« Nous aurions dû commencer par une approche économique. » C'est en ces termes que s'est exprimé le ministre de l'Économie et du Commerce Alain Hakim à l'issue du Conseil des ministres qui a eu lieu hier. Axé sur un bilan des finances publiques dressé par le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, le compte rendu est pour le moins bancal. Un résumé en quelques lignes qui reprend les « failles » des finances de l'État mais qui ne met pas le doigt sur les véritables plaies. Si le ministre des Finances n'était pas joignable, le ministre de l'Économie a souligné dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour « qu'il faudrait d'abord un plan économique qui se traduirait par la mise en place d'un plan financier ». Car, pour M. Hakim, « si l'état financier est lamentable, il n'y a aucune action véritable pour freiner les dégâts ».
Ainsi, lors du Conseil des ministres, le ministre Khalil a déploré l'absence d'un budget et ses conséquences sur les finances de l'État. Il a également rappelé les conséquences néfastes d'une augmentation des dépenses et a proposé certaines actions pour financer le déficit, à savoir l'émission de bons du Trésor et d'euro bonds. « Il n'y a aucune initiative pour freiner les dépenses excessives ou le gaspillage », a déploré le ministre Hakim en insistant sur l'aberration de ne pas avoir une véritable gestion financière, notamment au niveau de l'emploi dans le secteur public. « L'échelle des salaires va présenter un réel problème de financement », a-t-il ajouté en soulignant qu'il présentera bientôt au Conseil un plan d'action économique axé sur les moyens de stopper le suremploi dans les administrations publiques.
Rappelant que les postes budgétaires les plus importants de l'État sont les salaires des fonctionnaires, les transferts à l'EDL et le financement de la dette publique, il martèle que ce n'est un secret pour personne que la qualité du service des fonctionnaires laisse à désirer et que les citoyens qui paient les redevances à l'État font encore face, 24 ans après la fin de la guerre civile, à des services urbains caducs.
À qui profite l'achat du fuel ?
Pour le ministre de l'Économie, le rationnement électrique que subit la population libanaise est absurde. Il déplore ainsi que 97,4 % des dépenses en électricité vont à l'achat du fuel tandis qu'il est grand temps d'investir dans la réhabilitation des infrastructures énergétiques. « Ceux qui profitent de l'achat du fuel sont les principaux instigateurs de notre obscurité », a ainsi accusé le ministre de l'Économie. Il a en outre expliqué que selon des experts, il suffirait d'une semaine pour transformer nos centrales électriques pour qu'elles fonctionnent au gaz. « Cela permettrait de baisser les dépenses de 22 cents le kilowatt à 8 cents le kilowatt », a-t-il souligné en précisant que cela aurait également des bénéfices environnementaux. Car, pour le responsable, il faudrait cibler quatre volets essentiels du problème : les profiteurs de l'achat de fuel, la tarification jugée « trop basse », le manque de gestion dans le recrutement, le gaspillage, l'encaissement notamment, et enfin le secteur du remplacement à savoir les moteurs électriques.
Mais tout n'est pas perdu d'avance pour M. Hakim, qui insiste sur la capacité du Liban à « créer un nouvel État ».
Pas de progrès sans président de la République
Alain Hakim insiste sur l'importance de doter l'État libanais d'une gestion adéquate. « Mais rien ne peut être réalisé sans l'élection d'un président de la République », a-t-il insisté. Le vide présidentiel pèse lourdement sur l'économie du pays qui peine à obtenir un niveau de croissance conséquent.
« La priorité des politiques ne doit pas se focaliser uniquement sur les problèmes sécuritaires, mais également sur les moyens de consolider l'économie du pays », conclut le ministre.
À bon entendeur...
commentaires (8)
ET LA BANQUE ? ÇA VA "SA" BANQUE ?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
01 h 33, le 05 septembre 2014