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Erdogan président... et maintenant, la Turquie vers où ?

« Ce qu’on a vu dans l’histoire politique récente, c’est que le temps est contre lui  »

Bayram Balci note en premier qu'une fois président, Erdogan devra tenir les promesses qu'il a faites aux Kurdes, à qui il doit une partie de ses voix. « Et les Kurdes ne vont pas s'arrêter cette fois à des droits politiques et culturels mais risquent même de demander une certaine autonomie », ajoute l'expert.
Erdogan devra également faire des compromis vis-à-vis de l'opposition séculaire et libérale. « Cela n'est pas un vrai défi, sachant qu'Erdogan a le soutien des Anatoliens, mais la polarisation de la société et de la rue turques pourra toujours le faire céder. »
Enfin, M. Balci rappelle à nouveau qu'Erdogan doit sa popularité à l'économie prospère de ses dix années au pouvoir. La croissance turque a été de 5 % en moyenne depuis 2003 et l'inflation est revenue à 9,32 % en juin contre plus de 30 %. Erdogan a également permis l'émergence d'une clase moyenne turque et le développement d'infrastructures importantes. Outre les ingérences du gouvernement dans la politique monétaire, et la perspective que la Turquie prenne un tournant autoritaire sous la présidence Erdogan, les investisseurs, de leur coté, s'inquiètent des répercussions de la situation en Syrie et en Irak sur l'économie turque. D'après notre expert, « les tensions de la région peuvent avoir un impact sur l 'économie turque. Si c'est le cas, c'est le début de la fin pour Erdogan ».
Mais connaissant l'homme fier et charismatique à la tête de la Turquie depuis 10 ans déjà, il faut comprendre le scepticisme de certains quant au vrai but de cette élection. En effet, c'est en toute ambiguïté qu'Erdogan veut être président aujourd'hui. Déjà, M. Balci insiste pour dire que même s'il s'agit pour la première fois d'un vote au suffrage universel direct, le président en Turquie n'a pas tous les pouvoirs. Cependant, c'est bien à cela qu'aspire Erdogan.
« Ce qu'on a vu dans l'histoire politique récente de la Turquie, c'est que le temps est contre Erdogan. Nous avons des exemples d'anciens leaders très puissants : Sezer et Demirel, qui ont tous les deux décidé de devenir présidents, mais autant qu'ils aient envie de garder leur influence sur leur parti, ils l'ont quand même perdu essentiellement parce que la constitution stipule que le président doit être impartial et qu'il doit donc démissionner de son parti. Cela mine graduellement l'influence politique que le nouveau président a avec son parti », explique Sinan Ülgen
Étant parfaitement conscient de cette situation, « Erdogan va essayer d'élargir les limites de la Constitution et essayer de conserver ou maintenir son influence sur son parti. La question intéressante serait de savoir ce qu'il va faire pour aider l'AKP dans sa campagne pour les élections parlementaires de 2015... », souligne le diplomate, sûr qu'Erdogan ne restera pas aussi neutre que le stipule la Constitution. « Erdogan ne compte pas être un président décontracté. Il va utiliser chaque compétence qui lui est donnée et même plus. En d'autres termes, il veut continuer d'être inclus dans la gestion du pays donc être en quelque sorte président et Premier ministre en même temps. Pour faire cela, il va avoir besoin d'un remplaçant loyal à la tête de l'État. Son second but est d'avoir une majorité parlementaire assez large après les élections de 2015 pour aboutir à un changement constitutionnel officialisant ainsi le régime présidentiel », conclut M. Ülgen.

Bayram Balci note en premier qu'une fois président, Erdogan devra tenir les promesses qu'il a faites aux Kurdes, à qui il doit une partie de ses voix. « Et les Kurdes ne vont pas s'arrêter cette fois à des droits politiques et culturels mais risquent même de demander une certaine autonomie », ajoute l'expert.Erdogan devra également faire des compromis vis-à-vis de l'opposition...

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