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Moyen Orient et Monde - Commémoration

« Le génocide arménien continue tant que la politique de déni se poursuit »

Les condoléances de la Turquie ne satisfont pas l'Arménie : Erevan exige le « repentir » et la « reconnaissance » d'Ankara pour le massacre de 1915.

Erevan commémorait hier le génocide perpétré il y a 99 ans sous l’empire ottoman. Hayk Baghdasaryan / Reuters / Photolure

L'Arménie, qui commémorait hier le génocide perpétré il y a 99 ans sous l'Empire ottoman, a rejeté les condoléances présentées par la Turquie dans un geste inédit. La veille en effet, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fait un geste inattendu en présentant les condoléances de la Turquie « aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915 » lors des massacres visant cette communauté sous l'Empire ottoman. C'est la première fois que le chef du gouvernement turc s'est exprimé aussi ouvertement sur ce drame survenu entre 1915 et 1917. Rappelons que le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu avait déjà fait un pas lors d'une visite à Erevan il y a quelques mois, en qualifiant les faits de « tragédie inhumaine ».


Sans interpeller directement son allié turc au sein de l'OTAN, et sans utiliser le mot « génocide », le président américain Barack Obama a appelé de son côté à une « reconnaissance pleine, franche et juste des faits », dans un communiqué. Le département d'État a cependant qualifié les condoléances turques d'« historiques », estimant qu'elles étaient « une étape positive » pour ouvrir la voie à une normalisation entre l'Arménie et la Turquie.
Les condoléances du PM turc constituent « une évolution » mais ne sont pas suffisantes, a estimé pour sa part le président français François Hollande. « C'est un mot qu'il faut entendre mais qui ne peut pas encore suffire », a-t-il déclaré à l'occasion des commémorations du génocide à Paris. « Ce qui doit être dit, c'est ce qui s'est produit, même s'il y a là une évolution » de la part de la Turquie, a ajouté le chef de l'État. Quant au chanteur français d'origine arménienne Charles Aznavour, il a pour sa part relevé que le terme de « condoléances » devait être lu « non comme une reconnaissance et encore moins comme une présentation d'excuses » pour le génocide.

 

 


Mais pour le président arménien, le génocide « continue tant que le successeur de la Turquie ottomane poursuit sa politique de déni total. Seule la reconnaissance et la condamnation (du génocide) peuvent empêcher la répétition d'un tel crime à l'avenir », a ajouté Serge Sarkissian dans un communiqué. Le président arménien a également appelé la Turquie, sans évoquer explicitement la déclaration de M. Erdogan la veille, à aller beaucoup plus loin. « Nous approchons du 100e anniversaire du génocide arménien. Cela peut donner à la Turquie une bonne chance de se repentir et de se libérer de cette lourde charge », a-t-il déclaré. Il a cependant souligné qu'au-delà des mots, l'Arménie attendait « des avancées réelles : l'ouverture des frontières et l'établissement de relations normales ».
Le 24 avril 1915 le gouvernement Jeunes Turcs ordonnait la déportation vers la province ottomane de Syrie de centaines de milliers d'arméniens accusés de collaborer avec l'ennemi russe. Cette journée est commémorée dans le monde entier par la diaspora arménienne. Selon les Arméniens, 1,5 million des leurs furent tués lors des persécutions et déportations. La Turquie reconnaît des massacres qui ont coûté la vie à 300 000 personnes, tout en refusant le caractère génocidaire des événements reconnu par de nombreux pays, dont la France.

 

Démarche « historique »
Les intellectuels turcs, qui ont réservé un accueil mitigé au message de M. Erdogan, y ont vu une volonté d'atténuer les critiques qui risquent de s'abattre sur la Turquie à l'occasion du centenaire en 2015. La presse turque a, elle, salué une démarche « historique » du régime islamo-conservateur à l'heure où son image internationale a été fortement ternie à cause de la répression des manifestations de l'été dernier et des accusations de corruption touchant M. Erdogan. « Ce sont les mots les plus explicites que peut prononcer à ce stade un Premier ministre turc », s'est félicité un éditorialiste du journal Hürriyet. Depuis quelques années, le génocide n'est plus un tabou en Turquie qui a ouvert ses archives aux historiens. Le débat s'est invité sur les plateaux des émissions de télévision et dans les milieux académiques. Des commémorations sont aussi organisées depuis 2010 à Istanbul, ancienne Constantinople, capitale ottomane. Des membres de la communauté arménienne se sont également rassemblés à Jérusalem, pour commémorer le génocide et réclamer sa reconnaissance.

 

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commentaires (2)

IL LUI MANQUE LES : SMALLAH ! POUR L'APOLOGIE...

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 53, le 25 avril 2014

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Commentaires (2)

  • IL LUI MANQUE LES : SMALLAH ! POUR L'APOLOGIE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 53, le 25 avril 2014

  • La conquête islamique n'a fait qu'apporter des malheurs aux chrétiens et autres minorités du M.O ...faudra un jour que des hommes courageux aient le courage de proclamer haut et fort cette vérité historique...et proposer des moyens modernes pour la restaurer ...

    M.V.

    10 h 51, le 25 avril 2014

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