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Liban - Interview

Un deuxième mandat pour François Barras à Beyrouth, à la tête de la mission diplomatique suisse

François Barras, un ancien nouvel ambassadeur.

Il est inhabituel de déroger à la coutume établie dans la tradition diplomatique de ne pas renvoyer un ambassadeur à une représentation où il était déjà en poste. « Une exception extrêmement rare » est faite pour François Barras. L'ambassadeur de Suisse au Liban, qui était en poste à Beyrouth de 2006 à 2010, puis consul général de la Suisse à New York, revient à Beyrouth tout « chargé d'espoir ». Il remplace dès aujourd'hui, lundi 29 septembre, sa propre remplaçante, l'ambassadrice Ruth Flint, qui part à la retraite.
Pourquoi donc la Suisse déroge-t-elle à la tradition en pratiquant l'exception? Ce diplomate chevronné, originaire du Valais, qui a été en poste au Mexique, aux Émirats arabes unis (EAU), à Hong Kong et en Israël, compte de nombreux atouts. Il est avant tout « l'homme de la situation », avec une parfaite connaissance du Liban et de la Syrie, un solide réseau de contacts, et une inestimable expérience sur le terrain. Cette expertise lui servira dans sa mission au pays du Cèdre et aussi en Syrie. Car la mission suisse à Beyrouth assure la représentation helvétique auprès de Damas, fermée depuis février 2012.

« Le Liban que je retrouve n'est plus le même »
« À ma connaissance, c'est une exception extrêmement rare à laquelle je ne m'attendais pas », assure l'ambassadeur François Barras dans une interview accordée à L'OLJ dans les bureaux du consulat à New York, la veille de son départ. « J'ai été approché par mes patrons qui m'ont demandé si cela m'intéressait parce qu'il y a une certaine valeur ajoutée à ce que je connaissais déjà, dit-il. Comme la situation dans toute la région est délicate, quelqu'un qui a une certaine connaissance du milieu ferait mieux l'affaire que quelqu'un de nouveau. Après avoir un peu réfléchi, j'ai accepté. »
Ce retour au pays du Cèdre est chargé d'espoir et aussi d'appréhension car le Liban qu'il retrouve a changé. « Je me réjouis beaucoup de retourner au Liban où j'ai beaucoup d'amis. Je serai opérationnel presque depuis le début, affirme-t-il avec enthousiasme. Je connais un peu le milieu. Le danger, c'est que le Liban que j'ai quitté n'est plus tout à fait le même. Certains défis continuent à être les mêmes, mais de nouveaux défis sont apparus avec la guerre en Syrie, l'afflux des réfugiés, et aussi ce qui se passe actuellement en Irak. Bref, c'est à la fois quelque chose que je connais et de nouveau », constate-t-il.

Défendre les intérêts de la Suisse
Quelles sont les attentes de ce retour? « J'espère surtout défendre et promouvoir les intérêts de la Suisse au Liban », souligne le diplomate. « La Suisse est avant tout un bâtisseur de ponts. C'est la réalité de la Suisse sur le plan international. Nous sommes connus pour bâtir des passerelles et mettre les gens ensemble. Nous avons cette culture du compromis, de la résolution pacifique des différends et du développement des échanges. C'est vraiment dans notre ADN. Ce ne sont pas seulement des mots », affirme avec conviction l'ambassadeur Barras.
Cet amateur de randonnées et de ski compte-t-il des amis au Liban ? « Ami, c'est un grand mot, mais j'ai développé des relations constructives. Il y a de nouveaux acteurs libanais que je ne connais pas », note-t-il. « Dans mon ancienne mission, j'avais toujours trouvé que le Liban est un terreau très fertile. On compare parfois la Suisse au Liban. Que cela ait un sens ou non, l'important dans la perception des gens, c'est ce lien qui existe entre les deux pays. La leçon que j'ai apprise de ma première mission au Liban, c'est qu'il y a plein de thèmes sur lesquels on peut échanger les expériences. Les Suisses peuvent apprendre des Libanais et les Libanais des Suisses », estime-t-il.

New York, ville phare par excellence
À New York, la résidence de François Barras était devenue le lieu de rencontre de tout le monde des arts, de la science et des lettres. Les concerts et les conférences ainsi que les échanges culturels qui s'y déroulaient attiraient le Tout-New York et aussi beaucoup de jeunes. Quelles impressions garde-t-il de son expérience new-yorkaise ? « C'est une chance extraordinaire de vivre quatre ans dans la ville phare du monde par excellence, déclare-t-il. New York demeure l'un des principaux marchés des idées et de l'innovation dans le monde, qui permet de partager l'expérience avec des gens de tous les horizons, et surtout avec beaucoup de jeunes. » « La Suisse nomme toujours à New York un ambassadeur avec la fonction de consul général parce qu'on estime qu'en matière de diplomatie publique, c'est le lieu principal du monde pour faire entendre la voix de la Suisse sur des thèmes qu'on estime importants », assure l'ambassadeur Barras. « Notre priorité ici, c'est avant tout de montrer comment notre pays est un acteur important et responsable au XXIe siècle, ancré dans les réalités du siècle. Nos principaux partenaires ici sont donc naturellement les médias, mais aussi les universités, les centres de recherche, les think tanks, et notre principal cible est notre nouvelle génération », affirme-t-il. « Nous sommes très actifs dans le domaine de la science, de la recherche et de l'innovation. Cette année, la Suisse occupe la première place des pays les plus innovants. Il est donc important de faire savoir toute cette dimension innovante », explique le diplomate.
Poursuivant sur sa lancée, François Barras ajoute : « La Suisse a une excellente réputation dans les domaines de l'art contemporain, de l'architecture et du design. Nous travaillons aussi dans les domaines de l'économie et de la finance. Ce qui est important, c'est de faire entendre la voix de la Suisse à travers des manifestations et des festivals », dit-il. Il cite l'exemple du festival de juillet, « Zurich Meets New York », qui a été accueilli avec enthousiasme par les New-Yorkais. « Le concept est assez simple. Il s'agit de montrer comment des idées, nées en Suisse, parlent aux New-Yorkais du XXIe siècle », note-t-il. « Ce festival a été organisé avec la ville de Zurich et l'école polytechnique de l'université de Zurich. Pendant une semaine, plus d'une quarantaine de manifestations combinant culture contemporaine et science ont été présentées à New York avec des partenaires locaux », précise-t-il.

Communauté libanaise exemplaire
Tout en étant occupé à faire entendre la voix de la Suisse à New York, François Barras a, dans le même temps, ouvert les portes de sa résidence à toute la communauté libanaise de New York. Le souvenir du pays du Cèdre, qu'il apprécie pour sa beauté puisqu'il le connaît parfaitement à travers ses randonnées et ses belles expéditions dans la montagne libanaise, ainsi que l'hospitalité et la générosité des Libanais, l'a constamment accompagné durant les quatre années passées à « the Big Apple ». « À New York, je représente la Suisse, mais nous avons toujours gardé d'excellents contacts avec la communauté libanaise à New York, relève-t-il. Il y a même eu chez moi un débat avec la participation du philosophe et écrivain Nassim Taleb. Certains de ses membres sont très bien placés dans les grandes universités à Princeton,à Harvard, à Yale, dans le monde des affaires, de la finance, de l'art et en médecine. J'ai beaucoup d'admiration pour cette communauté, je dirais exemplaire. J'ai toujours gardé ces liens qui vont naturellement m'être très utiles lorsque je retournerai au Liban. »

Il est inhabituel de déroger à la coutume établie dans la tradition diplomatique de ne pas renvoyer un ambassadeur à une représentation où il était déjà en poste. « Une exception extrêmement rare » est faite pour François Barras. L'ambassadeur de Suisse au Liban, qui était en poste à Beyrouth de 2006 à 2010, puis consul général de la Suisse à New York, revient à...

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