Habib Tabet vu par Georges Schéhadé.
Le Dr Habib Tabet, qui vient de publier un remarquable ouvrage en langue arabe intitulé Beauté et Santé, est en même temps un des poètes les plus brillants de la jeune littérature orientale.
Nous avons demandé à M. Georges Schéhadé de bien vouloir le présenter aux lecteurs de L'Orient :
Habib Tabet est poète par mégarde comme d'autres sont russes. Il a le crâne myope, la cravate en pierre de taille. Son rire est une distribution de billes. À Paris, il fréquenta les microbes et des gardes-malades qui ont la croix rouge sur la bouche.
Je l'ai vu la première fois à plat ventre, un canari sur le front, en train de souder deux rimes au microscope. Des coqs armés de bâtons gardaient la fenêtre. Son art serait une analyse logique pleine de caca d'oiseaux, une insolation de neige.
Qu'il veuille brouter les aisselles à son amoureuse qui a des dents de dragées, chanter les bananes du wadi aux pelures plus douces que les chewing-gums ou calculer la vitesse du squelette, Habib Tabet est avant tout un lyrique (...) Jusqu'à aujourd'hui, son œuvre est une vitrine tendue de réclame. Il ne manque que le fauteuil de dentiste.
Je lui souhaite un poste de machiniste dans un décor de cornues célestes et de billets de tramway avec un fauteuil d'orchestre gratuit au cinéma. Serre-moi la main, mon cher Habib, devant un public pessimiste.
Georges Schéhadé