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Moyen Orient et Monde - Crise

L’Ukraine se retire de la CEI

Kiev instaure des visas pour les Russes ; les dirigeants occidentaux réfléchissent à la manière adéquate de sanctionner Moscou.

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni hier pour la huitième fois depuis le début de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Shannon Stapleton/Reuters

Dans une nouvelle réplique au rattachement de la Crimée à la Russie, Kiev a décidé hier d'introduire les visas pour les Russes et de sortir de la Communauté des États indépendants (CEI) regroupant onze ex-républiques soviétiques.
Ces informations ont été données par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andriï Paroubiï. La sortie de la CEI a une importance avant tout symbolique, mais elle signifie aussi que l'Ukraine, grand pays industriel et agricole, s'éloigne encore plus de la zone d'influence russe. En revanche, l'instauration de visas risque – surtout si Moscou répond du tac au tac – de gêner des centaines de milliers d'Ukrainiens qui ont des proches ou vont travailler en Russie.
Par ailleurs, les autorités de Kiev, qui ne reconnaissent pas ce qu'elles qualifient d'annexion, ont tenté hier d'envoyer en Crimée deux ministres, dont celui de la Défense, qui se sont heurtés à une fin de non-recevoir des nouvelles autorités de la Crimée.

 

Bases militaires occupées
Simultanément, dans un climat de tension croissante, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a finalement appelé hier soir les dirigeants de la Crimée à libérer le chef de la marine ukrainienne arrêté en journée, le contre-amiral Serguiï Gaïdouk, et de ne pas empêcher son départ pour l'Ukraine. La libération de l'officier avait été demandée aussi par Kiev qui avait lancé un « ultimatum de trois heures » aux autorités de la Crimée. Les bases militaires ukrainiennes en Crimée sont encerclées depuis plusieurs semaines par les forces russes et prorusses, mais l'Ukraine prépare un plan d'évacuation des militaires et de leurs familles, selon M. Paroubii.


La journée a d'ailleurs été marquée par l'occupation sans violence du QG naval. Des reporters de l'AFP ont vu les soldats ukrainiens quitter le bâtiment. Un des hommes avait des larmes aux yeux, tandis que le drapeau russe a remplacé le drapeau ukrainien qui flottait habituellement sur le quartier général. Quelques heures plus tard, on apprenait que les forces prorusses avaient enfoncé avec un tracteur la porte de la base sud de la marine ukrainienne à Novoozerne, dans l'ouest de la péninsule, pour en prendre le contrôle. Le commandant adjoint de la base a déclaré par téléphone que les hommes des milices prorusses étaient entrés les premiers, précédés par un groupe de femmes et d'enfants. Les soldats russes sont arrivés derrière eux.


À ce sujet, le gouvernement de Kiev a donné l'ordre à ses militaires de rester en Crimée, autorisant officiellement ses soldats encore dans la péninsule à prendre les armes pour se défendre. Les États-Unis ont de leur côté appelé Moscou hier à dialoguer avec Kiev concernant les bases ukrainiennes occupées par les forces russes en Crimée et affirmé que la Russie serait responsable de tout incident provoqué par ses troupes ou ses alliés.


Dans ce contexte de tension extrême, le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen, qui redoute une intervention de Moscou dans l'est de l'Ukraine, a affirmé hier que le rattachement de la Crimée à la Russie constitue la « plus grave » menace pour la stabilité de l'Europe depuis la guerre froide. « Cela constitue un signal d'alarme pour la communauté euro-atlantique, pour l'OTAN et pour tous ceux qui sont engagés dans la défense d'une Europe entière, libre et en paix », a-t-il déclaré. « Nous avons connu d'autres crises en Europe ces dernières années : les Balkans dans les années 90, la Géorgie en 2008. Mais il s'agit là de la plus grave menace à la sécurité et à la stabilité de l'Europe depuis la fin de la guerre froide », a-t-il estimé, soulignant que cela s'était passé à « la frontière même de l'OTAN ».


De même, le vice-président américain Joe Biden s'est rendu à Varsovie et à Vilnius ces derniers jours. Il a réaffirmé l'engagement américain à « l'autodéfense mutuelle, défini par l'article 5 de l'OTAN », et a ajouté que les États-Unis pourraient envoyer des troupes selon un système rotatif dans les pays baltes pour rassurer ces anciennes républiques soviétiques inquiètes par l'incorporation de la Crimée à la Russie. Cependant, tout en resserrant l'étau autour de la Russie, M. Obama ne peut se permettre de prendre des mesures trop extrêmes, Russie et États-Unis possédant à eux deux 90 % des armes nucléaires de la planète.

 

(Lire aussi: Les Tatars de la péninsule, entre bravades et inquiétude)

 

G7 : exclure la Russie ?
Sur le plan international, les dirigeants européens, qui se réunissent aujourd'hui et demain à Bruxelles, vont chercher à s'entendre sur une riposte crédible à Moscou, mais sans aller jusqu'à des sanctions économiques qui porteraient aussi atteinte à leurs intérêts. Le G7, dont les dirigeants sont convoqués lundi à La Haye, devraient ainsi discuter « de l'exclusion permanente de la Russie » des rangs du G8, a déclaré hier le Premier ministre britannique David Cameron.


Le Premier ministre s'est par ailleurs entretenu au téléphone dans l'après-midi avec la chancelière allemande Angela Merkel sur le sujet, selon Downing Street. Cet appel téléphonique a eu lieu quelques heures après que Berlin eut jugé le commerce d'armes avec la Russie actuellement « indéfendable ». Un vaste projet d'équipements conclu entre le groupe de défense Rheinmetall et la Russie a également été suspendu, a affirmé hier le ministre de l'Économie et vice-chancelier, Sigmar Gabriel. Le groupe allemand de défense Rheinmetall avait signé un accord avec les autorités russes prévoyant la construction d'un centre de formation et d'entraînement en Russie. Selon le quotidien allemand Die Welt, ce contrat porterait sur près de 100 millions d'euros.

 

(Reportage : « Nous sommes prisonniers de cette situation politique davantage que de ce port »)


Toujours sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon sera aujourd'hui à Moscou où il rencontrera le président Poutine puis se rendra demain à Kiev, a annoncé hier l'ONU. Cette visite impromptue « fait partie de ses efforts diplomatiques pour encourager toutes les parties à résoudre la crise actuelle de manière pacifique », ajoute l'ONU dans un communiqué.


En attendant, l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a affirmé hier que Washington « était prêt à prendre des mesures supplémentaires si la Russie poursuivait son agression ou ses provocations ». Washington a déjà imposé des sanctions contre quelques dirigeants russes, mais le levier économique des États-Unis sur la Russie est limité. À ce titre, les Européens, avec leurs accords commerciaux et énergétiques avec Moscou, ont beaucoup plus d'arguments à faire valoir. Jusqu'à présent, les États-Unis ont concentré leurs sanctions contre des individus, pas sur l'économie russe au sens large. Ils doivent à présent étudier la possibilité d'imposer des sanctions bancaires du même type que celles qui ont affaibli l'Iran. De telles mesures, ou même seulement la menace d'appliquer de telles restrictions, pourraient plomber la confiance dans l'économie russe et poser un vrai problème à Vladimir Poutine.


Enfin, à côté de ces sanctions contre la Russie, les États-Unis et leurs alliés vont devoir venir en aide à l'Ukraine au niveau économique. Le président américain a demandé au Congrès d'accepter une garantie de prêt à hauteur de 1 milliard de dollars et demandera à ses alliés la semaine prochaine de faire plus pour aider l'Ukraine à passer ce cap difficile. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) seront aussi mis à contribution, mais la facture est élevée, le pays ayant besoin de 25 milliards d'euros sur deux ans.

 

Repère
Crimée : la porte des mers chaudes convoitée par Moscou

 

Dans une nouvelle réplique au rattachement de la Crimée à la Russie, Kiev a décidé hier d'introduire les visas pour les Russes et de sortir de la Communauté des États indépendants (CEI) regroupant onze ex-républiques soviétiques.Ces informations ont été données par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andriï Paroubiï. La sortie de la CEI a une...
commentaires (2)

Avec ses clics et ses claques , elle laisse le bon pour la Russie nvll puiss mondiale , et emporte avec elle ses misères que l'occicon ne pourra pas payer, de toute façon !

FRIK-A-FRAK

13 h 29, le 20 mars 2014

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Commentaires (2)

  • Avec ses clics et ses claques , elle laisse le bon pour la Russie nvll puiss mondiale , et emporte avec elle ses misères que l'occicon ne pourra pas payer, de toute façon !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 29, le 20 mars 2014

  • Il suffirait que l'UE annonce ne fut-ce qu'elle diminuerait éventuellement ses importations de gaz russe, pour que ce Gnome et Nain.... "fasse" dans son froc !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 36, le 20 mars 2014

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