Des soldats de l’armée ukrainienne à côté d’un camion brûlé après une attaque contre un barrage à Marioupol. Philippe Desmazes/AFP
La mort d'une femme tuée par des tirs à Marioupol et des bruits de bombardement aux abords de l'aéroport de Donetsk ont fragilisé hier un
cessez-le-feu visant à mettre fin à cinq mois de combats dans l'est de l'Ukraine.
À Marioupol, dernière grande ville encore sous contrôle ukrainien après de nombreux revers face aux rebelles prorusses, une femme a été tuée et trois habitants ont été blessés dans la nuit de samedi à hier, a annoncé la mairie de ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine. Selon les autorités locales, des insurgés, qui tentent depuis plusieurs jours de donner l'assaut, ont tiré dans la nuit sur un check-point à la sortie est de la ville et détruit une station-service. Hier, le calme était en revanche revenu à Marioupol, mais les signes des combats de la nuit étaient bien visibles près du point de contrôle ukrainien. Un camion totalement détruit brûlait au bord de la route et plusieurs bâtiments à proximité étaient endommagés, les fenêtres soufflées. « Vous voyez quel genre de cessez-le-feu il y a du côté russe », ironisait Pacha, un combattant pro-ukrainien du bataillon de Vinnitsa.
De plus, selon le « protocole » de cessez-le-feu signé vendredi à Minsk, et rendu public hier par l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), l'accord stipule un « statut spécial » pour les régions contrôlées par les séparatistes et des élections pour les régions de Donetsk et de Lougansk, fiefs des rebelles prorusses. En dépit des violations de la trêve, ce statut devrait être discuté à Minsk d'ici à une semaine, a indiqué le « Premier ministre » de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko, qui voudrait ajouter à l'accord déjà scellé « la reconnaissance de (leur) indépendance ». Samedi les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine s'étaient félicités au cours d'un entretien téléphonique que le cessez-le-feu signé vendredi à Minsk soit « globalement respecté ». Pourtant, samedi matin, rebelles et forces gouvernementales s'étaient mutuellement accusés d'avoir violé le cessez-le-feu par des tirs sur leurs positions respectives dans et autour des fiefs rebelles de Donetsk et de Lougansk.
Le dalaï-lama critique Poutine
D'un point de vue politique, la proclamation du cessez-le-feu constitue un succès pour les insurgés et la Russie, dans la mesure où il semble entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l'Est après l'avancée victorieuse ces dernières semaines des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux, ce que Moscou dément.
Sur un autre plan, dans une rare critique à l'égard d'un chef d'État, le dalaï-lama a critiqué hier dans un entretien à la presse allemande Vladimir Poutine, estimant qu'il est « égocentrique » et qu'il veut « reconstruire le mur de Berlin » avec le conflit en Ukraine. « Il porte préjudice à son pays en agissant ainsi. L'isolement est un suicide pour la Russie », a ajouté le chef spirituel du bouddhisme tibétain.
De son côté, Amnesty International a renvoyé hier dos à dos les belligérants : « Toutes les parties au conflit se sont montrées indifférentes à l'égard de la vie des civils et négligent de manière flagrante leurs obligations internationales », a dénoncé le secrétaire général de l'association, Salil Shetty.
Photos satellites à l'appui, Amnesty estime en outre qu'il apparaît « clairement que la Russie entretient le conflit, aussi bien par son ingérence directe que par le soutien qu'elle accorde aux séparatistes dans l'est de l'Ukraine ».
Enfin, l'Otan mène jusqu'au 10 septembre des exercices militaires, dans les pays baltes, en Allemagne et en Pologne, qui doivent proclamer « haut et fort » que l'Alliance atlantique est prête à défendre ses pays membres, a déclaré samedi à Riga un haut responsable, le général Hans-Lothar Domrose.
(Source : AFP)