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Deux des neuf membres du Comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (BoE) ont voté début août pour une hausse de 25 points de base du taux directeur de l'institution, une première en trois ans.
Lors de la réunion des 6 et 7 août, Ian McCafferty et Martin Weale ont opté pour une hausse, alors que les sept autres responsables se prononçaient en faveur d'un statu quo sur ce taux fixé à 0,50 %, ont révélé les minutes de ces discussions diffusées hier. Le Comité a par ailleurs maintenu à l'unanimité le montant total de son programme de rachats d'actifs.
« La plus longue période d'unité de l'histoire du CPM (Comité de politique monétaire) a volé en éclats, les choses vont maintenant commencer à devenir intéressantes », s'est réjouie Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.
Pour MM. McCafferty et Weale, « les conditions économiques étaient suffisantes pour justifier une hausse immédiate du taux d'intérêt ».
Le Royaume-Uni a en effet enregistré une croissance de 0,8 % de son produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre par rapport au précédent où elle avait affiché le même rythme.
Pour eux, « la poursuite d'une baisse rapide du chômage ainsi que des preuves d'un renforcement du marché du travail créaient la perspective d'une accélération de la croissance des salaires », et une hausse de taux était ainsi justifiée afin d'anticiper ce mouvement.
De plus, ils ont estimé que « même après une hausse de 25 points de base du taux directeur, la politique monétaire resterait extrêmement accommodante, et une hausse immédiate faciliterait les aspirations du Comité de ne voir le taux progresser que progressivement ».
La majorité des membres a toutefois jugé qu'il y avait « encore trop peu de peu de preuves de pressions inflationnistes pour justifier une hausse de taux immédiate », citant le fait que l'inflation ne devrait pas se hisser au niveau cible de 2 % avant mi-2017 et que la croissance risquait de ralentir quelque peu à court terme.
L'inflation a d'ailleurs ralenti en juillet au Royaume-Uni, la hausse des prix n'atteignant que 1,6 % sur un an contre 1,9 % en juin, limitant ainsi la nécessité d'une hausse de taux, principale arme monétaire pour lutter contre une inflation jugée élevée.
La livre amorce un rebond
De plus, selon des chiffres publiés la semaine dernière dans le rapport trimestriel de l'institution présentant ses prévisions pour l'inflation et la croissance, la hausse des salaires en 2014 ne devrait atteindre que 1,25 % contre 2,5 % estimé trois mois auparavant.
L'abaissement de cette prévision avait d'ailleurs jeté un certain froid sur les marchés la semaine dernière, en tempérant les attentes d'un resserrement monétaire anticipé.
Le gouverneur de la « veille dame » de Threadneedle Street, comme est surnommée l'institution, le Canadien Mark Carney, a néanmoins précisé depuis que la BoE n'attendrait pas nécessairement une accélération de la hausse des salaires pour élever son taux directeur, dans une interview au journal Sunday Times.
Mais, dans l'ensemble, « MM. Weale et McCafferty devraient rester dans la minorité pendant un certain temps », a estimé James Knightley, économiste chez ING, impliquant que la hausse de taux attendue ne devrait pas intervenir avant février 2015, et non novembre 2014 comme quelques observateurs le prévoient encore.
L'apparition d'une dissension haussière sur les taux a tout de même permis à la livre britannique d'amorcer un rebond face au dollar, après être tombée avant la publication des minutes à 1,6602 dollar pour une livre, son niveau le plus faible depuis début avril.
Le taux directeur de l'institution est figé au niveau exceptionnellement bas de 0,50 % depuis mars 2009, période au cours de laquelle l'économie britannique était en profonde récession, et n'a pas connu de hausse depuis 2007.
Le programme de rachats d'actifs de l'institution, dit d'« assouplissement quantitatif », a été lancé en mars 2009 et son montant relevé progressivement pour atteindre 375 milliards de livres (468 milliards d'euros) en juillet 2012.