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Mode - Défilés parisiens

Rabih Kayrouz orientaliste

Modèles de la collection prêt-à-porter maison Rabih Kayrouz automne-hiver 2014-2015.

C'est le 2 mars, lors des défilés parisiens des collections prêt-à-porter automne-hiver 2014-2015, que Rabih Kayrouz a présenté, au Palais de Tokyo, sa vision « mi-Barbès mi-Batroun » de cette future saison. Le couturier libanais, l'un des chefs de file de cette Y génération qui a fait son apprentissage dans les grandes capitales pendant la guerre avant de revenir à Beyrouth assoiffée de racines et bourrée d'idées et de talent, annonce la couleur : or.
L'or comme fil rouge d'une collection génétiquement orientale. Or des souliers, omniprésent, et or des brocards. La trouvaille : un étonnant tissu qui évoque le métal vieilli sur lequel se détachent des roses rouges avec leurs feuilles. Un de ces tissus dont, dans les villages de la montagne libanaise, on ornerait un reposoir de carême ou taillerait un manteau pour la statue de la Vierge. Les femmes de Kayrouz sont ainsi, à dorer et à adorer. Elles viennent d'un Orient méditerranéen, un rien sulfureux, où l'on allait à la fontaine parée de ses plus beaux atours, sachant que dans quelque coin d'ombre il y a toujours un regard admiratif qui guette. Mais la culture du couturier est profondément fusionnelle. Son Orient à lui est aussi parisien, lui qui a fait son apprentissage dans les ateliers des plus grands de la capitale française, notamment chez Dior sous la houlette de « l'Architetto » Gianfranco Ferre. Et l'Orient de Paris, comme chacun sait, c'est Barbès où l'on sort du hammam fraîche et douce, enroulée dans une serviette ou enveloppée de mystère, sous le capuchon pointu d'un burnous que l'on laisse ensuite retomber sur les épaules en un geste d'abandon extrêmement sensuel. Batroun, ville côtière, l'une des plus anciennes du monde habité, a longtemps été pour Rabih Kayrouz un port d'attache. À la veille de la quitter, cette collection est aussi une manière de dernier hommage aux rutilances du soleil sur la peau de l'eau, avec ses déclinaisons de l'or au cuivre au fil des saisons et des journées.
À l'arrivée, toutes ces couleurs, ces odeurs, ces lumières et ces sonorités se croisent et s'emmêlent dans une collection où le créateur célèbre le métissage. Lui qui a toujours rêvé de cette robe absolue qui ne tient qu'à un fil, emprunte au mouvement de la serviette qu'on enroule à la sortie du bain le drapé d'une robe en soyeux madras blanc et noir. Le burnous se déguise en manteau et le tour est joué. L'ensemble suggère un je ne sais quoi d'exotique tout en restant clairement continental. La femme qu'il crée, on ne la croisera jamais faisant son marché quotidien dans un souk de Marrakech ou du Caire. Mais elle fera irrésistiblement penser à un portrait orientaliste. N'est-ce pas ainsi, après tout, que l'on définit ces grands romantiques rongés de nostalgie dès lors qu'ils quittent ces rivages et n'ont de cesse, par la suite, de les célébrer nimbés de lumières douces et camaïeux poudrés ?
F. A. D.

C'est le 2 mars, lors des défilés parisiens des collections prêt-à-porter automne-hiver 2014-2015, que Rabih Kayrouz a présenté, au Palais de Tokyo, sa vision « mi-Barbès mi-Batroun » de cette future saison. Le couturier libanais, l'un des chefs de file de cette Y génération qui a fait son apprentissage dans les grandes capitales pendant la guerre avant de revenir à...

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