Le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, a mis les enseignants en grève devant le fait accompli. Lors d'une conférence de presse attendue, il a enclenché hier le processus de distribution des attestations aux bacheliers ayant présenté les examens officiels, qui devrait débuter mardi prochain. Mais il a gardé la porte ouverte pour un compromis de dernière minute, invitant le Comité de coordination syndical mené par Hanna Gharib à mettre fin à la grève et à commencer les corrections des examens officiels, dès mardi. Pour ce faire, il a tablé sur la fibre patriotique des enseignants. Non seulement, a-t-il salué l'armée qui n'a pas hésité à faire son devoir à Ersal et qui s'est sacrifiée pour le Liban, mais il a soutenu que la troupe n'a pas fait la grève, et pourtant elle est aussi concernée par l'échelle des salaires que les enseignants.
M. Bou Saab a donc invité les enseignants grévistes à faire leur devoir, à l'instar de l'armée, tout en réitérant l'engagement du président du Parlement, Nabih Berry, pour que la grille des salaires figure en tête de l'ordre du jour de la prochaine séance législative. « La promesse a permis de débloquer la situation, a-t-il assuré. Mais la séance ne devrait pas avoir lieu avant trois semaines, dans le meilleur des cas, à moins d'un miracle. »
« Distribuer des attestations n'est pas une bonne solution », a reconnu le ministre de l'Éducation. « Elle est même mauvaise, mais c'est la moins mauvaise, a-t-il assuré, affirmant avoir entendu les revendications des bacheliers et de leurs parents. C'est mieux que de ne rien faire. Nous y aurons donc recours si nous n'avons pas le choix. » Expliquant la procédure, M. Bou Saab a indiqué que la distribution des attestations ne sera effective qu'à partir de mardi prochain. « La procédure prendra 24 heures », a-t-il précisé.
C'est face au refus à l'unanimité des représentants éducatifs des partis politiques de considérer les attestations comme la solution définitive, que le ministre a décidé d'inviter les enseignants à mettre fin à leur mouvement de grève, à accomplir leur devoir et à commencer la correction des épreuves. Parmi les partis politiques qui ont refusé le principe des attestations, figurent les partis Kataëb, Amal, PSNS, FL, CPL, la Gauche démocratique ainsi que le courant du Futur. Quant au Hezbollah, il ne s'est prononcé ni pour ni contre, mais a opté pour une position neutre, a-t-il précisé.
Lundi soir, à partir de 17 heures, à l'issue d'une dernière réunion avec le Comité de coordination syndical, Élias Bou Saab devrait annoncer sa décision finale, autrement dit, la distribution des attestations, ou alors, le début des corrections. Que l'une ou l'autre des solutions soit adoptée et mise en place dès mardi prochain, « il n'y a pas d'alternative à l'adoption de la nouvelle échelle des salaires », a-t-il martelé. Mais au fond de lui, le ministre se dit optimiste. « Je pense que les enseignants prendront la décision de corriger les examens », a-t-il conclu.