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Moyen Orient et Monde - Ukraine

Poutine évoque pour la première fois l’idée d’un « statut étatique » pour l’Est rebelle

L'UE donne une semaine à la Russie pour changer de cap avant de nouvelles sanctions.

Du haut de leur tank, les séparatistes prorusses menacent les forces ukrainiennes, désormais cernées dans la zone entre le fief rebelle de Donetsk et le port de Marioupol. Francisco Leong/AFP

Le président russe Vladimir Poutine a évoqué hier pour la première fois l'idée d'un « statut étatique » pour les régions rebelles de l'Est de l'Ukraine.
« Nous devons commencer immédiatement des discussions substantielles (...) sur des questions touchant à l'organisation politique de la société et à un statut étatique pour le sud-est de l'Ukraine afin de protéger les intérêts légitimes des personnes qui y vivent », a déclaré le président russe dans une interview télévisée. Il s'agit d'un nouvel élément de langage chez l'homme fort de la Russie, qui avait déjà vanté vendredi dernier les succès des séparatistes prorusses dans un message destiné « aux insurgés de Novorossia », la Nouvelle Russie, mot qu'il a utilisé après l'annexion de la Crimée en mars pour désigner plusieurs régions russophones de l'Est et du Sud de l'Ukraine. Jusqu'à présent, la Russie prônait une « fédéralisation » pour les régions séparatistes orientales de Donetsk et de Lougansk.
Peu après la diffusion des propos de M. Poutine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a souligné que le président n'avait jamais évoqué la création d'un État indépendant pour les régions du sud-est du pays. Il s'agit « d'une interprétation absolument fausse », a-t-il estimé, tout en ajoutant que l'Ukraine devait « prendre en compte les intérêts de la Novorossia ».

« Invasion russe directe »
Vladimir Poutine, dont l'interview avait été enregistrée vendredi, n'a pas évoqué la question de la menace de sanctions accrues contre Moscou brandie dans la nuit de samedi à dimanche par les Occidentaux qui accusent la Russie d'engagement militaire en Ukraine, alors que la Russie dément avoir déployé ses forces armées en territoire ukrainien.
Dans ce contexte, l'Ukraine a demandé de « l'aide » et a relancé son projet d'adhésion à l'Otan dont elle attend « des décisions cruciales » au sommet de l'Alliance au Royaume-Uni les 4 et 5 septembre. Le président ukrainien Petro Porochenko doit rencontrer son homologue américain Barack Obama en marge de ce sommet avant d'être reçu le 18 septembre à la Maison-Blanche. Le président américain a d'ailleurs choisi de faire une seule étape avant le sommet, en Estonie, avec un objectif : mettre en garde le président russe Vladimir Poutine contre la tentation de s'en prendre à un pays de l'Alliance, aussi petit soit-il.
Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate Robert Menendez, a estimé pour sa part hier que les États-Unis et l'Otan devraient fournir des armes à l'Ukraine. « Il n'est plus question de rebelles séparatistes qui combattent dans l'Est de l'Ukraine, mais d'une invasion russe directe (...) avec des milliers de soldats, des missiles et des chars », a-t-il affirmé sur CNN depuis Kiev. Réunis samedi d'urgence à Bruxelles, les dirigeants de l'Union européenne ont exigé de la Russie de « retirer toutes ses forces militaires » de l'Ukraine et se sont dit prêts à prendre de « nouvelles mesures significatives » d'ici à une semaine. Ils ont toutefois rejeté l'idée de fournir des armes à Kiev, soutenue notamment par la présidente lituanienne Dalia Grybauskaité, selon laquelle « la Russie est en état de guerre avec l'Ukraine » c'est-à-dire « pratiquement en guerre contre l'Europe ».

Autour de Marioupol
Le conflit dans l'est de l'Ukraine, qui a fait près de 2 600 morts, a franchi une nouvelle étape après des informations diffusées cette semaine sur des incursions de soldats des troupes régulières russes en Ukraine, plus de 1 000 selon l'Otan. Les séparatistes qui ont repris la semaine dernière du terrain semblaient préparer une nouvelle contre-offensive, selon un journaliste de l'AFP. Les forces ukrainiennes semblent désormais être cernées dans la zone entre le fief rebelle de Donetsk, la frontière russe à l'est et le port stratégique de Marioupol au sud sur les bords de la mer d'Azov. Deux navires des gardes-côtes ukrainiens ont fait l'objet de tirs hier près du port que les séparatistes prorusses désignent comme leur prochaine cible. Dans la campagne autour de Marioupol, vers les positions séparatistes à l'est, un journaliste de l'AFP a vu des combattants loyalistes, mais aucun blindé ou matériel. Des blocs de béton ont été placés sur l'une des routes conduisant à la ville, et des tranchées ont été creusées, destinées à gêner une éventuelle incursion des chars des séparatistes prorusses.

Le président russe Vladimir Poutine a évoqué hier pour la première fois l'idée d'un « statut étatique » pour les régions rebelles de l'Est de l'Ukraine.« Nous devons commencer immédiatement des discussions substantielles (...) sur des questions touchant à l'organisation politique de la société et à un statut étatique pour le sud-est de l'Ukraine afin de protéger les intérêts...
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