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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

Quand des engins de mort deviennent des objets d’art à Gaza...

Dans le camp de réfugiés d’al-Boureij, dans le centre de Gaza, le jardin de Mohammad al-Zamar est parsemé d’obus et d’éclats, récupérés dans sa maison après un bombardement. Mohammad Abed/AFP

Chez Hossam, quatre vases trônent au milieu du salon. Rien de très original a priori, mais à y regarder de plus près, ces vases sont en fait des obus que ce Gazaoui a collectés après la guerre de cet été.
Soldats israéliens et combattants palestiniens ont échangé des dizaines de milliers de missiles, roquettes, obus qui ont fait plus de 2 100 morts côté palestinien et plus de 70 côté israélien. Les projectiles, explosés ou pas, sont encore partout dans les décombres. Hossam al-Dabbous est allé en ramasser pour ne pas oublier. « Je voulais les garder en souvenir. Mais les gens avaient peur en les voyant. Donc, j'ai eu l'idée de les peindre », explique-t-il. Sous ses doigts, les tubes se sont couverts d'arabesques dorées, les ailerons sont devenus des pieds de vase et le métal a disparu sous les fleurs peintes. « Je pourrai les montrer à mes enfants quand ils grandiront. Je leur dirai : voilà les restes de la guerre de 2014 qui a fait plus de 2 000 morts et voilà comment j'ai transformé un instrument de mort en instrument de vie », explique l'homme de 33 ans.

 

(Reportage : « Même si mon père est mort, je suis contente de faire ma rentrée »)

 

Des dizaines de commandes
À sa grande surprise, les commandes ont commencé à affluer dans son camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Alors Hossam, qui travaille dans la fabrication de miel, est allé frapper à la porte de la police du Hamas, l'organisation islamiste qui contrôle le territoire. « Comme des dizaines de personnes me réclamaient de leur décorer des bombes, la police m'en a donné autant que je voulais, à condition bien sûr que je m'engage à ne les utiliser que pour mon art. » Enthousiaste, il a ramené chez lui un premier stock d'une vingtaine de projectiles : roquettes, obus de mortier, bombes de l'aviation. Il faut être prudent, estime-t-il, « je ne veux pas que des gens croient que je lance une manufacture d'armes et que les Israéliens viennent bombarder ma maison ».

 

(Pour mémoire : A Gaza, des "mobile homes" pour abriter une cinquantaine de familles)

 

Œuvres létales
Hossam n'est pas seul à sublimer la guerre. Dans le camp de réfugiés d'al-Boureij, dans le centre de l'enclave, le jardin de Mohammad al-Zamar est parsemé d'obus et d'éclats, récupérés dans sa maison après un bombardement. « Dessus, j'ai écrit "Non à la guerre, y en a marre", et j'ai dessiné à côté une carte de la Palestine », raconte ce Gazaoui de 33 ans. « Nous, on aime la vie, mais l'occupant (israélien) nous impose la mort et les destructions. Je veux transformer la guerre israélienne en volonté de vivre (...) chez les Palestiniens. » À l'intérieur de sa maison, il exhibe fièrement le reste de sa production artistique : des dizaines de tableaux, dont certains sont ornés de douilles de balles israéliennes ou de clés, le symbole des Palestiniens chassés de leur maison en 1948 lors de la création d'Israël.
Il conserve devant sa maison une bombe larguée par un F-16. Dessus sont écrits les noms des enfants tués dans la guerre, un demi-millier selon l'Onu. Elle n'a pas explosé. « La tête chimique qui déclenche la détonation a été retirée », assure-t-il. Mais son œuvre, comme les autres engins intacts qu'il collecte, peut encore tuer, reconnaît-il. « Les démineurs m'ont donné un outil pour vérifier les bombes. Malgré tout, j'interdis à mes fils de sept et trois ans de s'en approcher trop près, j'ai peur des substances chimiques ou du phosphore », dit-il.

 

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