Elle avait épousé Abdo Abi Rached, l'aîné d'une famille éduquée par un père, curé de Wadi Chahrour et son instituteur rigoureux, et plus soudée que les membres d'une tribu.
Seul homme marié de la famille, descendu à Beyrouth à une période où les moyens modestes de communication vous obligeaient à être près de votre lieu de travail, devenu responsable de ses frères par la disparition prématurée de son père, il trouva normal de les accueillir avec son épouse dans leur foyer beyrouthin.
Cette table à manger, dressée entre 12h et 15h, garnie de tous les plats savoureux que tu avais préparés avec amour, je ne l'oublierai jamais. Tu passais en permanence de la cuisine à la salle à manger pour être sûre que les plats étaient bien chauds.
Je garderai en mémoire ton sourire radieux quand les convives, sans avertir de leur venue, étaient nombreux. Même mes enfants en bas âge, que j'amenais te visiter, se rappellent de ton accueil exceptionnellement chaleureux.
Tu as épousé un homme aussi généreux et aimant que toi, mais dans la réalité de tous les jours, tu as eu à t'occuper, pendant 20 ans, avec un sourire serein et sans émettre la moindre plainte, de ta famille formée de cinq enfants et de celle de ton beau-père. Tu en as été récompensée car tu as vu tes enfants, l'un après l'autre, épouser la médecine, adoptée génétiquement comme un sacerdoce, inspirés par leur oncle Jean, devenu le point de mire de la famille.
Cette même humilité souriante, tu l'as gardée durant tes cinq années de purgatoire. Alitée, ne pouvant pas bouger, tu gardais le même sourire en pensant que tu avais à supporter « les petites misères de la vie » comme se plaisait à les décrire le père Charles Chamussy durant ses dernières années.
Lorsqu'on te rendait visite, c'était pour toi l'occasion de demander, de ton lit, que l'on offre tout ce qui te passait par la tête, et je retrouvais, trente ans après, la table dressée avec amour.
Rarement femme aura vécu son christianisme dans cette simplicité et cette humilité qui caractérisent les bienheureux.
Tu nous quittes avec la paix et la sérénité de ceux qui ont accompli leur devoir à la perfection.
La table est levée, repose en paix.
Agenda - Hommage à Odette Abi Rached
Odette, la table est levée
OLJ / Par Jean B. ESTA, le 02 septembre 2014 à 00h00
Elle avait épousé Abdo Abi Rached, l'aîné d'une famille éduquée par un père, curé de Wadi Chahrour et son instituteur rigoureux, et plus soudée que les membres d'une tribu.Seul homme marié de la famille, descendu à Beyrouth à une période où les moyens modestes de communication vous obligeaient à être près de votre lieu de travail, devenu responsable de ses frères par la...
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