoint la Syrie pendant huit mois en 2012, jusqu'à ce que son père parvienne à l'exfiltrer. Dimitri Bontinck, qui s'est porté partie civile, a expliqué mercredi par la voix de son avocat qu'il avait "vu son pire cauchemar devenir réalité" avec la radicalisation et le départ de son fils en Syrie, influencé selon lui par Fouad Belkacem.

Seuls neuf prévenus sont présents en Belgique. Les autres sont soupçonnés d'être en Syrie, où une partie d'entre-eux ont peut-être perdu la vie. Des peines de huit à 15 ans de prison ont été requises à l'encontre des dirigeants présumés de Sharia4Belgium, tandis que les simples membres du groupe encourent de un an de prison avec sursis à dix ans ferme.