Rechercher
Rechercher

Économie - Conjoncture

L’Ukraine menacée de récession

L'Ukraine, déjà amputée d'une partie de son territoire, était confrontée hier à la perspective d'une forte récession après l'augmentation-sanction de 80 % du prix de ses achats de gaz par son voisin russe.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, le charbon couvre actuellement 3 % des besoins énergétiques du pays, contre 40 % pour le gaz. Photo Bistockphoto.com

En 72 heures, Moscou a fait passer les 1 000 mètres cubes de gaz livrés à l'Ukraine de 268 à 485 dollars, l'un des prix les plus élevés pratiqués en Europe. Une rétorsion de plus après le renversement du régime prorusse de Viktor Ianoukovitch par des manifestants proeuropéens fin février. Le Premier ministre ukrainien par intérim, Arseni Iatseniouk, a dénoncé une décision « visant à miner les bases économiques et sociales du pays ».
Déjà secouée par l'instabilité politique, l'ancienne république soviétique va se trouver plongée dans la récession, avec une chute du produit intérieur brut (PIB) de 3 % et une dette en hausse de 5 points à 86 % du PIB en 2014, a estimé hier la Banque mondiale (BM).
« Certaines branches de l'économie seront à la limite de la survie », avertit Dmytro Marunych, expert du secteur énergétique, interrogé par l'AFP. Il cite l'industrie chimique – notamment les engrais – grande consommatrice de gaz, ou la métallurgie, dont les coûts de production pourraient augmenter de 15 %, leur faisant perdre toute compétitivité.
Pour la population, une hausse de 50 % est annoncée le 1er mai pour le gaz, suivie d'une autre de 40 % à partir de juillet pour le chauffage urbain, qui va d'ailleurs être éteint cette fin de semaine à la faveur du printemps.
Aussi, Kiev doit chercher des alternatives. M. Iatseniouk a évoqué la possibilité de négociations avec ses partenaires européens pour rétrocéder à l'Ukraine une partie du gaz qu'ils reçoivent à des prix inférieurs à ceux qui sont désormais facturés Kiev. Mais la Russie risque de ne pas apprécier un tel arrangement, relançant les craintes d'une « guerre du gaz » à l'échelle continentale, alors que l'Europe reste encore très dépendante des approvisionnements russes, dont une grande partie transite par les gazoducs ukrainiens.
Le ministre ukrainien de l'Énergie, Iouri Prodan, a estimé que le pays devrait en 2014 « utiliser au maximum du charbon produit nationalement plutôt que du gaz ». Selon l'Agence internationale de l'énergie, le charbon couvre actuellement 3 % des besoins énergétiques du pays, contre 40 % pour le gaz.
Quelle que soit la solution, Kiev va devoir mettre de l'ordre dans son secteur gazier, qui, selon Qimiao Fan, responsable de la BM pour le pays, « a été la principale source de corruption en Ukraine ces 20 dernières années ». L'économiste souligne avec ironie « qu'il y a très peu de compagnies gazières dans le monde qui sont en déficit et, malheureusement, l'ukrainienne est l'une d'elles ».
Les nouvelles autorités, se retrouvant à la tête d'un pays au bord de l'asphyxie financière, se sont engagées à mener d'importantes réformes structurelles pour décrocher la semaine dernière un préaccord du Fonds monétaire international (FMI), pour un plan d'aide qui pourrait se monter à 18 milliards de dollars sur deux ans. Des réformes qui « seront impopulaires » et vont « se heurter à des intérêts puissants », a averti M. Fan.

En 72 heures, Moscou a fait passer les 1 000 mètres cubes de gaz livrés à l'Ukraine de 268 à 485 dollars, l'un des prix les plus élevés pratiqués en Europe. Une rétorsion de plus après le renversement du régime prorusse de Viktor Ianoukovitch par des manifestants proeuropéens fin février. Le Premier ministre ukrainien par intérim, Arseni Iatseniouk, a dénoncé une décision...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut